« Au Burundi, des politiciens font régner consciencieusement le mensonge pour donner de l’efficacité à leurs discours et à leurs actions, pour se justifier, légitimer leurs choix et leurs actes…Ils dissimulent, contournent, déforment systématiquement la vérité, sans en ressentir la moindre gêne. » Un politologue, qui a souhaité garder l’anonymat (on ne sait jamais) , a fait ce commentaire après les propos du président de l’Assemblée nationale le 18 février dernier à Matongo, sa commune natale.
L’auguste personnalité expliquait à la foule sa vision du système monétaire. Entre autres paroles : « Quand les gens disent que la valeur de notre monnaie est inférieure à celle des autres monnaies de la sous-région, c’est faux, c’est impossible. C’est que les Blancs comptent nous garder sous leur emprise, puis nous faire croire que nous sommes pauvres ». La sortie du Très Honorable député a choqué. Il est depuis sous les feux des critiques.
Sur son site, le journal Iwacu a fait le verbatim de ses propos en français. Les commentaires fusent de partout, certains avec un raisonnement très scientifique, une réaction a retenu mon attention et, avec une pointe d’humour noir, résume tout. « Si j’étais BRB (Banque centrale), le jour où il partira en mission à l’étranger, au lieu de lui donner 2 000 dollars, je lui donnerais 2 000 FBU. Après tout, notre monnaie a plus de valeur que le dollar… »
Contrairement à certaines critiques, cette sortie n’est pas le fruit du hasard. En politicien, il sait que la monnaie burundaise connaît une dépréciation sans précédent, l’inflation est quasi-générale, avec un manque criant des produits de première nécessité comme des produits stratégiques. La pénurie récurrente de l’essence en dit long.
La raison principale est justement le manque de devises, le dollar en particulier. Selon certaines théories politiques, en pareilles circonstances, un politicien peut employer un discours délibérément simpliste, sans nuances, et affirmer ce qu’il sait faux.
« Papa, il a menti », m’a fait remarquer ma fille qui a visionné la séquence. « Non, il a voulu tout simplement dire… » J’ai bafouillé, faute d’arguments. – On nous a dit toujours, dès notre tendre enfance, qu’une grande personne, un chef ne ment jamais… J’aurais voulu que ma fille garde foi dans les personnes adultes. J’avais honte, mais je ne voulais pas aussi mentir, à mon enfant. Situation gênante.
Il y a de ces propos que certains responsables devraient garder pour eux. La jeunesse a tendance à idéaliser, à prendre pour référence les discours de ceux qui dirigent. Leurs propos sont cités. Qui n’a pas fait la dissertation sur les paroles de notre héros de l’indépendance ? : « Vous nous jugerez à nos actes et votre satisfaction sera notre fierté ».
Ou pour les moins âgés, les propos du héros de la démocratie ? : « La démocratie ne peut s’épanouir que lorsque le pouvoir est librement et légalement transmis ». La sincérité des hommes et femmes politiques burundais- ou plutôt son absence- inspirera ou désorientera les générations futures. Pardon, ma fille, pour tous ces mensonges.
Merci Karinda de revenir a notre culture et valeur d Ubushingantahe.
Les grandes nations gardent leurs valeurs et leur culture.
C est ce qui fait leur force.
Cela avait pris des siècles pour batir cete valeur/Cultures. (Que j etais fier de vanter aux Nigerians, Ghannees, Rwandais, ugandais, etc…-nos fetes grandioses, auxquelles j avais assisté jeune -, de Kwatirwa. Nous étudions à l’Université Patrice Lumumba!!!!!!! Ils me disaient que cela n’existait pas chez eux. Du moins sous cette forme). Maintenant , on préfère des Bikorane ou on lit des versets coraniques ou bibliques. Je dirais ce n est pas notre culture, nos valeurs profondes.
Maintenant un groupe a decidé de démolir une institution séculaire aprement construites par leur aieux.
Un Mushingantahe ne devrait pas mentir.
Merci a Iwacu si vous vcoulez bien publier mon petit commentaire
Les Burundais ont les dirigeants qu’ils meritent . Apres tout c’est eux qui les ont vote . Ils n’ont qu’a blame eux memes
la réalité économique du Burundi constitue un objet de honte au leadership de ce pays. Avoir une autorité qui raconte des choses incongrues sur un thème scientifique comme celui d’économie monétaire est une chance pour le politique, honte pour le pays et un coup de poignard pour la population.
Mais pourquoi les porte parole ne montent pas au créneau et ne donnent une explication aux propos de la 3eme personnalité du pays?
La raison est simple. Ils ont honte comme le père de cette fille. Mais la décence aurait exigé que le très honorable explique ou s’excuse de son dérapage. J espere que les bihange qui le frequentent lui lisent nos messages candides.
Étant très honorable, sa parole l’est autant. Qui oserait lui dire le contraire?
Effectivement, s’il n’y a pas d’explication ou mise au point de la part d’une personne autorisée, on finira par croire qu’il y a solidarité dans le mensonge. Et se poser des questions sur la valeur de la parole de nos chefs.
Mais qu’est ce que vous voulez? Ces memes dirigeant ont aboli le principe qui regissait l’honnetete, la bravoure, le « accountability » qui est l’institution d’Ubushingantahe. Ils disent, sur les hauts des toits qu’il n y a plus d’ubushingantahe, il n y a que des « Abagabo ». Or, tout le monde, de sexe masculin peut ou sera umugabo dans sa vie ma pas « Umushingantahe ». Alors, si on n’est pas umushingantahe, on peut dire tout ce qu’on veut.
Note: Je veux pas dire que toute personne non initiee a le droit de dire ou de faire tout ce qu’il veut. Loin de la. On a perdu notre identite, notre culture d’ubushingantahe…
Excuse l’orthographe.
Les dirigeants oublient que parfois: Mieux vaut parfois se taire que parler.
Ils disent des mensonges, ils promettent et ne réalisent pas et pensent que le Peuple croit à tout, ne sait rien ou ne vérifie pas.
Non. Il est de bonne foi le sieur. Harya burya niko avyumva n’ukuri ntikwari uguhenda abanyagihugu. abenegihugu bambe
« La jeunesse a tendance à idéaliser, à prendre pour référence les discours de ceux qui dirigent ».
Je suis d’accord avec vous. Mais avec le mensonge qui s’érige en mode de gouvernance, la jeunesse va manquer de référence. Son avenir est hypothéqué, la vérité, l' »ubuntu » vont céder place à l’hypocrisie et la ruse.
Malheureusement niko vyamye na mbere hose. On à tendance à penser que toute parole qui sort de la bouche d’un dirigeant est sacrée. La jeunesse memorise et immortalise le slogan comme si il vient du ciel. Quand on manque de référence, on s’en prend à tout le débris ramassés dans la rue. La pauvreté se lit sur les visages des burundais, la preuve absolue est la dépréciation en catastrophe de la monnaie locale face au dollars américain. Je comprends, ou ce combat nécessite des mesures exceptionnelles, vraleadership kp etc. C’est pas facile mais, le mensonge ne resoud en rien. Passons des mots à l’action .
Mais non, il n’a pas menti, il a tout simplement exprimé des faits et vérités « alternatifs ». Je peux donner quelques exemples : à propos de la corruption et du vol, nos voisins (sans les nommer) disaient « on ne vole pas, on déplace » (on déplace un bien d’une personne à une autre, d’un lieu à un autre). Le côté illégal de l’acte disparaît ainsi. Vous vous rappelez sans doute de la personne qui a dit – il y a de cela quelques années – qu’en politique « on ne tue pas, on fait disparaître les obstacles » (bakura intambamyi). Cela ne m’étonne guère que certaines personnalités épousent cette façon de parler et ne se gênent pas à nous faire avaler des couleuvres.