Le projet PAIFAR-B financé par FIDA, en collaboration avec le réseau des institutions de microfinance (RIM), a organisé, ce 3 février, une journée de sensibilisation aux microfinances pour la finance sensible aux changements climatiques. 400 bambous ont été plantés le long d’un ravin à Kizingwe au sud de la ville de Bujumbura. L’environnementaliste, Albert Mbonerane, appelle les autres partenaires à s’inspirer de l’initiative de FIDA pour la protection de l’environnement.
Le ravin se trouvant dans le site Kizingwe en zone urbaine de Kanyosha au sud de la ville de Bujumbura continue de s’écrouler, menaçant ses riverains et ceux qui exercent des activités agricoles dans ce site. « Nous sommes vraiment préoccupés par ce ravin. Chaque fois que la pluie tombe, des eaux provenant des montagnes surplombant la ville empruntent ce ravin dont les berges continuent de s’affaisser du jour au lendemain », indique un habitant qui exerce des activités agricoles à côté de ce ravin.
Pour stabiliser ses berges et protéger la population riveraine, le projet d’appui à l’inclusion financière agricole et rurale du Burundi (PAIFAR-B), en collaboration avec le réseau des institutions de microfinance (RIM) a débuté cette journée dédiée à la finance sensible aux changements climatiques par la plantation de 400 bambous le long de ce ravin.
« L’idée de cette activité est de lancer le coup d’envoi, sensibiliser les institutions partenaires pour qu’ils mettent en avant le financement des projets qui sauvegardent l’environnement », a fait savoir Epaphrodite Semyampi, responsable finance rurale au sein du PAIFAR-B, un projet du gouvernement financé par le Fonds International de Développement Agricole (FIDA).
Pour lui, il faut que les institutions de microfinance soient sensibles aux changements climatiques et tiennent en considération les aspects liés à la protection de l’environnement au niveau de leurs procédures, politiques et outils de gestion.
Le directeur exécutif du RIM, Marie-Louise Kamikazi, apprécie l’appui de FIDA à travers le projet PAIFAR-B pour l’organisation de cette activité de sensibilisation envers les institutions membres du RIM pour la protection de l’environnement.
« En sensibilisant nos institutions de microfinance, on les encourage à développer des produits de crédits spécifiques à la finance durable et verte, des projets qui ne favorisent pas la destruction de notre environnement ».
Elle espère que les institutions de microfinance vont désormais diminuer d’accorder des crédits aux projets qui peuvent détruire l’environnement.
Une initiative saluée par un environnementaliste
L’expert en environnement, Albert Mbonerane, apprécie beaucoup l’initiative du FIDA d’intervenir dans la protection de l’environnement : « Si on continue à produire sans la protection de l’environnement, les choses risquent d’être en échec. C’est vraiment une bonne initiative à encourager. Il faut parler de sa durabilité ».
Il appelle les autres partenaires à s’inspirer de l’initiative du FIDA visant la promotion de l’environnement : « Il faut veiller à ce qu’on ne donne pas un crédit à un projet d’agriculture, d’élevage, etc., ou autre projet qui va détruire l’environnement ».
Cet ancien ministre burundais de l’environnement rappelle que la planète Terre fait face aux changements climatiques. Et d’appeler les partenaires financiers à exiger une corrélation avec la protection de l’environnement pour certains projets.
Pour lui, planter des bambous pour stabiliser les berges du ravin de Kizingwe est un appel que le FIDA lance à tous ceux qui interviennent dans le secteur de l’agriculture et du développement pour qu’ils priorisent la protection de l’environnement dans leurs projets.
Albert Mbonerane estime que les 400 bambous plantés ne sont pas suffisants en tenant compte de la situation de ce ravin. Pour lui, l’initiative du FIDA est un bon début : « Il faudrait continuer. Si cette collaboration continue, les choses peuvent changer. En 2024, nous pouvons revenir planter une autre ligne de bambous. Comme ça, on consolide la terre et elle sera très contente ».
Pour lui, il faut chercher des moyens pour stabiliser toutes les berges et la terre à commencer par l’amont pour limiter l’effondrement de la terre : « Au cas où il y aurait une autre initiative, il faut commencer avec l’amont pour réduire la turbidité des eaux. Quand c’est fort, la terre n’est pas du tout résistante et on a peur de perdre tout ce qu’on a fait ».
Citant le pape feu Benoît XVI, cet environnementaliste soutient que la terre parle et qu’il faut l’écouter si on veut bien survivre : « Avec ce ravin, la terre est contente, car les gens commencent à penser à elle. La terre a besoin de nous et nous avons besoin de la terre. Il faut, donc, la cohabitation pacifique ».
Appel à la prise de conscience
Albert Mbonerane indique que la plantation des bambous pour protéger les berges du ravin de Kizingwe suscite la prise de conscience des intervenants dans le secteur de l’environnement.
« Avec l’agriculture, la sécurité alimentaire est garantie, mais tant qu’on ne protège pas l’environnement, on ne va pas produire pendant longtemps. La déforestation va faire des conséquences néfastes sur l’environnement ».
Cet expert en environnement rappelle que des gens enregistrent déjà des pertes suite aux catastrophes climatiques : « Certains construisent le long des rivières. D’autres demandent des crédits pour construire au bord d’un ravin comme celui-ci. Il n’y a pas une garantie que dans deux ans, la maison ne risque pas de s’écrouler. Comment est-ce qu’on va rembourser le crédit ? Ce sera une perte ».
Pour lui, avant de détruire l’environnement, il faut penser aux futures générations : « Il faut que les choses changent pour l’intérêt des futures générations ». Il appelle les services de l’Etat chargés de l’urbanisme à faire une bonne planification qui met en avant des études d’impact environnemental.
Le responsable finance rurale au projet PAIFAR-B, Epaphrodite Semyampi, lui aussi rappelle que le changement climatique se répercute en premier lieu sur la population rurale : « FIDA affecte les fonds aux populations rurales pauvres. Quand il y a le changement climatique, cette même population est profondément touchée ». Selon lui, les conséquences des changements climatiques peuvent aussi se répercuter sur les banques et les institutions de microfinance.
Pour lui, il faut consentir les efforts à encourager les acteurs qui interviennent dans les secteurs de l’agriculture et de l’élevage à protéger l’environnement : « L’agriculture et l’élevage se réalisent en milieu rural en grande partie.
Il faut que ces activités soient exécutées en sauvegardant l’environnement ». Il appelle tous les Burundais à veiller à ce que toutes leurs activités soient sensibles à la protection de l’environnement.
La finance verte au centre des discussions
La journée de sensibilisation des institutions de microfinance à la protection de l’environnement s’est poursuivie avec une conférence-débat sur le thème susmentionné « la finance sensible aux changements climatiques ». Cette conférence a été animée par l’expert en environnement Albert Mbonerane et le professeur Jean Ndimubandi. Elle a été une occasion pour encourager davantage les institutions de microfinance à promouvoir la finance verte visant la protection de l’environnement.
« Le sujet de finance verte est intéressant du fait qu’il invite toutes les parties prenantes à être vigilants dans leurs financements. Ainsi, la protection de l’environnement et le changement climatique devaient être au centre des discussions au niveau des institutions financières », a indiqué Marie-Goreth Ndayishimiye, deuxième vice-gouverneur de la Banque de la République du Burundi (BRB), lors de l’ouverture de cette conférence-débat.
Pour elle, personne ne devrait ignorer que protéger l’environnement est synonyme de protéger l’espèce humaine en lui garantissant les conditions de vie adéquates et de façon pérenne.
Elle fustige que la finance verte n’est pas encore portée au centre du débat national. Pour elle, une contribution de tous les partenaires à tous les niveaux s’impose.
Marie-Goreth Ndayishimiye rappelle que les acteurs économiques, en l’occurrence les institutions financières, travaillent avec des clients qui présentent des projets bancables, estimés moins risqués ou ayant des garanties importantes et réalisables.
Pour elle, il faut que les fournisseurs des produits et services financiers s’assurent que les projets présentés par leur clientèle pour la demande des crédits ne participent pas à la destruction de l’environnement.
Rappelons que le PAIFAR-B est un projet du gouvernement financé par le FIDA à hauteur de 38,6 millions de dollars. Il vise notamment à renforcer l’inclusion financière des populations rurales, en comblant les écarts entre la demande et l’offre de services financiers et non-financiers.
Il est exécuté dans 14 provinces du Burundi sur une durée de 7 ans : Ngozi, Muramvya, Cibitoke, Bubanza, Kayanza, Gitega, Karuzi, Bujumbura, Rumonge, Makamba, Rutana, Ruyigi, Cankuzo et Muyinga (commune Mwakiro).