L’Association des Banques et Etablissements financiers du Burundi « ABEF » a procédé à la remise vendredi 23 juin à Bujumbura, des certificats à 74 lauréats et a clôturé le programme de renforcement des capacités des PMEs et des cadres des banques et établissements financiers pour promouvoir les financements innovants et les PPP pour accélérer les ODDs au Burundi. Les bénéficiaires ne tarissent pas d’éloges.
« Nous venons d’octroyer des certificats à 74 lauréats qui ont subi une formation qui a été dispensée par des experts choisis par l’ABEF et UNCDF. La formation était orientée aux dirigeants des petites et moyennes entreprises qui sont les clients des banques », a indiqué Roger Guy Ghislain Ntwenguye, président de l’ABEF.
Il a fait savoir que cette formation de renforcement des capacités, en faveur des dirigeants des PMEs et des cadres des banques, organisée sur la période du 11 au 28 mai 2022 a couvert six modules convenus avec UNCDF.
« Ces dirigeants de PMEs ont été proposés par les banques commerciales qui sont déjà en relation avec eux, sur base de la qualité de leurs projets. », a-t-il informé.
Et de préciser que la formation était orientée au renforcement de leurs capacités notamment pour l’élaboration des plans d’affaires ; ces derniers a-t-il fait observer, constituent un élément capital dans l’analyse de l’octroi d’un financement éventuel.
Par ailleurs, a ajouté M. Ntwenguye, la formation visait, d’autres thématiques qui intéressent la vie d’une entreprise que les organisateurs ont jugé pertinentes « La formation est revenu sur d’autres mécanismes de financement qui existent comme le crédit-bail mais aussi la mobilisation d’autres garanties et d’autres facilités bancaires comme le financement de trésorerie, les découverts et d’autres facilités bancaires à court terme qui sont nécessaires pour le fonctionnement de ces entreprises », a -t- il insisté.
Satisfecit
« Nous nous réjouissons déjà que certains de nos clients qui ont bénéficié de cette formation ont depuis lors amélioré leurs relations avec leurs banques respectives », a indiqué le président de l’ABEF.
Il a fait savoir que la formation résulte des recommandations d’une étude réalisée par UNCDF sur le Diagnostic du secteur financier et proposition d’outils pour l’accélération des Objectifs de Développement Durable (ODD) au Burundi. Et parmi les axes stratégiques qui avaient été mis en exergue lors de cette étude, a-t-il précisé, il a été constaté qu’il y a des difficultés de financement des petites et moyennes entreprises.
Ainsi, c’est dans ce cadre-là que de commun accord avec l’UNCDF, nous avons organisé, dans un premier temps, cette formation qui s’inscrit dans un partenariat de long terme. Et d’informer : « Nous comptons poursuivre le partenariat pour mobiliser ensemble des moyens et des instruments innovants qui vont nous permettre de financer davantage les PMEs qui sont habituellement sur les financements classiques ».
Parmi ces instruments sur lesquels nous réfléchissons, a-t-il signalé, il y a notamment la mobilisation des fonds de garantie ou de ligne de financement mais aussi le renforcement des capacités des acteurs qui sont dans ce secteur.
Le président de l’ABEF a informé qu’une conférence de haut niveau sera organisée conjointement par l’ABEF et le UNCDF au mois de septembre. Cette conférence, va en quelque sorte poser les défis auxquels font face les PMEs mais également essayer de trouver des solutions.
« Nous espérons qu’à la fin de cette conférence une feuille de route et un plan d’action seront établis pour le secteur bancaire burundais via l’ABEF qui continue d’appuyer davantage les petites et moyennes entreprises à la fois en mobilisant des instruments de financement mais aussi par le renforcement des capacités », a-t-indiqué.
Des témoignages
Les bénéficiaires de la formation ne tarissent pas d’éloges. Ils disent avoir tiré beaucoup de dividendes qui leur permettront de promouvoir leurs PMEs.
« J’ai appris comment présenter un plan d’affaires pour pouvoir bénéficier un crédit bancaire. J’ai pu obtenir des orientations, des directives sur comment utiliser les crédits bancaires », s’est réjoui Edouard Sindayigaya, représentant de la société « Etablissement Sindayigaya » qui fait l’agri-élevage, la transformation et la commercialisation des produits agro-alimentaires.
Et d’ajouter qu’il a aussi eu des connaissances sur comment aborder les banques pour obtenir un crédit.
« Nous avons appris beaucoup sur le crédit-bail, le leasing. On a appris comment perfectionner nos plans d’affaires, les réadapter pour qu’ils soient éligibles auprès des banques », Livingstone Mbonyumuremyi de la CFCIB ayant représenté la chambre des jeunes.
Il a fait savoir que les bénéficiaires de la formation ont eu l’occasion d’échanger l’expérience. Il dit avoir acquis tous les éléments nécessaires qui lui permettront de démarrer un business et les procédures légales pour protéger son business.
Pour Mireille Munyana, représentante de la société : Joy and Freedom company et la coopérative « Akariba », la formation a permis aux participants d’échanger d’expérience dans la planification des activités. « Avant on ne connaissait pas comment planifier nos activités, on le faisait à tort et à travers », a-t-elle reconnu.
Pour elle, il faut passer du secteur informel au secteur formel afin de contribuer au développement du pays.
Par ailleurs, a-t-elle ajouté, les participants ont été informés de l’existence d’un modèle de financement par leasing (crédit-bail) qui est l’un des moyens de financement des PMEs.
Elle a demandé aux organisateurs de la formation de plaider pour eux pour qu’il y ait un fonds de garantie. Elle a aussi demandé aux établissements financiers d’alléger les procédures qui, selon elle, sont assez longues pour ceux qui disposent des garanties.
Et de les interpeler afin qu’ils financent le secteur agricole et celui d’élevage. « Les banques financent les industries, les activités commerciales mais pour ceux opérant dans le secteur agro-pastoral, il est difficile d’obtenir des financements auprès des banques. Il faut que les agri-éleveurs obtiennent des crédits parce que ce sont des secteurs porteurs de croissance », a-t-elle plaidé.
Onesphore Nshimirimana est un cadre de la Banque Nationale pour le Développement Economique (BNDE). Pour lui, les clients ont eu l’occasion de se familiariser avec les banques.
Et de témoigner avoir constaté que les dirigeants des PMEs avaient des difficultés à s’adresser aux banques. « On a pu leur montrer que finalement le banquier c’est leur collaborateur, leur partenaire privilégié pour pouvoir faire avancer leurs activités », a-t-il indiqué.
Le secteur privé, une priorité
« Je me rends compte que le partenariat que nous avons eu avec l’ABEF pour mettre ensemble le volet de l’offre et de la demande lié aux circonstances dans lesquelles nous avons travaillé au sein du système des Nations Unies visait à analyser la contribution du secteur privé à l’atteinte des ODDs », a indiqué Katiella Mai Moussa, conseiller technique régional de l’UNCDF au niveau Afrique (Fonds d’Equipements des Nations Unies).
L’UNCDF, dans son rôle et son mandat d’investissement dans le système des Nations Unies, a fait savoir ce haut cadre, contribue à l’accélération des ODDs à travers la promotion du secteur privé.
Et de rappeler les circonstances dans lesquelles ce partenariat a été conclu.
« L’ONU a établi un fonds de développement durable pour lequel nous avons été amené avec un certain nombre d’agences du système des Nations Unies à mener des études diagnostics, explorer, voir comment, au-delà du secteur public et l’aide publique au développement, on peut promouvoir les mécanismes de financements innovants qui peuvent amener le secteur privé à contribuer à l’accélération des ODDs. »
D’où, a-t-il souligné, l’opportunité de renforcer les capacités techniques du côté de l’offre et de la demande pour justement contribuer à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable.
Il faut renforcer les relations
« La confiance qui va s’établir entre la banque et ses clients doit se concrétiser normalement dans les faits. Les échanges privés que nous avons eus pour parvenir à ce partenariat ont été vraiment très concluants », s’est réjoui Katiella Mai Moussa.
Et de rassurer le président de l’ABEF : « Nous, en notre qualité de représentant du système des Nations Unies, nous allons vous aider à avoir confiance en nous ». Cette confiance, a-t-insisté, suppose de nous conformer à un certain nombre de règles que les banques et les établissements financiers imposent.
Pour lui, il faudrait qu’à travers ces formations, on puisse bâtir les relations qui existent et que les projets qui vont être soumis aux banques puissent trouver l’agrément.
Et de promettre : « Nous allons tout faire pour pouvoir répondre aux questions de garantie, des prêts, des lignes de crédit que nous allons pouvoir placer au niveau de ces établissements ».
Il a fait savoir que UNCDF a déjà commencé à avoir des partenariats avec certaines banques sur place. Et de préciser qu’ils vont continuer à le faire. Et de marteler : « Aujourd’hui, les pays en développement ne peuvent pas se fier uniquement aux ressources mobilisées par les gouvernements au niveau local. Ils n’ont pas suffisamment de capacité de le faire même si le potentiel fiscal est là. Donc le secteur privé doit jouer le rôle moteur ».
Signalons qu’avant la cérémonie de remise des certificats, le public a pu suivre le rapport du coordonnateur de la mission qui a été présenté par le Pr Dr Cyrille Sigejeje.
Il a fait savoir que la formation comportait 6 modules de grands intérêts pour les bénéficiaires. Il s’agit de la fiscalité applicable aux PME ; le leasing, une opportunité pour le financement des PMEs ; les instruments de mobilisation des créances commerciales en faveur des dirigeants et promoteurs des PMEs ; comment optimiser l’organisation de l’activité crédit ; la conception des plans d’affaires en faveur des dirigeants et promoteurs des PMEs et le respect des contrats entre banques et clients déposant ou bénéficiaire de crédit.
Pour Cyrille Sigejeje, la formation été une grande réussite. « En ma qualité de coordonnateur de la formation, j’ai été un témoin privilégié de l’engouement et de l’assiduité des bénéficiaires. J’ai été aussi témoin de la pertinence et de la clarté des exposés des formateurs, eux aussi assidus à la tâche », a-t-il témoigné.