Au moment où il s’observe une pénurie de carburant depuis ces derniers jours, la population en mairie de Bujumbura déplore des spéculations sur les prix de transport. Les transporteurs se justifient par la cherté du carburant sur le marché noir.
« Je répète, le prix pour Kanyosha est de 3 000 BIF. Soyez prêts avant d’entrer », fait savoir un taximan qui se met en peu à l’écart alors que les passagers se bousculent pour entrer dans sa voiture.
Ce 1er août à 11 heures au centre-ville, au parking desservant le sud de la capitale économique, des files d’attente s’y observent. Quelques bus qui s’y trouvent ne parviennent pas à transporter tous les passagers sur les files d’attente. Profitant de la carence des bus, les conducteurs de taxis voitures se lancent dans le transport en commun. Un taxi transporte cinq personnes. Les prix changent du jour au lendemain. Ainsi, des passagers fatigués de rester sur la queue font recours à ces taxis voitures malgré les prix exorbitants.
« Le matin, j’ai payé 3 000 BIF pour le trajet Gasekebuye-centre-ville. C’est un trajet où je payais 550 BIF pour les bus et entre 1500 et 2 000 BIF pour les taxis faisant le transport en commun », déplore un passager rencontré dans le centre-ville.
Au moment de rentrer pendant la nuit, indique-t-il, on doit payer 3 500 BIF pour le même trajet : « Pour les taximen qui parviennent à obtenir le carburant, chacun fixe son propre prix comme il le veut ». Pour lui, dépenser 6 500 BIF par jour pour le transport est pratiquement impossible avec les maigres salaires payés dans certaines entreprises.
De l’autre côté, un autre taxi en provenance de Musaga arrive. Les passagers paient désormais 4 000 BIF chacun. Un passager regrette que cela se passe au vu et au su de l’administration et de la police. Il exhorte le gouvernement à trouver, dans les brefs délais, un remède pour cette pénurie de carburant persistante.
Des bus aussi pointés du doigt
Selon certains passagers, des conducteurs des bus profitent des heures avancées pour hausser les prix : « Des bus viennent vers 23 heures et s’écartent un peu du parking. Leurs rabatteurs appellent les passagers sur les files d’attente qui peuvent payer 1 500 BIF pour un trajet de 550 BIF ».
D’autres passagers déplorent que des bus n’arrivent plus aux destinations connues. « Hier, j’ai pris un bus vers 20 heures après plus d’une heure d’attente. Arrivé au rond-point des Nations unies à côté du marché de Cotebu, le conducteur a soulevé le problème de carburant et nous a forcé de sortir », témoigne Alice, habitante de la zone urbaine de Ngagara. Pour elle, la pénurie du carburant est devenue un prétexte pour malmener les passagers.
Elle appelle la police à être vigilante en veillant à ce que les prix officiels de transport soient respectés en cette période de pénurie de carburant et que les passagers soient traités en toute dignité.
Des conducteurs s’expliquent
« Les clients nous accusent de spéculations, mais eux-mêmes savent la cause profonde : la pénurie de carburant. Nous achetons un litre d’essence à 6 000 voire 7 000 BIF sur le marché noir. Il faut comprendre qu’on doit hausser les prix de transport », explique A.N., conducteur de taxi.
Un autre conducteur de taxi abonde dans le même sens et soutient que les prix de transport varient selon les prix du carburant. Pour lui, les propriétaires des véhicules de transport ne peuvent pas accepter de travailler à perte pour protéger les intérêts des passagers.
En ce qui est du respect des prix officiels de transport, il se veut pessimiste : « Il faut s’attendre au pire. Les prix officiels sont respectés lorsqu’il y a du carburant. Avec la pénurie, on s’approvisionne sur le marché noir. Dans ce cas, le transporteur et le passager sont tous victimes ». Lui aussi appelle le gouvernement à agir avant que la situation ne s’empire.
Lors d’une séance de moralisation en province de Ngozi, ce 30 juillet, le président de la République, Evariste Ndayishimiye, a promis que le problème de pénurie du carburant serait résolu dans un mois.
Il fustige des sociétés qui n’ont pas disponibiliser leurs devises pour l’importation de leur carburant : « Il y a des sociétés qui consomment presque 10 % de la quantité nationale du carburant. Elles n’ont pas disponibilisé leurs propres devises, mais ont voulu s’approvisionner sur le carburant importé par l’Etat. Nous les avons mis en garde. Nous travaillons jour et nuit pour que la situation soit améliorée dans un mois ».
Equation difficile à résoudre ! Si le gouvernement n’a plus de contrôle sur le carburant, le transporteur fixe le prix en fonction du coût de son plein.
Leta Myeyi nigarukire ubutunzi bujanye niyo ngorane. Mbega vya bitoro abarusiya batwemerera nta gakuru kavyo ?