Les riziculteurs de la zone Rukaramu en commune Mutimbuzi non loin de la ville de Bujumbura disent enregistrer un manque à gagner énorme suite à une maladie sévissant dans les rizières depuis ces derniers mois. Ils appellent à des recherches approfondies pour trouver la solution dans l’immédiat.
« Sur une parcelle où on récoltait entre 25 et 30 sacs de 100 kg, on ne récolte plus que 2 ou 3 sacs. On ne pourra pas rembourser les crédits contractés pour investir dans cette culture », raconte, avec amertume, un riziculteur rencontré dans sa rizière à Rukaramu, ce 21 août.
Pour Juvénal Ntamishimiro, un autre riziculteur opérant dans la même localité, cette maladie est une calamité. Riziculteur depuis 20 ans, il indique n’avoir jamais connu une si grave maladie frappant la riziculture.
Il dit avoir pulvérisé différents insecticides proposés par des techniciens agronomes, en vain : « Pour certains riziculteurs, on ne perd pas du temps pour venir récolter. On appelle les éleveurs pour couper toute la rizière et aller nourrir leur bétail ».
M. Ntamishimiro témoigne avoir enregistré un manque à gagner énorme suite à cette maladie : « C’est triste de voir sa rizière devenir tout jaune après quelques semaines et cela après avoir dépensé au moins 1 million de BIF. Je ne sais plus à quel saint me vouer. Aucune solution n’a été proposée jusqu’à présent ».
Il appelle les autorités habilitées à trouver une solution pour combattre cette maladie pour que d’autres champs dans les différentes localités ne soient pas attaqués.
Même appel avec Bonaventure Ntahondereye, responsable d’une coopérative de riziculteurs opérant sur un périmètre de 357 hectares à Rukaramu.
Il dit avoir informé la SRDI (Société rizicole de développement de l’Imbo) qui encadre les coopératives des riziculteurs dans cette zone : « Des techniciens envoyés par la SRDI et l’IRRI (Institut international de recherche sur le riz) sont tous venus faire le constat. Ils ont fait le tout possible pour sauver la situation. Nous avons pulvérisé des insecticides, mais la situation s’est empirée du jour au lendemain ».
Selon lui, la perte sera d’environ de 90 %. Il en appelle à des recherches approfondies pour identifier cette maladie et proposer des solutions pour la combattre.
La rotation des cultures, une des solutions
Le directeur d’encadrement à la SRDI, Jean Kennedy Samaniro, explique que c’est la panachure jaune, cette maladie virale qui a attaqué les rizières de Rukaramu, encadrées par cette société.
Selon lui, le degré d’attaque a été très sévère malgré le traitement depuis la préparation des semences : « Ce n’est pas une nouvelle maladie au Burundi et dans la région. Mais, à Rukaramu, nous venons d’enregistrer un degré d’attaque sévère par rapport à d’autres cas. Elle a fait des dégâts au moment de la récolte pour certains riziculteurs ».
Il confie que la SRDI et le ministère de l’Agriculture ont déjà commencé des recherches sur certaines variétés de riz pour trouver celles qui peuvent résister à cette maladie virale.
D’après lui, on a aussi décidé de reporter la saison culturale d’octobre prochain jusqu’en janvier de l’année prochaine : « Nous voulons qu’on y mette des cultures vivrières pendant cette période de quatre mois afin de faire la rotation avec la riziculture. La rotation des cultures est l’une des techniques de lutte contre les maladies ».
Et de tranquilliser les riziculteurs qui n’ont pas récolté suite à cette maladie : « Ils ne vont pas payer la redevance cette saison, comme ils le faisaient avant ».
La panachure jaune du riz est un pathogène majeur du riz qui entraîne des pertes de production considérables allant jusqu’à la destruction totale de la rizière.
»Il confie que la SRDI et le ministère de l’Agriculture ont déjà commencé des recherches sur certaines variétés de riz pour trouver celles qui peuvent résister à cette maladie virale. »
Oryza glaberrima est une espèce de riz très résistante au virus causant la panachure du riz.