A mi-parcours de son mandat, certaines organisations des victimes de guerre accusent la Commission vérité réconciliation (CVR) d’être lente, incompétente et incomplète. Rencontre avec son président, Mgr Jean Louis Nahimana.
Que répondez-vous à ceux qui disent que vous ne remplissez pas convenablement votre mission ?
Je ne sais pas sur quel critère ils se basent pour nous juger. Il y a de quoi se poser des questions sur nos détracteurs. Nous traitons des dossiers sensibles où nous risquons de blesser des gens. Moi, je préfère être critiqué que de blesser les victimes et communiquer ce qui est essentiel au moment propice. On a beaucoup à faire et je pense que trop de communications tuent la communication.Certaines organisations de la société civile comprennent majoritairement des victimes pouvant mélanger la passion et les émotions.
Dans notre travail, il faut avoir du sang-froid et ne pas mélanger l’état d’âme et nos missions. Des défis existent mais je considère notre travail comme un concert de musique où on trouve plusieurs voix. Chacun est appelé à jouer son rôle.
Nous sommes confiants que nous allons atteindre les résultats attendus. Il y en a qui voulaient qu’on travaille selon leur orientation. Personne ne pourra faire pression sur moi qui qu’il soit. Et d’ailleurs, nous sommes vaccinés pour ça. Ce que nous n’avons pas encore fait, c’est par manque de moyens. Mais s’il faut juger la responsabilité des uns et des autres, qu’ils attendent la fin du processus.
Quel bilan faites-vous deux ans après le début de vos travaux ?
Par rapport à notre plan stratégique, nous avons déjà fait beaucoup de choses. Nous sommes déjà dans la phase de déposition qui constitue la base même de notre travail. Il faut d’abord constituer une base de données. Nous voulons travailler à partir des faits réels, car par rapport à notre passé douloureux, chacun a des idéologies et cherche à tirer de son côté.
Nous avons alors décidé d’abord de faire le constat, de savoir ce qui s’est passé réellement. Et cela indépendamment de l’ethnie des victimes. Aujourd’hui, nous sommes en train de rassembler les données et la loi ne nous demande pas d’être exhaustifs. Ce qui nous intéresse, c’est de reproduire la photo, avoir un échantillon à partir duquel les spécialistes vont nous aider à comprendre ce passé.
Nous essayons de créer un espace, aux victimes, aux témoins, pour qu’ils viennent nous faire le récit de leur souffrance.
N’ayant pas suffisamment assez de moyens, nous avons décidé de commencer ce travail nous-mêmes, province par province. Jusqu’en décembre, nous avons travaillé dans la mairie de Bujumbura.
Quelle est la situation en Mairie de Bujumbura ?
Nous nous sommes divisés en trois équipes, conformément aux trois communes. Les gens ne répondent pas au même rythme. Ce qui se comprend parce que tous les quartiers n’ont pas souffert de la même façon. Une grande affluence s’observe à Muha. On a déjà plus de 200 dépositions tandis qu’à Ntahangwa, nous avons déjà enregistré plus de 100 dépositions. A Mukaza, il y a une faible affluence, à l’exception de Buyenzi où il existerait trois fosses communes.
De notre côté, nous sommes tranquilles à voir le temps qui nous reste. Nous comptons avec cette année, organiser le travail avec le concours des organisations de la société civile. Car c’est un travail de tous les Burundais et pas l’apanage des seuls onze commissaires. Par ailleurs, une plateforme de la société civile est déjà mise en place.
Quels sont les défis rencontrés ?
Beaucoup. La loi prévoyait onze membres commissaires. Mais, deux pour des raisons personnelles ont été contraints de quitter la commission : il s’agit de Père Désiré Yamuremye et Didace Kiganahe. Nous attendons leur remplacement. Heureusement, nous avons encore le quorum parce que la loi prévoit que les décisions se prennent à 2/3 des voix. Mais si cette hémorragie continue, il y a risque de perdre ce quorum et un blocage de tout le travail de la commission.
Nous sommes toujours en train de faire le plaidoyer pour la mise en place du Conseil consultatif international qui est aussi une commission sine qua non pour la crédibilité du travail de la CVR.
Comment se présente la situation financière à la CVR ?
Le budget que nous avions prévu n’est pas encore là. Le budget octroyé par le gouvernement nous permet de fonctionner difficilement. La CVR comptait aussi sur l’apport de la Communauté internationale. Mais les relations entre notre pays et cette communauté fait que cette dernière n’a pas fait flamme à financer les activités de la CVR.
Sur les quatre ans, le budget avoisine 13 millions de dollars. Et actuellement, nous n’avons reçu qu’environs 20%.
Le manque d’antennes provinciales et communales freine un peu la rapidité de notre travail.
Votre message aux Burundais ?
La CVR, c’est le travail de tous les Burundais. Qu’ils viennent mettre au grand jour le récit de ce qu’ils ont vécu. S’ils nous cachent ce qu’ils ont fait, ça ne sera pas notre responsabilité.
Et aux politiciens ?
Je leur demande de ne pas politiser notre travail. Elle est là pour tous les Burundais, pas pour une partie. Nous sommes ici pour amener les uns et les autres à reconnaître la souffrance des autres. Je leur demande de faire un sursaut de conscience, de mettre en exergue la souffrance des Burundais et éviter que des choses pareilles ne se répètent. Nous avons une grande dette aux victimes du passé, aux oubliés de l’histoire, aux disparus et le devoir de les réhabiliter. Si nous ne le faisons pas, ça reste une malédiction pour ce pays.
Si nous sommes en train de payer les pots cassés à cause de la mauvaise gestion du passé de nos aînés, de nos parents, nous n’avons pas le droit de léguer la même situation aux jeunes générations.
Nous savons mr le Prelat la signification de Independant sous le regne du CNDD FDD ou dans n importe quelle autre republique bananiere d Afrique.
I y a des conditions minimales pour que votre commission puisse travailler. Voyez vous ces conditions reunies? Triste et pathetique
La CVR pour reconcilier entre qui et qui? Dans ce bain de sang verse chaque jour par le pouvoir actuel. La commission Verite et reconciliation choisi par ce pouvoir genocidaire. L’urgence serait d’arreter tous ces massacres de tout un peuple meurtri et prise en notage par Nkurunziza a travers sa Police de renseignement et ses imbonerakure. Apres cela, dans la paix , le peuple burundais choisira lui- memes les gens intelligents et humains qui peuvent les reconcilier et remettre tout dans l’ordre pour le developpement du pays.
Une commission indépendante dans ce pays?
Une commission indépendante qui est financée par Nkurunziza!!
Une commission indépendante dans un pays en proie aux violences qui n’épargnent même pas les hautes autorités (les généraux, les ministres..)
Une commission indépendante qui n’est pas appuyée par la communauté internationale….
Une commission qui court le risque d’arriver à un travail bâclé.
N’oublions pas que c’est Nkurunziza qui promulguera les résultats des recherches.
Je croyais que le contexte actuel de terreur(où une bonne partie de la population vit en exil, sous la menace de mort, cachée,…et de dictature sans nom) constituait un défi majeur pour les activités de la CVR mais visiblement il semble que non!!! Que dire de la recherche de fosses communes de 1972 à l.heure où on continue à en creuser pr de nvlles victimes? Et dire que nous pouvons faire confiance à la commission !!!!
Comment est ce que la CVR peut fonctionner alors qu’ il ya des crimes aujourd’hui les gens meurrent comme des rats .est -ce ces crimes on est cense les ignorer et chercher la verite sur le genocide de 72? C’est de la folie . Il faut que les assasinats arretent dabord .
Un crime de génocide commis aujourd’hui (si génocide il y a) n’est pas plus répréhensible qu’un crime commis il y a 100 ans. C’est ici que le problème se pose.
Ceux qui ont commis ces crimes en 1962, 1965, 1972,1988, 1993 ont déformé la vérité et ont initié un blocage des institutions actuelles. Il appartient à la CVR de clarifier tout cela. Si nous voulons nous en sortir, nous devons pas alimenter cette spirale et venir crier haro pour cacher la vérité.
Les Burundais épris de paix et justice sociale attendent les résultats et les conclusions de la CVR pour aller de l’avant.
La CVR travaille avec des moyens minimes, ce qui veut dire que son mandat devrait être prolongé.
Un des grand problèmes est que nous avons beacoup d’acteurs et complices qui ne voudraient pas que la vérité se sache.
Parmi ces complices se trouveraient certains lobbying qui bloquent cette aide internationale que la CVR espérait recevoir. Il faudra réajuster la stratégie.
L’horreur se déroule sous nos yeux, tous les jours, depuis avril 2015 et on nous parle de CVR pour traiter des faits qui se sont passés il y a plus de 50 ans pour certains? Soit c’est de la diversion sur les enlèvements, disparitions forcées, tortures, viols et assassinats ciblés qui continuent sans arrêt depuis avril 2015 soit on marche sur la tête.
@Rugamba Rutaganzwa
Pour toi les faits qui se sont passés il y a 50 ans ne doivent pas être traités? On doit kurenzako uruho rw’amazi nkuko bivugwa mu Kirundi, on doit s’occuper seulement de ce qui s’est passé depuis avril 2015 tu sembles oublier que 2015 est la conséquence de ce mal qui a rongé notre pays et qui n’a pas été soigné!!!!
@RUGAMBA RUTAGANZWA
Cynisme lorsque tu nous tiens!
Les centaines de milliers de personnes décimées passent pour pertes et profits parce que massacrées il y a 50 ans? Et vous vous étonnez que la spirale de violence reste interminable? Alors que vous savez bien que personne n’a le monopole de la haine ou du mépris?
A mis mandat ils ont reçu un peu moins de 03 millions de $ sur les 13 prévus. Pourquoi commencer quand les fonds sont insignifiants? Pression ou volonté de faire un travail bâclé ? Le temps nous le dira mais d ores et déjà ça pu la magouille.
« Personne ne pourra faire pression sur moi.» Vous êtes déjà sous-pression, Monseigneur! Si vous ne la sentez pas, c’est qu’elle est devenue excessive et il est temps, si pas trop tard, de vous remplacer ou purement et simplement d’ajourner ce que vous êtes supposés en train de faire.
Independant ??? sous le Regime Nkurunziza et ses acolytes !!!!! C’est nouveau !!!! Dans le pays ou ailleurs ? Bonne route !!!! Qui vivra verra.
« Je leur demande de ne pas politiser notre travail. Elle est là pour tous les Burundais, pas pour une partie. Nous sommes ici pour amener les uns et les autres à reconnaître la souffrance des autres. » Oui reconnaître la souffrance des autres, laisser la place à une vraie justice et non à des vengeances perpétuelles. Sans justice, nous ne sortirons pas de ce cercle de violences.
Triste!!!
Je pensais que ce prêtre était lucide, qu’il sait sonder les temps. Une CVR dans les conditions actuelles? nommée et manoeuvrée par le cndd-fdd? Une CVR mise sur pied par une clique qui a chassé plus de 300.000 personnes, une CVR dans un pays qui respire au rythme de la torture, des disparitions, des intimidations……. une cvr que la communuaté internationale ne peut pas financer parceque ne remplissant pas les conditions d’une véritable commission du genre.
Qui va témoigner? Je peux comprendre qu’un Nahimana victime soit pressé pour connaître une vérité qu’il cherche depuis longtemps. C’est humain. Cependant, il doit savoir que d’autres souffrent.
J’ai les larmes aux yeux quand je me rappelle que depuis 50 ans le Burundi peine à avoir un leadership éclairé, capable de réconcilier les hutu et les tutsi et les faire monter dans un train du développement.
A la place toujours un ramassis de médiocres, le ventre devant tout juste à la place du coeur…….. Ils se succèdent, puis sombrent dans l’oubli avant de ………
Kibwa
@kibwa
C’est vrai que souvent ce sont les plus cupides qui prennent le dessus dans notre monde; et je suis arrivé à la conclusion (c’est probablement une évidence pour quelques uns), qu’il doit être plus dur de faire du bien que faire du tort à autrui!