La Coopération technique belge (CTB) a amorcé depuis novembre 2010 un programme de pavage à haute intensité de main d’oeuvre dans les communes du nord de Bujumbura. Les travaux avancent au bon train. Mais les apprenant estiment être sous-payés.
Commune urbaine de Kinama, près des bureaux de la poste. Une dizaine d’individus portant des gilets orange, pioches à la main, creusent un caniveau sous un regard attentif d’un chef d’équipe. Plus loin, des maçons apposent des blocs de bétons dans un caniveau déjà aménagé sous un soleil de plomb. Ce sont des « apprenants » du programme de pavage. J.M., un maçon rencontré sur place estime que ce projet a permis à plusieurs personnes d’être embauchées dans les trois communes : « La majorité des habitants de nos quartiers dits périphériques sont pauvres, mais grâce à ce programme nous pouvons avoir de quoi nourrir régulièrement nos enfants. » M.H., un autre apprenant de la catégorie « tous travaux » fait savoir, quant à lui, qu’il gagnait très peu en tant que taxi-vélo. Mais grâce à ce projet, il a un revenu de 60 mille Fbu par mois. Pour lui, ce genre de projet devrait être initié dans tout le pays pour diminuer le chômage et les conflits sociaux, car en plus du travail, les apprenants sont formés à d’autres métiers comme la menuiserie, la soudure, etc.
« Ce salaire ne couvre plus nos besoins »
Tout en saluant ce projet de pavage, certains apprenants sont, par contre, mécontents du traitement salarial leur réservé. P.G, un maçon rencontré à la 1ère avenue du quartier Muyinga en commune urbaine de Kinama n’y va pas par quatre chemins : « Je gagne 5000 Fbu par jour alors qu’ailleurs d’autres maçons perçoivent entre 8000 et 9000 Fbu. » Selon lui, cet argent ne peut plus couvrir les besoins de ses cinq enfants avec la cherté de la vie que connaît le Burundi actuellement. Il demande aux responsables du programme de pavage de revoir à la hausse ces salaires.
D’autres dénoncent la pratique de la CTB de les payer à travers une micro-finance du nom de Mutec, car ils estiment que celle-ci leur prend 1.000 Fbu tous les quinze jours lors de leur paie comme frais bancaire.« Prélever cette somme sur un salaire d’un apprenant situé dans la catégorie tous-travaux qui touche 2500 Fbu par jour est injuste », s’insurge R.H habitant du quartier Twinyoni en commune Kamenge.
Un responsable de la CTB s’explique
Pour Olivier Chanoine, délégué à la cogestion au programme pavage, ces plaintes ne sont pas fondées, car ces gens ne sont pas considérés par la CTB comme des salariés : « A leur arrivée, ils sont pour la plupart sans aucune formation et nous les formons avant de commencer les travaux de pavage. » Et de préciser que l’agence ne leur verse qu’une prime d’apprentissage pour apprenants et non un salaire. En plus de cette prime, souligne-t-il, chaque apprenant bénéficie d’une formation professionnelle pour qu’il puisse mieux s’en sortir après ce programme. Ainsi, chaque groupe travaille pendant 9 mois dont plus de deux sont consacrés à des formations socioprofessionnelles dans divers secteurs auprès des centres spécialisés comme le Centre de Formation et Perfectionnement Professionnelle (CFPP) de Nyakabiga. « Après cette formation, un apprenant qui s’est bien comporté et qui a suivi régulièrement cette formation, perçoit une somme de plus de 200 mille Fbu comme prime d’installation », ajoute-t-il. Concernant les grognes par rapport aux frais bancaires prélevés par la Mutec, Olivier Chanoine, explique que c’est la seule façon sécurisée que les responsables du programme ont trouvé pour assurer le paiement : « Nous avons affaire à un paiement d’autour de 42 millions de Fbu tous les quinze jours. Nous ne pouvions pas donner cet argent en mains propres. » Selon lui, non seulement passer par une institution de micro finance située à Kamenge présente un avantage de proximité pour ces apprenants : « Mais ils apprennent aussi à épargner leur argent et à contrôler leurs dépenses. »
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D’après Olivier Chanoine, depuis le début de ce chantier, un montant de 381 millions Fbu a été payé directement aux apprenants. 829 millions de Fbu aux associations de tailleurs des pierres situées à Bujumbura rural. Ce programme est financé par le Royaume de Belgique à hauteur de 10 millions d’Euros. Il prendra fin en 2014 et compte embaucher trois mille apprenants.
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Selon les prévisions de ce programme pavage, 30 kilomètres de routes seront pavées dans les trois communes urbaines de Kinanama, Kamenge et Nyakabiga. Les apprenants sont choisis au tirage au sort pour éviter toutes formes de discrimination. Ils sont subdivisés en trois catégories dont les chefs d’équipes qui touchent 6.500 Fbu par jour, les qualifiés avec 5.000 Fbu et les tous-travaux qui perçoivent 2.500 Fbu. La CTB épargne pour chacun d’entre eux 1200 Fbu par jour qu’ils touchent au bout de neuf mois. Selon Gaston Ntahomvukiye, agent collecteur des contributions en programme pavage à Kinama, chaque propriétaire devra payer 30 mille Fbu comme contribution. Et cet argent servira à l’entretien des routes.