Il le dit lui-même, son retour au pays ce dimanche matin 1er Juillet, jour de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance du Burundi, est un signe d’un dégel politique. Sa mission : jeter les ponts entre l’opposition extraparlementaire et la majorité présidentielle.
<doc4455|right>Mandaté par qui ? Selon lui, personne. Il se défend du bec et des ongles. Il affirme qu’il n’est « pas à vendre encore moins à acheter » et que sa démarche est personnelle, bien réfléchie : « Un leader doit prendre des risques et c’est ce que j’ai fait. Si le président de la République m’a permis de venir, c’est qu’il y a ouverture », tient à souligner Pancrace Cimpaye.
Il est apparemment marqué par le film {Invictus} où l’ex président de l’Afrique du Sud, Nelson Mandela, le héros de ce long métrage, n’hésite pas à prendre des risques en acceptant de faire jouer les Springboks, un des symboles de l’apartheid aux yeux des Noirs, pour remporter la coupe du monde de rugby.
« La victoire a été saluée par toute la ’’Rainbow Nation’’, sans exception », signale Pancrace Cimpaye prenant aussi pour modèle feu Ndadaye et le sénateur Sylvestre Ntibantunganya : « Quand ils ont pris l’option de rentrer au pays pour mener la lutte démocratique, il y a des compatriotes qui ont désavoué leur démarche », fait-il remarquer pour justifier sa décision.
Il précise qu’il n’a pas encore changé de camp et qu’il est toujours membre de l’opposition extraparlementaire. Une chose est sûre, l’exil et surtout la rencontre de Caux en Suisse où plusieurs politiciens burundais ont eu à échanger, ont marqué à jamais et métamorphosé ce ténor de l’opposition extraparlementaire.
Pancrace Cimpaye semble avoir changé de ton et de langage. Selon lui le moment est venu pour que la majorité présidentielle et l’opposition extraparlementaire accordent leurs violons : « Je voudrais remercier le président de la République qui m’a permis de rentrer au pays. J’ai décidé de venir pour donner un message fort autour de la célébration du cinquantenaire. C’est un message d’espoir pour le peuple burundais, un message de détente entre la majorité présidentielle et l’opposition extraparlementaire. »
Dans son argumentaire, il invoque même des versets bibliques tirés du {Lévitique} : « Le cinquantenaire est une année de réjouissance pour le peuple, une année de libération, de convivialité … Il y a un temps pour la guerre et il y a un temps pour la paix, il y a un temps pour la haine et il y a un temps pour l’amour », reprend Pancrace Cimpaye.
D’après lui, il faut pour le moment privilégier la force du dialogue et non le dialogue de la force : « J’estime que les hommes politiques devraient donner le ton, un signal fort pour un nouveau départ. Il ne faut pas se complaire dans les différends qui nous opposent, il faut plutôt trouver un terrain d’entente et faire des concessions de part et d’autre », fait savoir Pancrace Cimpaye, qui estime que le camp présidentiel doit bouger de sa ligne, l’opposition de même.
Il appelle chaque camp à faire preuve d’empathie : « Il faut que la majorité présidentielle puisse scruter l’âme de l’opposition et comprendre ses peurs, ses frustrations et vice versa. » Pancrace Cimpaye affirme qu’il y a des garanties quant à sa sécurité et qu’il n’a pas non plus à se faire de soucis quant aux poursuites judiciaires à son encontre.