A la veille de la tenue de la 5ème séance de dialogue politique entre Gitega et l’Union européenne, la cheffe adjointe de la Délégation de l’Union européenne au Burundi fait savoir que la situation de la gouvernance économique est un aspect dont dépend beaucoup l’appui budgétaire de l’UE.
Quelles sont les attentes de l’Union européenne lors du dialogue politique prévu ce jeudi?
C’est un dialogue continu. Rappelons d’abord que ce dialogue a commencé en 2021. On a eu un dialogue très intense parce que préparer une session de dialogue politique, ça prend beaucoup de travail et on a travaillé étroitement avec les autorités burundaises.
On a réussi à se parler l’un et l’autre, à s’ouvrir, puis finalement, ça a donné de bons résultats et certaines mesures ont pu finalement être levées.
Maintenant, il est tout simplement question de maintenir ce dialogue et de poursuivre le chemin. Celui-ci est encore long, il y a encore beaucoup de choses à faire, on a un agenda lourd et vaste.
Cette fois-ci, on va, j’espère, changer le format de dialogue parce qu’avant ce dernier était mené essentiellement avec le ministère des Affaires étrangères mais maintenant, nous voulons l’élargir à d’autres secteurs.
De notre côté, nous visons le ministère de la Justice, de la Solidarité et Egalité des genres, des Finances, etc. Pour les thèmes qu’on aimerait aborder, c’est toujours la question des droits de l’Homme qui reste en haut de l’agenda. On va travailler sur des recommandations qui ont été faites lors de l’examen périodique universel à Genève.
A quand la reprise de l’appui budgétaire directe ?
C’est un processus et c’est toujours en cours. Ce n’est pas quelque chose qui arrive du jour au lendemain. La levée des mesures appropriées était la première étape.
La deuxième étape, c’est de travailler avec nos partenaires qui sont le FMI et la Banque mondiale pour veiller à ce que les conditions liées à la bonne gouvernance soient remplies. Et le jour où ça sera le cas, l’appui budgétaire direct va reprendre progressivement.
Quelle lecture faites-vous aujourd’hui de la situation des droits de l’Homme ?
Aujourd’hui, lors de nos dialogues politiques, nous pouvons citer et discuter des rapports des organisations internationales pour la lutte en faveur des droits de l’Homme, y compris celles en exil. Avant, ce n’était pas possible de le faire et je considère que c’est une grande avancée. Il y a des points où les choses ont avancé.
Dans d’autres, on attend des réformes. Je suis très optimiste par rapport à notre programme Justice et Gouvernance démocratique parce que je pense que dans le secteur de la Justice, il y a du travail à faire. D’abord, l’Etat de droit qui doit être renforcé. C’est cet aspect-là sur lequel on aimerait travailler ensemble.
Il y a des défis mais au moins nous en parlons à l’occasion du dialogue politique. Il suffit de jeter un œil sur les recommandations de l’examen périodique universel. Nous espérons que le Burundi va accepter la plupart des recommandations car avant, ce n’était pas le cas.
En ce qui nous concerne, le rapporteur spécial est un mécanisme toujours là, nous sommes conscients que le Burundi ne veut pas coopérer avec ce il y en a d’autres avec lesquels le Burundi coopère pas. Notre objectif est de convaincre le Burundi de coopérer avec ces mécanismes.
Quel est votre regard sur le cas de la corruption qui reste endémique au Burundi ?
Il faut absolument être intransigeant à l’égard de la corruption. Cela n’existe pas seulement au Burundi, ça existe partout ailleurs, y compris en Europe mais on lutte contre. On sait ce qui est bien et mal. Comme cette corruption se pratique à une échelle disproportionnée et qu’elle se superpose à la pauvreté du peuple, cela devient insupportable.
C’est pourquoi c’est très important de lutter contre la corruption pour qu’elle n’aggrave pas la pauvreté de la population. C’est un aspect dont dépend beaucoup l’appui budgétaire de l’UE et celui de tant d’autres partenaires.
Parler avec le gouvernement oui mais parler jusqu’à quand?
Sur les 3 ans que le président vient de passer au pouvoir il se compte en moyenne 2 morts par jour d’après les observateurs des droits de l’homme au Burundi.
Au niveau de la corruption comment voulez vous avancer alors que le Burundi possède toutes les institutions nécessaires pour la combattre mais que rien ne bouge a ce niveau.
Idem pour la justice, elle est sous la botte du parti au pouvoir CNDD-FDD et complètement détournée de son but. La justice est là pour seulement protéger les méfaits de tout genre commis par les membres de ce même parti au pouvoir.
Une constatation s’impose: le régime actuel ne pas s’auto structuré avec les mêmes personnes au pouvoir, on a jamais vu ça nul part au monde et il n aura pas de miracle au Burundi.
Le président en est conscient, maintenant il se propose lui même de reprendre dans ses attributions les ministères de la justice, du plan, etc… il se croit surhumain? Il a 24 h par jour comme tout le monde et il ne pourra pas réussir son pari.
Tout ce qu’il doit faire il le sait mais il est pris en tenaille par le système CNDD-FDD qui a volé toutes les élections sauf celles de 2005 et qui l’a mis en place comme président avec le but de servir les seuls intérêts de ce même parti.
Le CNDD-FDD est entrain d’évoluer dans sa stratégies:1 on ne tue plus les gens en masse mais régulièrement se débarrasser des gens qui gênent, le résultat et le même, 2) on ne refuse plus de parler avec les partenaires étrangers, on fait semblant de discuter avec eux pour endormir leur méfiance dans l’espoir de reprendre les investissements directs avec le gouvernement mais entre temps rien ne bouge en réalité sur place. Espérons que les partenaires étrangers ne se laisseront pas endormir pour les paroles du président de la république qui ne se traduisent par aucun effet sur le terrain.
Dans une de ses causeries dont il affectionne il a bien dit que s’il le veut il peut savoir tous les bénéficiaire des transferts d’argent depuis le regime Bagaza jusqu’à aujourd’hui. Alors qui l’empêche de démasquer les responsables des crimes économiques au Burundi? Tout simplement car il se trouverait sur cette liste également.
Tout ça montre à suffisance la seule voie possible est la déflagration du système actuel suivie par une formation d’une équipe gouvernementale qui revient aux fondamentaux d’un pays démocratique.