Plus d’une dizaine d’élèves des établissements à régime d’internat sont retournés chez eux. Pour cause : des maladies liées aux mains sales suite à pénurie d’eau persistante nord de la capitale de Bujumbura consécutive à une panne survenue sur un gros tuyau de la Regideso. Le ministre de l’Hydraulique, de l’Energie et des Mines tranquillise.
Il est 11 heures ce mardi 22 octobre 2024, au nord de la capitale économique Bujumbura. Des vélos transportent des bidons, des dames avec des enfants sur le dos, un bidon à la main et des enfants mineurs sont tous à la recherche de l’eau.
« Je ne suis pas allé à l’école. Je cherche d’abord l’eau avec ma mère. J’ai 12 ans et c’est moi l’aîné de la famille, donc je dois aider maman, car mon père est parti au travail », affirme Derrick, élève de la 5ème année fondamentale.
Sous anonymat, N.J., élève du lycée Reine de la Paix, affirme qu’à cause de la pénurie d’eau, il a dû rentrer chez lui parce qu’il a attrapé des maladies liées aux mains sales. « Je suis rentré hier soir pour me faire soigner. Et je ne suis pas seul », témoigne-t-il. Interrogée, la directrice du lycée Reine de la Paix nie ces informations.
Aline témoigne qu’elle vient de passer 3 jours sans se laver à cause de cette pénurie d’eau. « Nous avons peur de l’eau que nous utilisons pour cuire et laver les assiettes. Cette pénurie persiste, il faut que la Regideso règle ce problème. Je viens de passer 3 jours sans me laver. Je prie Dieu pour que la pluie tombe et que je me lave, sinon je crois que je commence même à dégager une mauvaise odeur ».
Jacques, tenancier d’un restaurant se trouvant dans la zone urbaine de Kamenge, affirme qu’il a dû prendre une pause dans son business parce qu’il enregistrait des manques à gagner.
« J’ai fermé momentanément mon restaurant depuis dimanche. E ne faisais qu’encaisser des pertes à cause du manque d’eau potable. Normalement, nous utilisons 20 bidons par jour et c’est le minimum. Alors acheter un bidon à 2000 BIF cela revient à débourser 40 000 BIF. Des dépenses pour payer celui qui va puiser cette eau, c’est très cher ».
A Mirango II, la population affirme que leur quartier avait dans ses robinets de l’eau de source mais que la Regideso a coupé cette eau pour la remplacer avec l’eau en provenance du lac Tanganyika.
« Avant, nous avions l’eau de source comme ceux de Gatunguru, mais à un certain moment, la Regideso a bloqué cette eau pompée à partir du lac Tanganyika. Nous avons un problème de pénurie d’eau même en temps normal. Que la Regideso nous réapprovisionne avec cette eau et le problème pour nous sera résolu », appelle Jean, un habitant du quartier Mirango II.
Une solution est proche…
Les agents de la Regideso travaillent jour et nuit pour rétablir la situation dans le quartier situé au nord de la capitale économique, qui souffre d’une crise d’eau depuis vendredi dernier avant midi. Cette crise a été causée par une destruction d’un tuyau au niveau du pont Ntahangwa sur l’avenue du Peuple Murundi.
« Nous prévoyons de soutenir temporairement le tuyau avec des conteneurs afin que les habitants puissent avoir de l’eau le plus rapidement possible. Nous contactons également des techniciens expérimentés pour réaliser des études en vue d’installer un tuyau solide et durable », a annoncé le ministre de l’Hydraulique, de l’Énergie et des Mines, Ir Ibrahim Uwizeye.
Sur le compte X du ministère de l’Intérieur, du Développement communautaire et de de la Sécurité publique, ce ministère a annoncé que, depuis ce mardi 22 octobre, six camions se sont ajoutés aux cinq autres camions de la police de la Protection civile déjà sur le terrain pour la distribution d’eau potable à la population de la commune de Ntahangwa, touchée par cette crise, en attendant que la Regideso termine les travaux de réparation du tuyau cassé.
Cependant, un témoignage d’un résident du quartier Mutanga Nord affirme qu’ils n’ont vu ces camions que samedi, ce qui montre que les efforts de la police pour venir en aide à la population restent loin de la solution idéale.
Ce lundi, le directeur de la Regideso, Albert Manigomba, a promis que certains habitants des localités de Ngagara et Mutakura allaient avoir de l’eau dans la soirée. Selon plusieurs témoignages recueillis ce mardi matin, il est vrai que ces quartiers ont été approvisionnés, mais dans plusieurs parties, la situation est inchangée et les habitants n’ont pas encore reçu d’eau.
Malgré les efforts de la Regideso, le directeur a affirmé que, pour le moment, ils travaillent à ce que la population reçoive de l’eau, mais que le retour à la normale prendra plusieurs jours.
« Pour que la population reçoive de l’eau comme avant, cela prendra beaucoup de temps, car le tuyau est très long, il faut plusieurs jours pour trouver un équilibre, mais je garantis que nous travaillerons jour et nuit pour rétablir l’eau dans ce tuyau. Peu à peu, la situation deviendra normale », a-t-il promis.
Avant même que ce tuyau alimentant le nord de la capitale économique ne se casse, plusieurs quartiers de Bujumbura étaient déjà confrontés à pénuries récurrentes d’eau.
Dans certaines zones, les habitants affirment qu’ils sont approvisionnés en eau seulement quelques heures par jour, tandis que dans d’autres, il est devenu normal de passer deux ou trois jours sans voir la moindre goutte dans leurs robinets.
Déjà presque un mois sans une goutte. Quel budget pour un ménage afin d’avoir 8 à 10 bidons d’eau au quotidien pour un prix de 1500,-FB à 2500,-FB pièce ?