A quelques jours du début du financement des projets initiés par les jeunes par le Programme d’Autonomisation Economique et d’Emploi des Jeunes (PAEEJ), certains d’entre eux restent sous-informés sur les conditions exigées afin de saisir cette opportunité. D’autres sont fin prêts.
« PAEEJ ? Jamais entendu parler. Vaguement, oui ! Franchement, nous ne savons pas grand-chose. Ce programme n’est pas sur terrain, du moins pas ici à Kayanza », affirme Ismaïl Havyarimana, chef d’atelier Twitezimbere de Musave, au chef-lieu de la province de Kayanza.
Ce jeune menuisier, qui n’hésite pas à montrer des armoires, des tables et des chaises fabriquées dans son atelier, raconte avoir de l’expérience et dit ignorer jusqu’ici le mode de financement de ce Programme d’Autonomisation Economique et d’Emploi des Jeunes.
S’exprimant gaillardement dans son atelier qu’il fait marcher avec six autres jeunes, il trouve que le PAEEJ ne se trouve que sur les ondes des radios et les réseaux sociaux. Néanmoins, Ismaïl reconnaît qu’il est au courant du programme sans toutefois savoir les procédures de financement en détail.
Eloignés de Gitega ces jeunes semblent pessimistes. « Nous nous sommes dit que c’est un programme qui sera réalisé à Gitega, puisqu’il y a même la banque pour les jeunes BIJE ».
Ismaïl fait savoir que ses amis de Gitega lui ont confié que le programme est déjà en marche. Mais, regrette-t-il, lui et ses amis ne peuvent pas s’y rendre sans même connaître l’adresse du PAAEEJ. « Aller à Gitega semble difficile. » D’après lui, son atelier a besoin de plus de 11 millions pour se procurer du matériel moderne afin de « booster » son business.
« Pourquoi nous ne sommes pas au courant alors que nous sommes concernés ? Nous sommes d’ailleurs capables de former d’autres jeunes », commente à son tour Pamphile Bayubahe. Il nous confie qu’il a plus de 80 lapins et qu’il a dû abandonner l’élevage de poules suite aux pressions de ses concurrents, un peu plus proches des administratifs à la base.
Selon lui, ces derniers ne partagent pas les informations avec tous les jeunes. Il craint que les jeunes proches des administratifs à la base soient plus informés sur le processus de financement par le PAEEJ.
Il soutient d’ailleurs que d’autres jeunes se découragent parce qu’ils pensent qu’un projet qui passe par le gouvernement ne peut pas les atteindre. Le nœud du problème, a-t-il expliqué, se trouve au niveau des administratifs à la base. « Les chefs de collines ne donnent des informations qu’aux groupes de gens avec qui ils ont des affinités. »
Pour lui, ces administratifs devraient mettre ces informations à la portée de tout le monde. Et d’avertir le PAEEJ : « Les administratifs à la base peuvent présenter même des jeunes qui ne savent pas réaliser des projets et par conséquent incapables de rembourser les dettes qu’ils vont contracter ».
Claude Nimbona, responsable d’un groupe de soudeurs nommé « Kora Twiteze imbere », au chef-lieu de la province de Kayanza, lui aussi a appris l’existence de PAEEJ à travers les médias.
Il regrette que le PAEEJ ne l’ait pas encore approché alors que « Kora Twiteze imbere » offre de bons services. « Nous avons appris que le PAEEJ est à Gitega, et vous comprenez, que ce n’est pas aisé pour nous d’aller à Gitega ».
Pour lui, c’est possible mais lui et ses collègues ne sont pas encore « ouverts », pour s’y rendre. Or, se désole-t-il, lui et ses amis soudeurs ont besoins d’un financement pour se doter d’un groupe électrogène, d’un autre poste à souder et d’un capital pour s’approvisionner en métaux. « Nous avons besoins d’au moins 10 voire 15 millions BIF pour pouvoir bien travailler ».
Ces jeunes entrepreneurs demandent avec insistance au PAEEJ de diffuser toutes les informations liées au financement. Ils aimeraient que ce programme implante des antennes dans toutes les provinces du Burundi pour que tous les jeunes aient les mêmes opportunités, les mêmes chances. « Au lieu de rester en haut comme des autorités ».
Pour eux, certains jeunes négligent le PAEEJ car il manque de guide. Ils demandent surtout au PAEEJ de ne pas exiger l’impossible comme c’est le cas pour les banques.
D’autres jeunes affichent de l’espoir
A Giheta en commune de Gitega, les jeunes qui veulent se lancer dans l’agro-alimentaire semblent être plus informés. Ferdinand Nisubije, un jeune de la colline de Kibogoye affirme avoir déjà suivi une formation sur l’élevage du poulet de la part du PAEEJ.
Lui et d’autres jeunes ont déjà formé un groupe. Ils attendent avec espoir un financement de ce Programme d’autonomisation des jeunes. « Nous sommes en train de construire un poulailler, ils nous ont promis de fournir des poussins ».
Ce jeune de 34 ans ne doute pas que le PAEEJ financera son groupe. « Nous avons des promesses, nous allons avoir ces poulets, c’est pourquoi nous sommes dans les préparatifs », a-t-il indiqué avec sourire.
Son groupe attend 300 poulets au premier financement. Selon ce lauréat de la section science des humanités générales, en considérant les enseignements du PAEEJ, il pourra toucher au moins 200 mille BIF par mois après l’exécution du projet.
Wilbert Dusabe, un jeune fermier très connu à Kibogoye pour ses activités innovantes ne doute pas qu’il sera financé par PAEEJ. « Je crois beaucoup en ce programme et j’espère bien que je serai financé ».
Il indique qu’il va bientôt déposer un formulaire de demande de financement au PAEEJ. « J’ai de l’espoir et mon plan d’affaires est très clair. » D’après lui, le PAEEJ travaille dans la transparence et prend les jeunes au même pied d’égalité. Aussi éleveur de poulets, à part des vaches, des porcs, des lapins, il a une unité qui peut produire 3.168 poussins.
Cet ingénieur électromécanicien qui a dans son personnel deux agronomes, envisage produire au moins 20.000 poussins à distribuer avec le financement de PAEEJ.
Etendu sur plusieurs hectares, son domaine est un vaste champ d’expérimentation avec des étangs piscicoles alimentés par l’eau de pluie, une bananeraie, des arbres fruitiers, … avec une salle de formation.
« Que tous les jeunes se sentent concernés »
« Certains peuvent ne pas être informés car il y en a qui étaient encore sur le banc de l’école quand le programme a commencé », a réagi Emmanuel Ntaconsanze, chef de cabinet du gouverneur de Ngozi, jeudi 17 février, c’était lors d’une séance de sensibilisation des jeunes sur les activités du PAEEJ au Stade ’’Kugasaka’’ à Ngozi.
Les jeunes étant très nombreux, tranquillise-t-il, les premiers seront financés et d’autres vont suivre, c’est encore le début. A tout jeune qui s’inquiète comme quoi les jeunes proches des administratifs ou d’un parti quelconque seraient plus informés, il lui demande plutôt de faire sien le programme. « C’est un programme du chef de l’Etat qui dit être l’ami des jeunes. Jamais un jeune ne sera exclu pour son appartenance à tel parti, à telle religion ».
Pour lui, les jeunes dans leurs diversités doivent répondre à cette initiative car c’est un programme national. « Et la nation appartient à nous tous sans exception ».
Un point sur lequel insiste Désire Manirakiza, coordinateur national du PAEEJ. « Ce sont les jeunes qui sont appelés de façon générale. » Il regrette que certains d’entre eux, dès qu’ils apprennent que le PAEEJ est un projet du gouvernement, voient directement le parti au pouvoir.
Dans certaines provinces où le PAEEJ a lancé les activités, poursuit le coordinateur du PAEEJ, les jeunes invités brillent par leur absence. « Je ne vais pas citer les provinces ce n’est pas important, mais nous avons trouvé, moins de 100 jeunes sur 500 invités ».
Il dit ne pas comprendre pourquoi ces jeunes ne sont pas au courant des activités du PAEEJ alors qu’il ne peut pas passer une seule semaine sans passer sur les médias locaux ou donner un entretien à un journal qui diffuse des informations sur le PAEEJ.
« Mais le média ne choisit pas à qui donner l’information entre les membres du parti ! » Selon lui, c’est comme si ces jeunes ont une certaine phobie et ne veulent pas s’informer sur les mécanismes qui existent.
Au niveau du PAEEJ, il confie qu’ils essaient de faire tout ce qui est à leur disposition pour que les jeunes puissent comprendre qu’en fait, le PAEEJ est un programme de tous les jeunes. « C’est un programme du gouvernement qui est là pour servir tous jeunes », insiste-t-il.
Il promet de mettre des antennes dans toutes les provinces et communes du pays pour être plus proche des jeunes et demande à tous les jeunes de se sentir concernés par le programme. « Ce n’est pas un programme du parti ».
Pour rappel, il y a bientôt deux semaines, le Programme d’Autonomisation économique et d’Emploi des Jeunes a lancé un appel à candidature pour les jeunes qui ont des projets innovants afin qu’ils puissent avoir un financement. Et d’après le coordinateur du programme, le 8 mars 2022, les premières conventions avec les entrepreneurs seront signées.
1. Vous écrivez: »Ismaïl fait savoir que ses amis de Gitega lui ont confié que le programme est déjà en marche. Mais, regrette-t-il, lui et ses amis ne peuvent pas s’y rendre sans même connaître l’adresse du PAAEEJ. « Aller à Gitega semble difficile. » D’après lui, son atelier a besoin de plus de 11 millions pour se procurer du matériel moderne afin de « booster » son business… »
2. Mon commentaire
Les provinces de Kayanza et Gitega sont voisines.
Les villes de Kayanza et Gitega sont reliées par une route nationale sur une longueur de 115,2 km et la durée du voyage est estimée à 1 hr 50 min (Voir Google Maps).