Les Burundais de la diaspora ont transféré 257 millions USD dans leur pays d’origine sur la période 2013-2018, selon le dernier rapport de la Banque mondiale. Même si comparaison n’est pas raison, la diaspora rwandaise (5e position dans la liste des pays de l’EAC) a plus que quadruplé ce chiffre avec 1,13 milliards USD.
Economie de subsistance, le maître mot. Améliorer les conditions de vie des ménages est, pour l’heure, la préoccupation de la majeure partie de la diaspora burundaise.
Sous le thème «Diaspora, partenaire important pour la mise en œuvre du Plan national du développement», le gouvernement burundais a organisé du 22 au 26 juillet la semaine de la diaspora burundaise, édition 2019. L’expérience marocaine a été partagée avec les participants, mercredi 23 juillet.
Elle est à des années lumières de celle de la diaspora du «Pays des Mille et une Collines». En termes d’histoire, taille, formation, contribution au tourisme, participation aux grands débats nationaux, politique migratoire marocaine efficace. Et le royaume chérifien est considéré comme une «opportunité» par les Marocains de l’étranger.
En quoi ce qui s’apparente au jour (3e diaspora à l’échelle continentale) peut-il servir de modèle à ce qui se rapproche le plus de la nuit – la diaspora burundaise porte le bonnet d’âne dans l’EAC et pas de donnée officielle sur sa taille ?
Performances marocaines en pleine lumière, socle de cette réussite dans un trou noir où la lumière ne s’aventure pas par crainte d’être absorbée. Cette juxtaposition sert à escamoter le nœud du problème dans le contexte burundais.
A quand le dénominateur commun ?
Les mêmes raisons qui empêchent les investisseurs étrangers d’investir s’appliquent aussi à la diaspora burundaise. Un climat de confiance, base de la stabilité politique et de la performance économique d’un pays, fait défaut. Et pour cause ! Les standards internationaux en matière de bonne gouvernance, de respect des principes de démocratie, des droits de l’Homme et de l’Etat de droit ne sont pas convaincants.
En deçà de ces seuils, ce qui divise est amplifié, mis en exergue et finit par donner le la. Le gouvernement est ainsi perçu par un large pan de la diaspora burundaise comme la clé de voûte du «système DD». Et tout système polarise le débat. Dès lors, envoyer des fonds pour des projets d’investissements productifs équivaut à l’affermir.
Dans un contexte politique si clivant, la notion d’«intérêt général» sonne creux, mobilise moins car marquée du sceau de la suspicion, aussitôt évoquée. Seule celle de « système », sa conservation ou sa destruction, parle aux uns et aux autres, détermine la ligne de fracture. Du coup, un dialogue de sourds s’installe durablement : l’accusation en filigrane d’un manque de patriotisme est attrapée au vol pour un meilleur retour à l’envoyeur : le bien commun est le cadet des soucis du pouvoir.
Tant que ces standards internationaux seront une vue de l’esprit, le gouvernement burundais criera dans le désert.