De longues files de taxis se remarquent devant certaines stations-service comme à côté de la station Prestige dans la ville de Bujumbura. Il y en a qui sont dédiées ou réservées à ces taxis. Mais souvent les pompistes servent d’autres véhicules, ce que les taximen dénoncent. Ils crient à l’injustice. Ils appellent la police à multiplier le nombre des stations pouvant les servir car les deux seules stations ne suffisent pas.
Nous sommes dans la zone Musaga de la commune urbaine de Muha. Il est 10 h. Une longue chaîne de voitures en attente de carburant. Cette longue file de taxis commence devant la station prestige de Musaga jusqu’au niveau de Kamesa à la sortie de la ville. Furieux, les conducteurs de ces voitures disent qu’ils viennent de passer plusieurs jours à faire la queue.
« Cela fait toute une semaine que je suis sur cette chaîne. Une décision a été prise nous ordonnant de nous approvisionner que deux stations seulement. Mais il y a une centaine de stations ici dans la ville de Bujumbura. Nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement nous traite de cette manière », se lamente un taximan rencontré à la station Prestige dans la zone de Musaga.
La plupart de ses collègues affirment également que lorsque le camion qui amène le carburant arrive, d’autres véhicules sont privilégiés par les policiers alors que la station est réservée aux taxis.
« Lorsque le camion-citerne arrive, nous voyons des voitures passer à côté. Je ne sais pas si elles appartiennent aux VIP ou bien s’il y a une somme d’argent qu’elles paient pour avoir du carburant avant nous. Si la station est réservée pour les taxis, je ne comprends pas pourquoi les policiers ne respectent pas cette décision », fustige un autre taximan interrogé.
Les chauffeurs de ces taxis témoignent également que, des fois, les policiers les chassent sur ces files d’attente en disant qu’il s’agit d’un l’ordre de l’inspection générale de la police.
Vu le nombre de taxis et le peu de stations réservées à cette catégorie de véhicule, raconte le doyen d’âge de ces taximen, nous avons toujours des problèmes avec la police. Quand le carburant est fini, poursuit-il, on nous intime l’ordre de vider les lieux.
« Mais comment est-ce que ceux qui sont derrière vont avoir du carburant ? Nous avons décidé de rester ici. Si nous partons et que le carburant arrive, ce sont encore ceux qui ont du carburant qui vont être les premiers à le savoir et à être servis ».
Pour l’instant, souligne ce vieux taximan, nous sommes ici, même si les policiers nous disent qu’ils vont arracher les plaques d’immatriculation sur nos voitures.
« Nous souffrons, nos familles pleurent »
Les conducteurs des taxis expliquent qu’à défaut de la pénurie du carburant, ils ne rentrent plus à la maison. De ce fait, une précarité alimentaire s’installe peu à peu dans leur foyer pour ceux qui ont des femmes sans emploi.
« J’imagine comment est-ce que ma femme arrive à gérer la ration que je lui ai donnée, il y a une semaine. Je dors ici avec mes amis depuis Kamesa tout près de l’endroit communément appelé « Bonesha », c’est la 3è fois que le carburant se termine avant mon tour, c’est pourquoi je suis dans les 20 premières voitures. J’espère que la prochaine fois, je serais servi », témoigne Marc, un de ces taximen.
Ces chauffeurs de taxi appellent à l’inspection générale de police de leur autoriser de s’approvisionner sur toutes les stations ou bien d’augmenter le nombre de stations dans lesquelles ils peuvent être servis. Nous avons essayé de contacter l’inspection générale de la police en vain.
« Nous demandons au gouvernement de nous venir en aide parce que la vie que nous menons est difficile. Nos familles ont besoin de nous. Nos patrons veulent aussi des versements pour subvenir aux besoins de leurs familles ».
Malgré ces lamentations, ces taximen n’ont pas pipé mot sur la pratique répandue de certains d’entre eux de siphonner leurs véhicules aussitôt servis, de revendre au double voire plus le carburant obtenu et de retourner faire la queue.