Dimanche 30 mars 2025

Editorial

Paix à l’Est du Congo : un enjeu crucial pour la stabilité de l’EAC

28/02/2025 5

La Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) est reconnue comme l’un des blocs régionaux les plus intégrés du continent africain. Depuis l’instauration effective du marché commun en 2010, la libre circulation des biens, des personnes, du travail et des capitaux a renforcé son dynamisme économique. Deux des quatre piliers fondamentaux de l’intégration, à savoir l’union douanière et le marché commun, sont déjà en place, tandis que des efforts sont en cours pour la mise en place d’une monnaie unique, le shilling est-africain. L’objectif ultime demeure la création de la Fédération d’Afrique de l’Est.

L’adhésion de la République démocratique du Congo (RDC) à l’EAC en mars 2022 a été perçue comme un tournant stratégique. En effet, ce pays partage des frontières avec la majorité des États membres et offre à la Communauté un accès à l’océan Atlantique. Dotée d’importantes ressources minières et d’une population de plus de 100 millions d’habitants, la RDC représente un marché de taille. Pour Kinshasa, l’intégration à l’EAC devait favoriser la croissance économique et aider à résoudre les crises sécuritaires chroniques à l’est du pays. Pourtant, cet espoir s’est rapidement dissipé.

Le regain de violence mené par le mouvement rebelle M23 en 2023 a réactivé les tensions entre la RDC et le Rwanda. Kinshasa accuse Kigali de soutenir le M23, qui sème le chaos à Goma et Bukavu. Une « guerre économique » pour le contrôle des ressources naturelles, menée par des « gangs terroristes soutenus par le Rwanda », selon le gouvernement congolais.

Face à cette crise, la confiance de Kinshasa envers l’EAC s’est effritée. Déçu par l’efficacité limitée de la force régionale déployée pour pacifier l’est du Congo, le président Félix Tshisekedi en a demandé le retrait dès la fin 2023. Son absence au sommet extraordinaire de l’EAC du 29 janvier dernier, consacré à la situation de Goma, est un signal fort de son mécontentement.

La crise a envenimé les relations entre Kinshasa et Nairobi. Depuis la capitale kenyane, l’opposant Corneille Nangaa a lancé l’Alliance du Fleuve Congo, s’alliant à plusieurs groupes armés, dont le M23. Pendant ce temps, l’armée ougandaise a adopté une « posture défensive avancée » pour contenir d’autres groupes armés et protéger ses intérêts dans la région. Le président burundais, quant à lui, a mis en garde contre « un mauvais voisin aux velléités expansionnistes », rappelant que l’insécurité en RDC menace l’ensemble de la région. En Tanzanie, l’armée a déploré la perte de deux soldats déployés en RDC dans le cadre de la mission de la SADC.

Ainsi, l’EAC est à la croisée des chemins. La guerre en RDC sape les efforts d’intégration et alimente les tensions entre ses membres. La stabilité de l’ensemble du bloc repose sur la paix à l’est du Congo. Il est urgent que les dirigeants régionaux trouvent une solution durable, sous peine de voir l’un des plus ambitieux projets d’intégration africaine mis en péril. La paix à l’est du Congo n’est plus une option, c’est une nécessité absolue.

EAC

Forum des lecteurs d'Iwacu

5 réactions
  1. Fofo

    Le Rwanda s’est tiré dessus et coupe l’arbre sur lequel était pourtant bien assis.

    Le Rwanda, petit pays classé parmi les pays les plus pauvres du monde avait su profiter les pub des médias internationaux et le soutien des puissances occidentales pour se montrer comme un pays d’une économie émergente. Pourtant c’était totalement faux. Je disais toujours aux amis occidentaux que si le Rwanda était tel que les médias occidentaux le présentait il serait l’un des pays ayant plus des migrants au monde car avec la libre circulation dans la région, tout le monde s’y établirait.

    Pourtant le Rwanda avait pu jouer un rôle crucial pour attirer les investisseurs étrangers pour s’établir au Rwanda et exporter leurs produits en RDC. Cette approche avait porté des fruits en faisant son aéroport la plaque tournante dans la région et ses exportations vers la RDC avaient déjà atteint environ 300M de dollars américains. Tout le monde qui fréquentait l’aéroport de Kigali ne me contredirait qu’il était fréquenté par les congolais et les personnes de ou à destination de l’Est de la RDC à plus de 70%. Depuis la résurgence du M23 cet aéroport semble abandonné (désert). J’y ai passé l’année passée, il n’y a presque plus de trafic et la fréquence des avions qui s’y posaient a sensiblement diminué. L’Ouganda vient de fermer ses frontières pour les produits à destination de la RDC via le Rwanda.

    Personnellement quand j’ai la RDC adhérer dans l’EAC j’ai bcp applaudit parce que je croyais que maintenant nos dirigeants viennent de choisir le business à la place des guerres et conflits quasi permanents. Malheureusement, le Rwanda a fait son choix. Peut-être que la guerre lui est plus rentable.
    Iwacu risque de censurer parce j’accuse le Rwanda mais je crois que la responsabilité du Rwanda dans les conflits en RDC n’est plus à douter car l’ONU et même ses sponsors traditionnels l’ont affirmé.

    J’invite le Rwanda à une prise de conscience en croyant affaiblir la RDC, il est plutôt entrain de la renforcer. A la fin de cette crise, la RDC deviendra une superpuissance dans la région à jamais. Vous me direz.

  2. Ruvugana Moïse

    Ce serait vraiment regrettable si le bloc d’Afrique de l’Est s’effondre pour des intérêts égoïstes de quelques dirigeants. Si la RDC est bien gérée et sécurisé, tous les pays membres en profiteront.

    • Jean Pierre Hakizimana

      Oui mais @Moise, le problème est que la RDC n’est pas, n’a jamais été, un état nation! Ceci depuis le Zaïre de Mobutu! Il y en a peu en Afrique!

      Les pays Africains devraient commencer par en créer, puis ils pourraient faire des associations nécessaires pour leurs besoins!

  3. Kibinakanwa

    Il ya 150 groupes de milice au Kivu.
    Pourquoi?
    Comment peut on les éradiquer tous par magie?
    Facile à dire.
    Quelqu’un qui aimerait le congo lui conseillerait d’éradiquer la corruption

  4. Claypton

    Il faudrait un pacte global de paix entre les pays de l’ EAC et un démantellement de tous les groupes négatifs , prendre en considération les révendications du M23 , réactiver les accords d’ Arusha pour le Burundi et enfin tous les pays de l’ EAC mettent en place UNE politique d’ouverture permettant le retour des réfugiés.

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