Les difficultés dans le transfert des patients ; la question d’approvisionnement en médicaments des hôpitaux de l’intérieur du pays et le manque de carburant pour les groupes électrogènes en cas de coupure du courant électrique, tels sont, entre autres, les problèmes auxquels font face les hôpitaux et les patients pendant cette période de pénurie cyclique de carburant.
« Avec ce manque de carburant, le fonctionnement normal d’un hôpital est compromis », se lamente André Ndereyimana, représentant légal de l’association Kuraneza, œuvrant dans le secteur sanitaire avec divers partenaires dont les hôpitaux, les centres de santé (CDS) etc.
Il fait savoir que les hôpitaux ne sont pas non plus épargnés par cette crise cyclique des carburants que le pays traverse depuis plusieurs années. Pour les hôpitaux partenaires de cette association, le transport des patients des CDS aux hôpitaux ou d’un hôpital à un autre devient problématique. « Dans un hôpital, il faut qu’il y ait des réserves en carburant pour alimenter les groupes électrogènes en cas de coupures du courant électrique », propose-t-il. Et d’ajouter que dans le cas contraire, « certaines activités comme l’usage des machines pour différentes tâches s’arrêtent. »
Il trouve qu’il s’agit de l’un des défis majeurs. Il souligne par ailleurs qu’il faut demander des autorisations de stockage auprès du gouverneur qui, parfois, refuse parce que la quantité disponible est déjà insuffisante. « Pour certains de nos partenaires, les stations-services se trouvent à une longue distance. Ils regagnent leur destination après avoir déjà consommé une bonne quantité de ce carburant insuffisant au départ. Et aussi, faire ce stock coûte cher », fait-il observer.
La cherté des prix des médicaments en remet une couche
M. Ndereyimana rappelle que les coûts de transport ont monté. Partant, les prix des médicaments ont augmenté à leur tour dans plusieurs établissements sanitaires qu’il a préféré ne pas citer. « Les prix de certains médicaments ont même triplé. Bien que ce problème dépende de plusieurs facteurs, le problème des devises y compris. Celui du transport, qui s’élève au niveau local complique lourdement la tâche », explique-t-il d’un ton exaspéré. Il indique aussi qu’au niveau de la logistique organisationnelle, l’organisation rencontre des défis notamment le transport du personnel qui devient cher. Il souligne aussi le report des décentes sur terrain qui devaient être effectuées par le personnel chargé d’accomplir différentes missions essentielles du domaine sanitaire.
« Certains patients se retrouvent dans l’incapacité deviennent de se rendre à l’hôpital ou de se payer ces médicaments chers suite aux coûts élevés de leur transport soit de la Centrale d’Achat des médicaments essentiels du Burundi, Camebu soit en les important de l’extérieur du pays. Il s’agit d’une triste réalité. », se désole-t-il.
M. Ndereyimana trouve que tout fonctionnement nécessite des ajustements. Ce qui n’est pas toujours possible. Il révèle qu’il arrive des cas où certains programmes qui pourraient pourtant contribuer au développement du secteur santé, soient annulés faute du manque de carburant. « La situation est critique à un tel point qu’on réduit et on combine quelques courses. On en reporte même certaines pour économiser le peu de carburant reçu. Ce qui occasionne parfois des retards dans l’accomplissement de certaines activités », ajoute le représentant de Kuraneza.
Les patients dans la débrouillardise
Un patient à mobilité réduite rencontré au Centre hospitalo-universitaire de Kamenge, CHUK, raconte le calvaire qu’il vit régulièrement quand il doit se rendre au Centre de kinésithérapie logé dans cet hôpital.
Il précise qu’il habite dans un quartier de la commune urbaine de Muha et qu’il doit se présenter trois fois par semaine. « On m’a référé à ce centre depuis l’imputation de mes deux jambes. Je me suis déjà absenté tout un mois pour manque de déplacement dû à son tour au manque de carburant. Entre temps mon état s’est aggravé. Avec ma condition physique, les transports en commun ne me conviennent pas. Et les taxis sont très chers actuellement », se désole-t-il. Il souligne que c’est le seul centre de référence national avec des équipements adéquats pour sa réadaptation. « Je suis obligé de toujours venir ici ou risquer ma vie », précise-t-il.
« De nos jours, c’est fréquent de prendre le transport en commun lorsqu’on est transféré, alors qu’avant, une ambulance vous y déposait avec un infirmier à bord pour veiller sur le malade. », témoigne un garde malade rencontré au CHUK. Il révèle que son malade a été obligé de prendre un bus en commun malgré sa situation critique. « Avec les coûts actuels de transport, il est impossible de prendre un taxi à vous seuls. On ne peut plus assurer même le confort d’un malade. C’est triste. », déplore-t-il.
Une autre dame témoigne également d’une situation qu’elle a vécue à l’hôpital de Cibitoke. Elle indique qu’elle accompagnait son oncle vivant à Rugombo transféré à cet hôpital. « C’était lundi. Il y a eu une coupure de courant électrique juste après notre arrivée. Nous avons été obligés de rentrer et de revenir à l’hôpital le lendemain. Et pour cause, l’hôpital ne pouvait pas faire démarrer le groupe électrogène faute de carburant », confie-t-elle. Elle ajoute que le risque de rater le médecin spécialiste était grand car ce dernier ne travaille que jusqu’à mercredi.
Des solutions d’urgences
André Ndereyimana demande au gouvernement de trouver des solutions d’urgences. « Même si nous essayons d’y faire face, nous n’avons pas beaucoup d’alternatives. Si la situation demeure ainsi, nous ne pourrons pas tenir car le carburant n’est pas une chose qu’on peut remplacer par une autre ».
Il trouve qu’il faut que le gouvernement signe des accords spéciaux avec les pays limitrophes qui ont du carburant ou d’envisager d’autres solutions possibles pour sortir le pays de cette situation.