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Pasteur Mpawenayo, ancien secrétaire exécutif et député du Cndd-Fdd : « Un pouvoir qui emprisonne des politiques est dangereux »

05/05/2013 Commentaires fermés sur Pasteur Mpawenayo, ancien secrétaire exécutif et député du Cndd-Fdd : « Un pouvoir qui emprisonne des politiques est dangereux »

Accusé d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat, Pasteur Mpawenayo se dit fier de recouvrer sa liberté. Il réaffirme son soutien à Hussein Radjabu et à ses coaccusés toujours en prison.

<doc4224|left>{Comment avez-vous accueilli la décision de la chambre judiciaire de la Cour suprême de Bujumbura de ce 31 mai dernier ?}

Après quatre ans derrière les verrous, c’est avec une très grande joie que j’ai appris cette nouvelle. Ça a été une satisfaction pour ma famille qui vivait dans le désespoir total. Que Dieu soit loué.

{A votre arrestation, de quoi étiez-vous accusé ?}

D’atteinte à la sécurité de l’Etat, alors qu’il s’agissait d’une divergence de vision politique interne au Cndd-Fdd. En effet, je faisais partie des Bagumyabanga épris du respect de la loi lorsqu’une partie minoritaire du Cndd-Fdd a décidé d’éjecter Hussein Radjabu du fauteuil présidentiel de ce parti. C’était lors du congrès du 7 février 2007 que nous continuerons à qualifier d’illégal et d’irrégulier. Un congrès qui a été tenu en violation de la Constitution (article 80) et du règlement d’ordre intérieur du parti Cndd-Fdd dont j’étais le secrétaire exécutif.

{Comment justifiez-vous cette mise en liberté alors que vos coaccusés sont toujours écroués. Y aurait-il eu un deal ?}

Il n’y a jamais eu de deal entre moi et le pouvoir, car ce dernier me considère comme son ennemi. La Cour suprême statuant publiquement et contradictoirement a prouvé tout simplement que mon dossier était vide. En ce qui me concerne, la justice a correctement fait son travail. Quant au verdict de mes coaccusés, je constate avec amertume que les juges ne se sont pas contentés de dire le droit.

{On vous dit pro Hussein Radjabu…}

C’est un ami de longue date, depuis le début du Cndd-Fdd en tant que mouvement politique armé. Je lui dois beaucoup de respect parce que nous partageons une même vision politique.

{Quelles relations entretenez-vous avec le Cndd-Fdd ? }

Peu importe mon appartenance politique, aujourd’hui. Je reste toujours attaché aux principes de respect de la loi et aux objectifs qui ont guidé la lutte que j’ai menée pendant dix ans : la justice, la démocratie, le respect des droits de l’homme, etc. Ceux qui m’ont emprisonné voulaient que j’abandonne la politique. Je ne cèderai pas pas, pour autant. Le pays a besoin d’hommes visionnaires, qui pensent à leur patrie et non à eux-mêmes.

{Quels souvenirs gardez-vous de la prison ?}

Je n’oublierai jamais cette lenteur administrative dans le suivi et l’avancement des dossiers au niveau des cours et tribunaux, la mauvaise organisation des responsables de Mpimba : le départ des prisonniers pour l’audience accuse souvent un retard et par conséquent, ils arrivent alors que les juges sont partis. C’est regrettable, tout devrait être arrangé la veille. Il y a aussi le surpeuplement, le repas en quantité insuffisante, la misère des enfants vivant avec leurs mères, etc. La seule chose qui réconforte, c’est l’entraide mutuelle qui consolide les relations entre les prisonniers. Les moments de prière aident aussi à garder l’espoir qu’un jour, nous serons enfin libres.

{Quelles leçons tirées de votre expérience à Mpimba ?}

J’ai appris à mes dépens que le pouvoir exécutif s’ingère souvent dans le pouvoir judiciaire. Les magistrats ne sont pas indépendants. La loi est violée par ceux-là même qui ont le devoir de la faire respecter. Cela constitue un handicap majeur dans l’établissement d’un Etat de droit. Un pouvoir qui emprisonne des politiques est dangereux. La dictature devient son mode de gouvernance, ce qui freine la démocratie.

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