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Parlons Énergies et Mines au Burundi : qui fait quoi, quand, et où ?

05/05/2013 Commentaires fermés sur Parlons Énergies et Mines au Burundi : qui fait quoi, quand, et où ?

Annoncé comme pouvant booster l’économie burundaise, le secteur minier attire des investisseurs. C’est la ruée. L’or, le pétrole et surtout le nickel sont les plus convoités. Mais il faut de l’énergie pour avoir cette manne. Le ministre burundais de l’Energie et des Mines a rencontré Iwacu.

<doc6000|left>A y voir de près, le Burundi serait une mine à ciel ouvert. D’après le ministre Côme Manirakiza, il n’y a pas mal d’investisseurs qui commencent à intervenir et à s’intéresser au secteur minier : « Nous sommes dans une phase d’évaluation du potentiel minier de notre pays. Il nous faut connaître le type de minerais, leur quantité et leur localisation, avant la phase d’exploitation proprement dite », fait savoir le ministre burundais de l’Energie et des Mines.

{Pendant les vacances, j’étais orpailleur}

Selon lui, ce qui se fait aujourd’hui pour l’or, le coltan et les minerais associés, n’est tout simplement qu’une exploitation artisanale, à encadrer. Ces types de minerais ont été exploités depuis longtemps : « J’ai moi-même exploité l’or et le coltan quand j’étais petit. C’était mon activité préférée pendant les vacances à Bubanza, on le faisait d’une manière anarchique, incontrôlée mais aujourd’hui il faut des règles. »
C’est notamment, poursuit-il, avec la mise sur pied du Mécanisme de suivi et de certification des minéraux conclu entre les pays membres de la Conférence internationale sur la région des grands lacs (CIRGL). « Il faut lutter contre l’exploitation illégale des minerais parce que ces derniers peuvent être source d’insécurité. On ne peut pas empêcher aux gens d’exploiter des minerais qui sont à leur portée », reconnaît le ministre burundais de l’Energie et des Mines. « Il a fallu les regrouper en association connues pour pouvoir bien contrôler leurs activités », fait savoir le ministre Manirakiza, tout en soulignant ignorer la quantité d’or ou de coltan exploitée aujourd’hui au Burundi.

« Il faut connaître d’où proviennent les minerais qui sont vendus ou achetés. Il y a embargo sur les minerais exploités en zone de conflits. Il faut une certaine traçabilité, il ne faut pas que l’argent provenant de la vente de ces ‘{minerais sales}’ serve pour l’achat des armes ou alimente le trafic des armes », explique-t-il. « Quand on achète des minerais, il ne faut pas oublier que l’on peut sans le savoir financer ou approvisionner des bandes armées », fait remarquer le ministre Côme Manirakiza.

Le nickel ou la manne

« Il y a longtemps que l’on parle de ce nickel, j’entendais cela quand j’étais petit », se rappelle le ministre Côme Manirakiza. Aujourd’hui, poursuit-il, il y a essentiellement deux sociétés qui s’occupent de la prospection. Il y a tout d’abord BMM qui s’occupe des sites de Musongati, de Nyabikere et de Waga. « Elle est très avancée sur ces trois sites. Cette société a déjà déposé son rapport », affirme le ministre de l’Energie et des Mines. Il y a une autre société qui fait des recherches du nickel à Muremera, dans la province de Ruyigi, c’est Danyland.

« Il est donné à chaque société de prospection une période initiale de 3 ans avec possibilité de prolongation pour une durée de 2 ans renouvelables 2 fois. Cela veut dire qu’une société ne peut pas dépasser 7 ans à faire des recherches », souligne le ministre Manirakiza.

Selon lui, le ministère de l’Energie et des Mines est en train d’étudier le rapport : « Si le contenu du rapport correspond aux donnés disponibles au ministère, la phase suivante sera consacrée à l’étude des capacités financières et techniques de la société BMM pour enfin de compte pouvoir passer à l’étape de l’exploitation », souligne le ministre Côme Manirakiza.

D’après lui, le code minier burundais stipule que la société qui a fait des recherches est prioritaire pour acquérir la concession d’exploitation : « Mais une société peut être capable pour les recherches et ne pas être outillé pour l’exploitation », signale le ministre burundais de l’Energie et des Mines. Selon lui, il revient au gouvernement de décider. Sinon, ajoute le ministre Côme Manirakiza, il faut lancer les appels d’offre.

« Pour le nickel de Musongati, il n’y a pas encore de décision, on est encore au niveau de l’instruction du dossier. Pour la société Danyland, les recherches se poursuivent », précise-t-il sans vouloir se prononcer sur l’existence de traces d’uranium et de platine signalées au nord ouest du Burundi : « Bon…Euh,…Enfin…Il peut y avoir beaucoup de diversités de minerais dans notre pays. On est encore au niveau de l’évaluation du potentiel, mais à côté du nickel, il y a du coltan, du colombo-tantalite, du wolframite, des terres rares et des hydrocarbures dans la plaine de l’Imbo et dans le lac Tanganyika », se contente de dire le ministre Côme Manirakiza.

<doc5997|left>L’or noir dans l’Imbo

Il y a 3 sociétés qui sont en train de travailler dans cette plaine et même dans la lac Tanganyika : « Il y a la société Surestream, il y a A-Z Petroleum et il y a Minergy. Elles donnent régulièrement des rapports trimestriels, on voit qu’il y a des indices et des descentes sur terrain sont prévues pour voir ce qui se passe réellement. On peut être optimiste », signale le ministre burundais de l’Energie et des Mines avec un air de satisfaction.

Énergie : le commencement du commencement

« J’aime dire que l’augmentation de la production d’énergie, réduirait à coup sûr le taux de chômage. Il y a des entreprises qui verraient le jour et il y a des emplois qui seraient créés », explique le ministre burundais de l’Energie et des Mines, Côme Manirakiza. Il affirme consacrer 90% de ses efforts à étudier différents projets ou solutions alternatives pour augmenter la production énergétique dans ce pays.
Le Burundi ne dispose que de 45 mégawatts avec un réseau vieux. Les récents efforts fournis pour produire de l’énergie datent de 1989. « Depuis lors, il n’y a jamais eu d’autres production. On ne fait que des extensions, des raccordements et c’est tout », déplore-t-il.

« En 2006, il y avait 35.000 abonnés, vers la fin de 2011, on comptait 60.000 abonnés et c’est toujours sur les 45 mégawatts. Il faut impérativement accroître la production et il faut pour cela des investisseurs », souligne le ministre Côme Manirakiza avec insistance et détermination.

Dilemme

« Pour que les investisseurs viennent, il faut augmenter les prix et c’est la condition. J’ai du mal à le convaincre les investisseurs, même avec les nouveaux tarifs pratiqués à la REGIDESO (Société de distribution d’eau et d’électricité). Imaginez si c’était avec les anciens tarifs ! » Eclat de rire.
« Ces investisseurs calculent comment ils pourraient amortir leur capital. Ils essaient de comparer le Burundi aux autres pays de la sous région. On explique alors qu’il faut de l’énergie pour augmenter le niveau de vie et le pouvoir d’achat. Une fois ces préalables acquis, l’augmentation du prix pourraient intervenir », fait remarquer le ministre burundais de l’Energie et des Mines tentant de justifier son combat pour la révision à la hausse des tarifs de la REGIDESO. « J’ai même failli, un jour, faire appel aux chômeurs pour me soutenir parce qu’avec plus d’énergie produite, il y aurait plus d’emplois », explique le ministre Côme Manirakiza.

Déficit énergétique : tout faire pour infléchir la courbe

Avec la centrale hydroélectrique de Mpanda (en pleine zone du parc de la Kibira) dont la fin des travaux est prévue pour 2015, il y a aura un supplément de 30% d’énergie. Elle aura une capacité de 10,4 mégawatts. Ce projet  est financé par le budget de l’Etat burundais à un coût total d’environs 60 milliards de Fbu. Le gros des travaux a été confié à une société chinoise, la CNME-CGC.
Il est également prévu de construire une autre centrale hydroélectrique sur la Kaburantwa. C’est un crédit indien de 80 millions de dollars. Elle aura une capacité de 20 mégawatts. Les travaux seront exécutés par une société indienne AIL, ’’Angélique International Limited ’’. Les constructions débutent vers la fin de cette année.

A côté de cette centrale, il y a une autre qui sera construite sur la rivière Kagunuzi. Sa capacité est de 12,5 mégawatts. Sa construction est confiée à une société suédoise, l’African Power and Water. C’est sur base d’un contrat de concession entre le gouvernement burundais et cette entreprise.
La rivière Ruzibazi offre également une possibilité de construction d’une autre centrale hydroélectrique. Elle pourra fournir 17 mégawatts. Des négociations avec la Chine pour le financement des travaux sont très avancées et elles sont prometteuses.

Il y a aussi au programme pour combler le déficit énergétique, un projet de construction de deux autres centrales hydroélectriques : l’une sur la rivière Jiji et l’autre sur la rivière Murembwe. Les deux centrales pourraient générer 50 mégawatts. Des pourparlers avec la Banque mondiale, l’Union européenne et l’Afrique du sud sont avancées.

Au niveau régional, il est prévu la construction de la centrale Ruzizi III pour le compte de la RDC, du Rwanda et du Burundi avec une capacité de 146 mégawatts. La mobilisation des fonds est déjà effectuée. Le Burundi a bénéficié d’un don de 22 millions d’Euros de la part de l’Allemagne comme contribution au financement de ce grand projet hydroélectrique.

<doc5996|right>La centrale de Rusumo Falls dont les travaux de construction débutent avec 2013 pour se terminer en 2016, sera partagée entre le Burundi, le Rwanda et la Tanzanie. Sa capacité est estimée à 80 mégawatts. Plusieurs études ont été déjà menées. La Banque africaine de développement (BAD) et la Banque mondiale(BM) ont accepté de financer ce projet. La BM compte débourser 360 millions de dollars.

A côté de ces centrales hydroélectriques, il y a des projets d’interconnexion des réseaux électriques au niveau régional. Il y a la construction de 2 lignes à haute tension : Ruzizi (RDC) – Bujumbura pour une enveloppe totale de 15 millions d’Euros et Kigoma (Rwanda) – Rwegura avec un montant de 3 millions d’Euros. Le financement de ces 2 projets est déjà acquis, il est assuré par l’Allemagne.
Cette interconnexion pourrait même arriver en Ethiopie. Les pays disposant d’un surplus d’énergie pourraient fournir ou dépanner les autres à la commande. Il y a des projets développés par NELSAP (Nile Equatorial Lakes Subsidiary Action Program) dans ce sens. L’énergie provenant des centrales hydroélectriques de Jiji et de Murembwe sera acheminée vers Gitega, une ville qui va bénéficier de cette interconnexion régionale.

En attendant …

Mais en attendant la fin des travaux de construction de ces centrales hydroélectriques prévue pour 2016 ou 2017, le pays doit vivre et continuer à tourner. Le recours aux centrales thermiques pour faire face à la demande toujours croissante, s’impose. Ces dernières sont très coûteuses et ne peuvent être allumées que pendant quelques heures lors des fortes demandes. C’est en attendant que le niveau d’eau du barrage de Rwegura monte. « Mais on accepte de travailler à perte, on n’a pas de choix », déplore encore une fois le ministre Côme Manirakiza.
Il indique que la Banque mondiale a accepté de financer une centrale thermique avec une enveloppe de 5 millions. Selon les prévisions, elle sera fonctionnelle au mois de février prochain.

<doc5998|left>Au chapitre des énergies renouvelables, il y a un investisseur américain d’origine haïtienne avec sa société REVOSOL Solar Energy qui propose une centrale solaire qui pourrait produire jusqu’à 100 mégawatts. Selon le ministre Côme Manirakiza, des contacts ave cet industriel sont prometteurs.
Il y a aussi un autre investisseur français à la tête d’une société appelée CITELUM qui compte mettre sur pied une centrale solaire et se lancer dans la production de l’énergie à partir des déchets qu’on pourrait collecter dans la ville de Bujumbura. Cet investisseur est déjà à l’œuvre, il est en train de travailler avec des techniciens du ministère de l’Energie et des Mines, il compte développer 12 mégawatts.

D’après le ministre Côme Manirakiza, il y a d’autres propositions en rapport avec l’énergie éolienne. Il y a également une entreprise islandaise appelée Reykjavík Energy, déjà présente en Ouganda, qui propose un projet d’explorer la possibilité de développer de l’énergie géothermique au Burundi. Des pourparlers avec le gouvernement islandais sont avancés. Des experts islandais comptent explorer différents sites d’eaux thermales pouvant générer de l’énergie.

Sans énergie, pas de nickel

« D’ici 2017, l’optimiste est permis, avec tous ces projets, il y a espoir qu’il y aura assez d’énergie pour satisfaire à la demande toujours croissante et pouvoir exploiter notre nickel », fait remarquer le ministre burundais de l’Energie et des Mines.
La première phase de l’exploitation du nickel demande environ 80 mégawatts et cette quantité pourra augmenter jusqu’à 150 mégawatts au cours de la deuxième phase d’extraction des différents gisements de ce minerai qui suscite tant d’espoirs.
« Nous sommes prêts pour l’exploitation du nickel mais il y a deux préalables : il nous faut d’abord de l’énergie et il nous faut un chemin de fer. Tout cela est fait en parallèle. Il y a la BAD (Banque africaine de développement) qui promet de financer la construction d’un chemin de fer dans cette sous région. Une chose est sûre, le train est en marche », signale le ministre Côme Manirakiza affichant un air optimiste.
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