Des Congolais d’origine burundaise fuient vers Cibitoke depuis deux semaines suite à une rumeur d’un affrontement imminent entre eux et les Bafulero.
<doc6565|left>Assis dans un hangar de l’Office National de Protection des Réfugiés et Apatrides – ONPRA, Noah Ndayirorere (42 ans), un habitant du groupement de Mutarule de la localité de Ruberizi à Uvira, confie : « J’ai fui la semaine dernière lorsque des rumeurs d’une imminente attaque contre notre communauté ont commencé à circuler. »
Selon lui, les tensions ont débuté avec le décès de Ntare Simba, roi des Bafulero survenue la semaine dernière au chef-lieu de la ville d’Uvira : « Il assistait à une rencontre entre les représentants des communautés en conflit et les administratifs d’Uvira et Bukavu. Il a eu une crise et on l’a transféré à Nairobi où il est mort. »
Suspectés d’avoir empoisonné Ntare Simba
Après ce décès, poursuit Noah Ndayirorere, les Bafulero ont accusé les Barundi d’avoir empoisonné leur roi en représailles à l’assassinat de leur roi Floribert Ndabagoye au mois d’avril dernier : « Aidés par des miliciens Maï-maï, des jeunes Bafulero ont attaqué le chef de groupement de Mutarule d’origine burundaise chez lui. » Sur place, poursuit Noah Ndayirorere, ils ont tiré sur un homme, pensant qu’il venait d’assassiner leur chef.
Domitile Zaina (65 ans), voisine de Noah Ndayirorere en RDC, ajoute qu’après avoir constaté leur erreur, ces Bafulero ont juré de mener une attaque, sans déterminer le jour. Suite à ces tensions, des familles entières, poursuit-elle, ont fui vers la commune Rugombo.
Jean-Bosco Nduwimana, coordinateur de l’ONPRA, indique qu’à l’arrivée de ces réfugiés regroupés en 16 familles de 61 personnes, ils ont été recueillis par le HCR et la Croix Rouge : « Ils sont installés sur la colline Karurama et chaque famille a reçu 15 kg de farine de manioc, 15 kg de farine de maïs et 5 gobelets de petit pois.»
Une installation temporaire
Toute fois, le coordinateur de l’ONPRA signale que cette installation est temporaire car ils seront conduits sur un site de transit en construction sur la colline Cishemeye après leur identification et la procédure de demande d’asile : « C’est un site que nous sommes en train d’aménager avec l’aide du COPED et du HCR et il sera fonctionnel dès la semaine prochaine. »
Ces réfugiés estiment que des discussions devraient être amorcées entre le gouvernement du Burundi et celui de la RDC pour trouver une solution durable à ce conflit « Nous sommes fatigués de ces guerres interminables et suspicions. Nous voulons vivre en harmonie avec les autres tribus de notre pays », plaide Domitile Zaina.
Pour elle, ce qui se passe au Sud-Kivu, est une vraie chasse aux sorcières envers leur communauté sous l’œil passif des autorités congolaises et burundaises.
Actuellement, la tension reste vive de l’autre côté de la frontière. Les Barundi craignent une attaque des Bafulero dès la fin des cérémonies d’enterrement du roi Ntare Simba, ce 28 décembre. Un candidat à la députation régionale a appelé les deux communautés au calme, en attendant les résultats de l’autopsie. Reste à savoir s’il sera écouté.
Iwacu a contacté les autorités administratives de la ville d’Uvira pour qu’ils s’expriment, sans succès.