Mardi 05 novembre 2024

Économie

Permis de transport, une hausse de prix décriée

Permis de transport, une hausse de prix décriée
Bosco Minani : « L’Etat n’a pas donné les raisons expliquant l’augmentation du prix de l’autorisation de transport d’une validité de six mois ».
26/12/2019 Commentaires fermés sur Permis de transport, une hausse de prix décriée

Le prix du permis de transport augmente de 475 %. L’association burundaise des transporteurs déplore la hausse. Les conducteurs de taxis se disent victimes de cette mesure. Pour les propriétaires, la situation devient intenable.

Depuis le 9 décembre dernier, l’autorisation de transport est remplacée par le permis de transport. D’après l’ordonnance conjointe du ministère des Finances et celui du Transport, son prix passe de  4000 BIF par semestre  à 19.000  BIF, soit une augmentation de 475% ! Le carnet de bord sécurisé est  le nouveau  document qui suscite également  une   polémique. Son prix varie  entre 38 et 47.000  BIF.  Ces mesures ont provoqué la grogne chez les conducteurs et les propriétaires de véhicules.

Bosco Minani, le président de l’Association des transporteurs du Burundi (Atrabu) a haussé le ton, au cours de l’assemblée générale tenue  mardi 17 décembre dernier « L’Etat n’a pas donné les raisons expliquant l’augmentation du prix d’autorisation de transport d’une  validité de six mois.

Pour Charles Ntirampeba, secrétaire permanent de l’Atrabu, ces mesures ont été prises sans la concertation des transporteurs. «Il fallait nous consulter avant de prendre ces décisions», se désolent certains des chauffeurs présents à cette réunion. »

Les conducteurs de taxis remontés

Mêmes lamentations chez les taximen rencontrés, ce mercredi 18 décembre, devant l’hôpital Prince Louis Rwagasore. Plus d’une dizaine de taximen  ne décolèrent pas. Ils se disent victimes de cette hausse.

John, père de quatre enfants, ne cache pas son indignation. « Ce sont  les conducteurs qui seront victimes de cette augmentation. Sans doute,  le propriétaire n’acceptera ni de diminuer son bénéfice ni de perdre. Il va augmenter le versement ».

Suite à  cette ordonnance, ce conducteur indique  que  son patron lui a signifié qu’à partir du  mois de janvier, il  va verser 20.000 BIF par jour.

Ce jeune homme ne sait plus où donner de la tête. Il se demande  où il trouvera cette recette quotidienne. Pour le moment, il verse au  propriétaire 15.000 BIF par jour. « Recueillir cet argent est un parcours de combattant », précise-t-il

Pour s’en sortir, une seule voie : la hausse du prix d’une course.  Mais, cette stratégie ne marchera pas, le pouvoir d’achat des usagers ne cesse de s’effondrer. Aujourd’hui, peu de gens se permettent de prendre un taxi.

Pour John,la hausse  du prix de  l’autorisation de transport vient ajouter le  drame au drame. « Pour le moment, j’ai la  corde au cou. Je dois au propriétaire 100.000 BIF», se désespère-t-il.    Ce conducteur ne parvient pas avoir souvent une telle recette. Si rien ne change, alerte ce jeune homme, nos familles vont mourir de faim.

Les propriétaires haussent le ton

Sylvestre Ngezahayo, président de l’association des transporteurs- propriétaires,  ne cachent pas son indignation. «  Nous travaillons à perte depuis des années. Cette décision vient nous enfoncer».  Et de dénoncer que l’Etat ne se soucie pas des transporteurs en fixant les taxes et les impôts. « Si le transport ne rémunère pas. Le propriétaire se retire et vend le véhicule», prévient ce transporteur. Dans  ce cas, le conducteur se retrouve dans la rue.  Et de s’interroger sur quels critères le ministère s’est basé pour augmenter le prix de 2000 BIF à 19000 BIF.

Pire, cette  hausse  risque d’attiser les conflits entre les conducteurs et les propriétaires. Selon lui, ces derniers vont  demander l’augmentation des versements journaliers. Au prix actuel, les conducteurs ne seront pas à mesure d’avoir   le montant exigé.  Et bonjour les conflits.

C’est la désolation totale du côté des propriétaires. « Cette augmentation vient encore grever nos maigres revenus », s’indigne Ernest.

Ce dernier craint qu’il risque d’abandonner ce métier si l’Etat ne revoit pas cette mesure. Le malheur ne vient pas seul, confie-t-il,  en 2015, il s’est lancé dans le transport parce qu’il venait de perdre son emploi à cause de la crise.

Il a acheté deux taxis pour subvenir aux besoins familiaux à cette époque. Du coup, la hausse du prix de carburant, la taxe de stationnement, ont perturbé cette affaire. La situation s’empire avec la hausse du prix de certains documents de transport.

Chaque taxi, explique-t-il, lui rapporte 150.000 BIF par mois. Cet argent ne lui permet pas d’acheter les documents. Et de détailler : «  Le  carnet de bord sécurisé coûte 38 .000 BIF, la carte d’assurance  revient à 72 200 BIF, le certificat de  contrôle technique  coûte 56.000 BIF et le permis de transport coûte 19.000  BIF. Au total, il faut dépenser 175.000 BIF ». Avant cette mesure, ces papiers valaient 120.000 BIF.

Par ailleurs, les prix des pièces de rechange ont augmenté. Le segment qui s’achetait 120 mille BIF l’année dernière coûte actuellement 240.000 BIF. La révision de la voiture se faisait à 300.000 BIF. Elle  se fait à 700.000 BIF. Le prix d’huile de vidange de dernière qualité est passé  de  3000 BIF à 7000 BIF. Et de marteler : « A ce rythme de la hausse des taxes et des prix, personne ne peut tenir longtemps dans ce métier ».

   

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Enrôlement des électeurs. Entre fatalisme et pessimisme

Alea jacta, les dés sont jetés. La période d’enrôlement qui avait officiellement commencé le 22 octobre a pris fin ce 31 octobre. Se faire enrôler est un devoir hautement civique et citoyen en vue de reconduire ou renouveler la classe (…)

Online Users

Total 2 938 users online