Installée au Canada, une femme burundaise veut aider les mères adolescentes. Une belle opportunité pour toutes les jeunes filles, souvent mises au ban de la société.
Elle n’a rien oublié, Pamella. Elancée, ferme et douce en même temps, elle parle « cash », avec cette sincérité que l’on prête aux personnes nées à Ngagara. De cette jeunesse au quartier, marquée par ce qu’elle appelle « un accident de la vie », Pamella Mubeza n’a rien oublié.
« J’ai eu ma fille très jeune », raconte-t-elle. Elle se perd un moment dans ses souvenirs. Dans cette société burundaise très hypocrite, les jeunes mamans sont stigmatisées, mises sur la touche. Ce n’était pas facile dans Ngagara, cette cité qui remplissait tous les dimanches l’église Saint-Joseph. Au Burundi, être une jeune mère, communément appelée « fille-Mère », n’est pas drôle. La communauté te refuse le droit d’être ni une mère, ni une fille. D’ailleurs, pour elle, le terme de « fille mère » est inapproprié, discriminant et rabaissant, chaque mère est une mère peu importe qu’elle soit mariée ou pas. « Tout au plus utilisons les mots mères adolescente et mères célibataires. » Pamella Mubeza est sévère à l’égard des hommes.
« Bien des hommes à ce moment croient que te faire la cour est une aubaine pour toi, ou une faveur qu’ils te font, ils te draguent sans retenue, comme si désormais tout est permis : tu es une fille mère. »
Elle égrène alors les souffrances publiques ou contenues : « La jeune fille aux yeux de la société apparaît comme une personne aux mœurs légères qui a jeté l’opprobre sur sa famille, l’école lui est interdite, le règlement scolaire est sans appel. Sans aucune ressource, ignorée par sa famille à qui elle fait honte, la jeune maman sombre dans la pauvreté et la dépression. »
Pamela Mubeza dit que sa famille ne l’a jamais abandonnée. Mais devenir à la fois mère et adolescente reste « le pire cauchemar ».
Ce traumatisme la poussera à créer au Burundi l’association de « Maman Célibataires », en vue de permettre aux jeunes mères de se réinsérer socio économiquement, de renforcer leur estime de soi et surtout de garder leur dignité par la défense de leurs doits en tant que femme et fille
Aujourd’hui installée au Canada, à Ottawa, l’activiste et défenseure des droits des femmes /fille veut continuer son combat et aider les mères adolescentes .
Elle vient de lancer une campagne pour identifier des jeunes filles-mères de moins de 17 ans pour leur venir en aide. « Nous sommes prêts à couvrir les frais scolaires (peu importe le niveau scolaire) ainsi que les frais de garderie (au Burundi il s’agit des nounous à domicile) pour son enfant pendant deux ans. »
Les conditions sont donc claires: « Vous êtes Burundaise, avez moins de 17 ans actuellement, vous avez dû abandonner vos études à cause d’une grossesse, et vous désirez reprendre l’école, contactez-nous », annonce Madame Mubeza.
L’ancienne Jeune mère célibataire veut donner aux jeunes victimes de « viol », car selon la loi burundaise « les mineures ne peuvent pas consentir aux rapports sexuels », la chance, plutôt le droit de poursuivre leurs études.
L’hiver canadien n’a pas refroidi la chaleur, et le leadership de Pamella Mubeza pour ce qui a été toujours le combat de sa vie : la dignité des femmes et des jeunes mères adolescentes, malgré « les accidents de la vie. » Et Mubeza de conclure:
« Je sais ce que vivent au quotidien ces filles, je comprends leur calvaire. Je voudrais qu’un jour toutes les filles ne deviennent des mères que lorsqu’elles le désirent vraiment. »
Les mères adolescentes dans le besoin peuvent prendre contact avec Pamella Mubeza :
+ 1(613) 2556 818 (whatsapp) ou
+250786964537
E-mail : [email protected] ou sur tweeter @pamellamu1
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