L’Observatoire de la presse burundaise (OPB), l’Union burundaise des journalistes (UBJ), le Centre burundais pour la liberté de la presse (CBLP), Radio France Internationale (RFI), Reporters Sans Frontière (RSF), etc., sont autant d’organisations qui s’insurgent contre le verdict du procureur de la République à Cankuzo, à l’endroit d’Hassan Ruvakuki, journaliste des radios Bonesha FM et RFI.
« Nous n’avons pas été surpris par cette décision », déclare Onésime Kabayabaya, avocat d’Hassan Ruvakuki. D’après lui, le procès de son client a été politisé, dès les premiers instants, car les 1ères interventions ont été celles des différentes personnalités de l’Etat.
Selon lui, le 1er vice-président aurait rassemblé le corps diplomatique résident au Burundi, dès l’arrestation d’Hassan Ruvakuki, pour leur dire que le journaliste avait, en sa possession, des photos compromettantes.
D’après Me Kabayabaya, son arrestation est paradoxale car, le service de renseignements aurait déclaré qu’il travaillait avec la rébellion, alors que l’armée nationale en refuse l’existence.
L’avocat d’Hassan Ruvakuki déclare également qu’ils vont faire appel du procès si les autorités publiques ne prennent pas l’initiative de le relâcher.
Selon Pacifique Ninihazwe, président du Forsc, cette décision prise à la veille de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance ne fait qu’entacher l’image du pays. « Le monde entier ne va parler, maintenant, que d’Hassan Ruvakuki au lieu du cinquantenaire de l’Indépendance du Burundi », ajoute-t-il.
Il regrette également que les magistrats ne font que justifier les détentions arbitraires au lieu de prononcer des jugements équitables.
Reporters sans frontières (RSF) et Radio France Internationale (RFI) déclarent être extrêmement choqués par la condamnation prononcée contre leur confrère. « Ce verdict est inique que déshonorant, non seulement pour la justice du Burundi mais aussi pour le pays tout entier », déclarent-ils, dans un communiqué ce mercredi 20juin.
Selon eux, le dossier présenté comme à charge contre Hassan Ruvakuki est vide car il ne faisait que son métier. « C’est une journée noire pour la liberté de la presse et la justice au Burundi », poursuivent RSF et RFI. Ils espèrent que son avocat fera appel et qu’il parviendra à prouver l’innocence d’Hassan Ruvakuki.
Pour Jean-Claude Bitsure, président du CBLP (Centre burundais pour la liberté de la presse), cette décision est un « déni de justice » parce que les juges qui avaient pour rôle de trancher impartialement, ont condamné un innocent.
Il rappelle également que son association avait écrit une lettre au président de la République, le 13 juin, pour lui démontrer que leur confrère avait été appréhendé, alors qu’il ne faisait que son travail.
Il espérait donc, que le président Pierre Nkurunziza, en sa qualité de magistrat suprême allait intervenir en faveur d’Hassan Ruvakuki.
Selon, Elie Ntungwanayo, porte-parole de la Cour Suprême et du ministère de la Justice, le juge de première Instance a fait son travail. « Il a respecté la procédure. Au cas où, le condamné, Hassan Ruvakuki ne serait pas satisfait du jugement du tribunal de Grande Instance, et cela est normal qu’il ne le soit pas, la loi lui permet d’interjeter appel », précise-t-il.
D’après M. Ntungwanayo, le juge aura à analyser le dossier. « Il peut confirmer ou infirmer le verdict. Nous devons nous inscrire dans le respect de la loi », indique-t-il.