Par le Professeur Prime Nyamoya (Canada)
Par où commencer…Moi j’ai connu un homme discret et attachant dès l’internat à Astrida (Butare) dans les années cinquante. En compagnie de son petit frère , Norbert, avec lequel nous avons fait ensemble les quatre cents coups dans Bujumbura des années soixante et au-delà.
Pascal ? J’avoue que je lui dois une grande dette de reconnaissance. Grâce à son immense bibliothèque, j’ai développé tôt ma passion des livres. Tout d’abord avec les bandes dessinées du génie culturel belge dont il avait des collections entières : Tintin, Spirou ou Lucky Luke… qui ont alimenté notre imaginaire de la prime jeunesse.
Plus tard, quand mon niveau de français s’est amélioré, il a fait de moi un bibliophage enragé de lecture. Je luis dois d’avoir dévoré les livres de la série noire de Gallimard où j’ai découvert les grands maîtres des romans policiers. Quel lecteur passionné ne souvient-il pas de Peter Cheney, de Hadley Chase », « Pas d’orchidée pour Miss Blandish » ou l’immense Raymond Chandler avec son célèbre détective, Philip Marlowe. Mais ce bibliophile exigeant imposait une règle d’or pour retourner à sa bibliothèque : il fallait impérativement rendre le livre prêté pour accéder au nouveau.
En outre, cet homme de culture s’intéressait aussi au cinéma dont il était un des fins connaisseurs. Sur invitation, privilège rare, on pouvait voir des films que les salles de cinéma de Bujumbura n’offraient pas à l’époque. Je pense à « Citizen Kane » ou « Le procès de Franz Kafka », films joués par Orson Welles, que je reverrai plus tard sur les écrans des cinémas européens. Il nous a fait aimer le cinéma, ultime forme d’art qui englobe tous les autres. Merci Pascal Kashirahamwe. Adieu. Je demande à la famille, comme dernière faveur, de préserver ses archives qui doivent contenir une bonne partie de l’histoire du Burundi d’une certaine époque.