Au cours de cette semaine dédiée "aux victimes d’octobre 1993 et au-delà", le Centre d’Alerte et de prévention des conflits(CENAP) et l’Association pour la mémoire et la protection de l’humanité contre les crimes internationaux (AMEPCI) organisent conjointement un atelier de réflexion et d’échanges sur le rôle que devrait jouer chaque burundais pour une réconciliation progressive. Hier, il était question d’inviter les Burundais à avoir le courage de dire la vérité.
<doc1693|left>En rappelant quelques massacres (Kibimba, 22 octobre 1993 ; Bugendana, 1996 ; …) perpétrés depuis octobre 1993, Tatien Nkeshimana, agent du CENAP indique que les chercheurs burundais et étrangers n’ont pas pu dénombrer avec précision toutes les tueries dans le pays.
Dans son exposé, Jean Marie Ngendahayo, ancien ministre des Relations extérieures et de la coopération dans le gouvernement de juillet 1993, revient sur les causes profondes de la crise de 1993. Il note la fin de la monarchie par le putsch du 28 Novembre 1966 du capitaine Michel Micombero. Un renversement de pouvoir, poursuit M. Ngendahayo, qui a convaincu certaines personnes que celui-ci, que la plupart de burundais croyaient émaner de Dieu, peut s’obtenir par le bout du canon. L’orateur revient également sur les massacres de 1972 dont les victimes n’ont pas eu réparation, soit judiciairement soit psychologiquement. Il souligne aussi la confusion entre les bourreaux, auteurs de l’assassinat du président Melchior Ndadaye et leur ethnie, etc.
Selon Léonce Ngendakumana président du parti Sahwanya- FRODEBU, on devrait d’abord trouver la solution de la situation sécuritaire très critique en ce moment pour qu’enfin les gens puissent dire la vérité sans aucune crainte. « […] Il est grand temps de faire recours à la conscience et d’avancer dans nos idées », indique père Désiré Yamuremye s.j, sociologue et politologue.
Emmanuel Nsabimana et Fabien Bankinyakamwe, respectivement rescapés de Bugendana et de Ruyigi ont fait des témoignages émouvants, les deux ayant perdu toutes leurs familles dans ces massacres : « Avant nous avions nos cœurs meurtris. Mais avec de telles rencontres, nous devenons de plus en plus soulagés parce qu’il y a des gens déterminés, qui veulent dépasser leurs intérêts et témoigner ce qu’ils ont vécu.» Ils exhortent les burundais à faire davantage de la vérité leur instrument de paix et de réconciliation.
Libérate Nakimana, coordinatrice du projet dialogue au CENAP, se dit satisfaite au terme de cet atelier : « Le but de cette rencontre est d’inviter chaque individu à dire la vérité pour préparer la réconciliation et qu’enfin il y ait une commémoration collective plutôt que sélective e 21 octobre 2011. J’ai été contente de voir qu’à la commémoration de Bugendana, les hutu se sont joints aux tutsi, de même que les tutsi se sont joints aux hutu dans une messe en mémoire des leurs à Bubanza, l’année dernière. »