Ces derniers jours, il s’observe une pénurie des produits Brarudi et ce manque criant évolue vers une carence critique dans la ville de Bujumbura. Différents mini dépôts et bars enregistrent des pertes. Certains ont dû fermer les portes. Les consommateurs de ces produits et les propriétaires des bars appellent la Brarudi à réagir.
Dans la capitale économique Bujumbura, presque tous les mini dépôts sont fermés. Des lamentations de la part des grossistes fusent. « Notre travail est à l’arrêt alors que nous devons payer les maisons louées, nourrir nos familles, payer les taxes municipales, … La situation est intenable », se lamentent un propriétaire d’un mini dépôt dans la ville de Bujumbura.
Rencontré dans la zone de Kamenge, Prosper, un propriétaire de mini dépôts, accuse les « délégués » de la Brarudi de favoritisme dans la distribution des boissons.
« En fait, les délégués de la Brarudi en collaboration avec les propriétaires des SSD favorisent leurs proches au lieu de donner des boissons aux mini dépôts », raconte un grossiste en expliquant que ce sont les mini dépôts qui devaient servir les bars.
Charles, un grossiste de Kinama, témoigne que pour l’instant, il a fermé son dépôt et renvoyé tous les travailleurs. « Cette pénurie va augmenter le chômage chez les jeunes. J’ai renvoyé les employés parce qu’il n’y a plus de boulot. Il nous arrive de passer une ou deux semaines sans boissons de la Brarudi. Je ne peux pas rester avec des travailleurs sans revenu », ajoute-t-il.
A quand la fin de cette pénurie ?
La carence des boissons de la Brarudi touche également les consommateurs de ces produits. Ces derniers se demandent « à quand la fin de cette pénurie qui perdure ».
Il est 16 h au nord de la capitale économique. Plusieurs bars visités dans la zone urbaine de Kamenge étaient vides, pas de clients, le comptoir n’est pas attrayant, leurs boissons préférées sont introuvables. Des consommateurs broient du noir.
« Il te faut une Vital’O pour avoir une Amstel ou une Primus. C’est compliqué, car même les prix ne sont pas respectés. Par exemple, je viens d’avoir un Primus pour 4 000 BIF alors que le prix normal est 2 500 BIF. En plus de cela, il y a cette exigence d’acheter une Vital’O », se lamente un consommateur rencontré dans cette zone.
La situation reste la même dans les quartiers sud de Bujumbura. En commune Muha, les commerçants des produits Brarudi sont désemparés. Les vendeurs de ces produits, en particulier les bars, subissent d’importantes pertes financières et sont contraints de fermer plus tôt.
Le bar communément appelé ’’Petit Séminaire’’ de Kanyosha, très fréquenté et réputé pour sa cuisine, est également durement touché. Un employé témoigne : « Suite à cette pénurie, nous ne nous approvisionnons plus que trois fois par semaine. Les week-ends, nous sommes obligés de fermer le bar entre 19 h et 20 h, ce qui est anormal pour un bar de ce standard. Nous travaillons donc à perte ».
Une autre commerçante envisage de se convertir en vendeuse de bière et autres vins traditionnels. « Cela fait deux semaines que je n’ai reçu aucun casier de bière Brarudi. C’est une situation critique qui entraîne des pertes importantes. Les bières sont mes produits les plus rentables. Je songe sérieusement à me lancer dans la production de bière traditionnelle, comme le vin de banane, isongo ou de la bière de sorgho, impeke, qui ne demandent pas trop d’investissement », confie-t-elle.
Au bar Sous le Manguier, la situation est désespérée. « Avec cette pénurie, nous travaillons à perte, ce qui nous oblige à fermer prématurément faute de quoi servir nos clients. Les conséquences sont dramatiques, notamment pour nous, les employés, car le patron envisage de licencier certains serveurs ».
Les propriétaires des mini dépôts, les grossistes, les tenanciers des bars ainsi que les consommateurs des produits Brarudi plaident pour une intervention du gouvernement afin que tout ce qui est produit par le Brarudi ne soit pas acheminé à l’extérieur notamment en RDC.
« Nous demandons au ministère du Commerce, au gouvernement d’intervenir. Au lieu de penser aux Congolais, il faut d’abord satisfaire la demande intérieure. Parce que les produits Brarudi font vivre beaucoup de gens. C’est à l’État de protéger son peuple », lâche un propriétaire d’un mini dépôt.
Rappelons que cette pénurie s’inscrit dans un contexte plus large de crise économique marquée par la rareté du carburant, des matières premières et des devises.
Malgré les multiples sollicitations visant à obtenir des éclaircissements sur cette situation, la Brarudi reste silencieuse jusqu’à présent.
Je note l’obligation d’acheter une Vital’O : la vente forcée est-elle autorisée au Burundi ? De plus cette boisson est très sucrée. Cela risque d’accoutumer les gens au sucre et d’augmenter le risque d’obésité.