Class, le préservatif le moins cher et le plus commercialisé, devient une denrée rare à Bujumbura. Au grand dam des citadins « moyens », contraints parfois de s’en se passer.
Bwiza, Buyenzi, Kamenge, Kinama… plusieurs citadins, la plupart des quartiers populaires, pleurent la carence des préservatifs Prudence Class, à la portée du « citoyen lambda ». Ils sont introuvables dans les pharmacies, boutiques, hôtels….
Bwiza, 6e avenue. L’une des rares pharmacies se trouvant en plein milieu du quartier n’a qu’un vieux souvenir de Class. « On vient de passer deux mois sans », raconte la pharmacienne. Dommage pour elle, la plupart de ses clients préfèrent cette marque. Auparavant, durant le week-end, 20 boîtes de condoms sur 90, tout le carton, étaient écoulées.
A quelques 800 mètres, dans une boutique qui se trouve à la 5e avenue, près d’un hôtel, un carton de «Class » s’aperçoit au milieu de la rangée. Ce seul paquet restant se vend à un prix élevé : 1.000 BIF, une pièce de trois préservatifs au lieu de 300 ou 500 BIF. Le boutiquier indique qu’il s’en est procuré par mille acrobaties. Les préservatifs sont l’une de ses marchandises les plus sollicitées, « grâce à l’hôtel à proximité».
Plusieurs autres boutiques de cette zone sont en pénurie de ces préservatifs, depuis deux mois. Les propriétaires affirment qu’ils n’en trouvent même pas à l’intérieur du pays.
Les hôteliers vivent le même désagrément. Le gérant de l’hôtel « Bamako », à Bwiza, affirme que la pénurie des condoms Class, les plus utilisés, indispose beaucoup de clients. « Certains rebroussent chemin ». Un employé confie qu’il est contraint d’en trouver, la nuit tombée, pour des clients qui ne peuvent pas s’en passer. Jadis gratuit à cet hôtel, ces préservatifs sont désormais payants.
Ces commerçants indiquent que « Class » n’est plus disponible chez les grossistes. Ils en ignorent la raison.
Quand la protection n’est plus une priorité
A Buyenzi, un quartier populaire de Bujumbura, des jeunes se lâchent. Se protéger contre les maladies sexuellement transmissibles (MST) devient un « problème sérieux ». Certains ne se laissent plus décourager par les risques de MST ou de grossesses non désirées.
C’est le cas d’un jeune mécanicien qui affirme avoir parcouru plusieurs boutiques des zones Buyenzi, Kinama, Kamenge… en vain. Il dit se passer parfois de protection.
D’autres jeunes hommes affirment ne pas être capables d’acheter des préservatifs de 2.500 ou 4.500 BIF alors qu’ils ne gagnent pas cette somme au quotidien.
Contactée, l’ONG Population services international (PSI), qui a le monopole des préservatifs Class au Burundi, indique qu’elle n’est pas habilitée à s’exprimer sur cette « rumeur ». « C’est le ministère de la Santé qui s’occupe de tout le processus de distribution».
Le porte-parole du ministère de la Santé publique fait savoir que les condoms sont en général disponibles gratuitement sur les hôpitaux et les centres de santé. Peut-être que les grossistes ne s’approvisionnent pas, conclut-il, suffisamment en ces préservatifs qui manquent.