Dès fin août, le personnel retraité de l’Université du Burundi passera son 2e mois sans percevoir sa pension complémentaire. Pour les trois syndicats de l’UB, c’est une mesure à revoir pour prévenir des dysfonctionnements au sein de cette institution.
Incompréhension, consternation… entre autres mots pour résumer le ras-le-bol des retraités de l’UB. A leur grande surprise, et ce sans aucune explication ni notification officielles, le ministère des Finances a décidé de geler leur pension complémentaire.
«Une décision unilatérale. Parce qu’en tant que partie prenante de la convention collective à l’origine de la révision de nos statuts, préalablement, il aurait dû nous avoir informé en bonne et due forme », clame un professeur à la retraite sous couvert d’anonymat.
Comme motif, le ministère des Finances brandirait l’article 35 de la loi budgétaire 2020-2021. Il concerne le gel des annales ainsi que les primes de fidélité et toute autre prime, quelle que soit sa nature.
Mais, pour le Professeur Siméon Barumwete, président du syndicat du personnel enseignant de l’UB, c’est un non-sens. « Parce que l’allocation à la retraite et la pension complémentaire ne sont pas concernées par le gel financier évoqué par le ministère de tutelle ».
Cet universitaire souligne qu’elles ne sont ni des primes ni des indemnités ou des annales. Il explique qu’il s’agit plutôt d’un substitut de la rémunération auquel le travailleur avait droit en période normale d’activité. Pour preuve, explique-t-il, les professeurs retraités continuent à enseigner et à participer dans les recherches organisées à l’UB.
D’après M. Barumwete, en plus d’aller à l’encontre de l’exécution des accords antérieurement conclus avec le gouvernement, cette mesure remet en cause la volonté du président de la République de réserver un meilleur traitement aux retraités. Un vœu émis lors de son investiture.
Subvenant aux besoins de leurs familles grâce à cette pension, c’est la désolation totale pour certains retraités. «Avec les engagements, les dettes contractées ici et là et la cherté de la vie. Je vous dis que d’ici peu, on court au désastre », confesse un ancien technicien de la Régie des Œuvres Universitaires. D’après lui, si rien n’est fait dans l’immédiat, il ne sait pas comment il pourvoira aux besoins de sa famille.
Une mesure dangereuse pour l’UB
Face à cette situation, les trois syndicats ont saisi leur ministère de tutelle. Via une correspondance, ils protestent contre cette violation des statuts de son personnel, et noir sur blanc préviennent des risques que court l’UB si le ministère campe sur sa décision. « Au moment où l’Université du Burundi est en train de se normaliser, les enseignants de retour en masse de leurs études parce qu’ils espèrent y mener leur carrière, une telle mesure ne fait que saboter les efforts déjà entrepris pour redorer le blason de cette institution».
En pleine conduite de nouveaux chantiers, entre autres, la mise en œuvre effective de la réforme BMD et surtout la décentralisation de l’Université du Burundi (création des campus Nyamugerera dans la province Bubanza, du campus Buhumuza dans la province Cankuzo et prochainement dans les autres provinces), ils redoutent un départ massif des professeurs « seniors ».
«Déjà, les enseignants burundais sont de loin les moins payés dans cette sous -région. On voit mal comment l’école Doctorale et les mastères pourraient continuer à fonctionner sans les professeurs ordinaires émérites », préviennent-ils. Au risque d’empiéter sur leur principale mission qu’est la préparation de la relève académique, ils demandent au ministère des Finances de lever cette suspension.
Joint plus d’une fois par téléphone, le porte-parole du ministère des Finances n’a pas voulu réagir.
Signalons que le personnel à la retraite, depuis mai 2019, n’a pas encore perçu son allocation à la retraite.