Deux ministres chargent le CNTS
Pour la ministre Ntakarutimana, la carence de sang survenue dans tout le pays est due à la négligence du CNTS. Selon elle, ce centre doit endosser toute la responsabilité car il n’a pas donné à temps l’information concernant la pénurie de sang.
Pour Tabu Abdallah Manirakiza, ministre des Finances, tous les moyens nécessaires avaient été donnés au CNTS. Toutefois, il regrette qu’il n’ait pas su affecter tout l’argent aux besoins exprimés : « En 2010, le gouvernement a alloué un budget de 650 millions de Fbu au CNTS, mais il n’a utilisé qu’à peu près 38%. Un montant de 404 millions de Fbu est tombé en annulation. »
En 2011, poursuit le ministre, le gouvernement ne pouvait pas leur donner encore une fois le même montant : « Nous avons mis à la disposition du centre 204 millions Fbu, mais là aussi 6 millions de Fbu n’ont pas été utilisés. » En 2012, le gouvernement a donné au CNTS, indique toujours Tabu Abdallah Manirakiza, la même somme qu’en 2011, mais le centre n’a utilisé que 59% de cette somme, environ 76 millions n’ont pas été utilisés. Plus grave, pour cette année, fait savoir le ministre, ce centre n’a pas encore utilisé un sou du budget lui alloué.
Pour le ministre, le gouvernement ne pouvait pas continuer de donner de l’argent aux gens qui ne vont pas le consommer alors que d’autres secteurs en ont besoin. Et de conclure : « C’est la faute du CNTS si son budget a été revu à la baisse au cours des dernières années. Quand il sera prêt à utiliser convenablement l’argent qu’on lui donne, son budget sera revu à la hausse.»
« Une échappatoire visant à trouver un bouc émissaire »
Pourtant, à la mort de Mme Bénigne, originaire de Mwaro, le Dr Gilbert Nduwayo, directeur du CNTS, avait expliqué la rupture de stock par des dettes colossales envers les fournisseurs et des difficultés de remboursement. Il avait alors affirmé que le centre avait remboursé une partie de ses dettes.
Au lendemain de ces deux déclarations, la réaction ne s’est pas fait attendre du côté du personnel du CNTS. Prosper Ndayishimiye, représentant du personnel au Conseil d’administration du CNTS, dénonce l’attitude des deux ministres qui ont rejeté la responsabilité de la carence de sang sur le CNTS.
D’après lui, le CNTS n’a jamais cessé d’alerter les autorités compétentes pour qu’elles agissent à temps avant qu’il n’y ait de victime. « Le langage des ministres de la Santé et des Finances est une échappatoire visant à trouver un bouc émissaire » Pour lui, ce langage constitue aussi un mensonge car les deux ministres se contredisent. Et de demander la réouverture du compte bancaire du CNTS fermé depuis 2011 pour que ce centre soit autonome.