« Le commencement de la sagesse est d’appeler les choses par leur vrai nom», dixit Confucius. « Concernant la lutte contre le coronavirus, la nouveauté, c’est qu’il y a des vaccins qui vont bientôt nous parvenir. Nous disons donc à la population que nous agissons conformément à l’objectif fixé par le Père de la Nation », a annoncé le ministre de la Santé publique et de la Lutte contre le Sida, lors d’une conférence de presse qu’il a animée mardi 12 octobre.
Autre occurrence de cette fraude des mots. Après que les magistrats ont reçu une volée de bois vert, le titre de « Père de la Nation » est convoqué pour dissiper tout doute sur les intentions bienveillantes du locataire de Ntare House. «En véritable Père de la Nation et Magistrat Suprême, il ne cesse de réitérer sa volonté d’en découdre avec toute forme d’injustice pour que chaque citoyen puisse jouir pleinement de ses droits», peut-on lire dans le communiqué du 15 septembre signé par Evelyne Butoyi, porte-parole du président de la République.
Dans le système politique en vigueur au Burundi, le président de la République est élu au suffrage universel direct. Une majorité de citoyens lui délègue la tâche suprême de coordonner la gestion de son pays durant un mandat de 7 ans. Un service pour lequel le premier des citoyens reçoit un salaire confortable, des honneurs et des privilèges.
La désignation de « Père de la Nation » (Sebarundi en langue nationale) suppose que la personne du chef de l’Etat ne fasse pas l’objet d’un choix. Dès lors, le « Père de la Nation » n’est autre que le Mwami (roi du Burundi). Celui-ci naissait Mwami et n’était désigné comme tel que par un groupe restreint habilité, Abanyamabanga (conseillers spéciaux).
Le storytelling politique de Reta mvyeyi, Reta nkozi (l’Etat responsable et laborieux) est une transposition institutionnelle de cette imposture républicaine qui ferme les yeux sur les serres de l’Aigle autour du pouvoir. A force de traiter des adultes comme des enfants, ils finissent par se comporter comme des enfants.
Ces nouveaux concepts de gouvernance Reta mvyeyi, Reta nkozi, sont, du reste, un paravent contre toute forme de dissidence. Hormis un renégat, un traître, on ne s’oppose pas au père guidé par le seul intérêt commun de « ses enfants ». On apporte sa pierre à l’édifice. Dans le cadre d’un atelier avec plusieurs partis politiques, vendredi 20 août, le ministre de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique a invité les partis politiques, y compris d’opposition, à contribuer dans la mise en œuvre du PND 2018-2027.
Ce nouveau pallier franchi dans le paternalisme, mère d’infantilisme, pérennise cette mentalité d’assistés. Le président Ndayishimiye en vient à pratiquer du micro-management – relayé sur les réseaux sociaux pour un effet amplificateur – inapproprié pour la gouvernance d’un Etat : il punit, il moralise et il pardonne… en véritable père de famille. Les Burundais en seront-ils réduits à juste opiner « merci père » ?
Guibert Mbonimpa
De plus on endort le peuple par la prière adressée à je ne sais quel dieu ?
Qui a dit que la religion est l’opium du peuple ?
Personnellement je trouve cette appellation ingénieuse.S’être inspiré du paradigme Ancestrale, et se faire appelé père de la nation, laisse comprendre qu’il se doit être au service de tout les Burundais, tel un père au service de sa famille.
J ajouterais aussi le tiyre quasi divin de guide suprême du patriotisme.
Et pourtant depuis 2005, je donnerais en vrac des faits têtus. Et pas forcément par ordre de gravité: Le barrage de Mpanda, les mines fermées parce que les contrats signés sont biaisés, les Ntasano, Hafsa Mossi, les soeurs religious, 20015, etc…
Et enfin le classement peu élogieux de pays le plus corrompu et le plus pauvre du monde.
Il y a tout de même des responsables.