Le projet Clean and Waste Free Bujumbura (CaWFB) a été signé en 2014, entre le ministère de l’Environnement et l’ORIO, le programme néerlandais de développement des infrastructures. Cinq ans après, sa réalisation se fait toujours attendre.
A travers la construction de trois stations de transfert (à Buterere, Mpimba et Nyabaranda) ainsi qu’un site de réserve appelé Ntahangwa, le CaWFD visait une mise en œuvre d’un système de collecte, de recyclage, de compostage des ordures sauvages, ménagères, industrielles et sanitaires couramment produites à Bujumbura.
Outre ces stations, une nouvelle décharge devait être mise en place à Muzinda, avec une capacité suffisante pour servir de dépôts d’ordures non recyclables pendant au moins 10 ans. Initié par le ministère de l’Environnement, ce projet devait être exécuté par les services municipaux de la ville de Bujumbura sur un financement de 11,8 millions d’euros, dont 80% de l’ORIO.
Néanmoins, sa mise en œuvre était conditionnée à un Certificat de conformité environnementale et sociale délivré par le ministre de l’Environnement, après consultation d’une étude d’impact environnementale et sociale (EIES) faite sur le projet.
Des défis pour la réalisation du projet
Dans le cadre de l’accord de partenariat entre le ministère de l’Environnement et la Commission néerlandaise pour l’évaluation environnementale(CNEE), le ministre a adressé fin 2013 une correspondance à la CNEE demandant son avis sur l’EIES faite sur le CaWFD. «Nous avons l’honneur de vous demander votre appui technique dans les préparatifs du projet ‘‘Clean and Waste Free Bujumbura (CaWFD)’’ financé par le programme ORIO», écrivait Jean Claude Nduwayo.
Un avis défavorable à l’exécution du projet finira par tomber, une année après. «La CNEE constate que l’EIES et sa documentation présentent des défauts essentiels et est d’opinion que dans sa forme actuelle, elle ne pourra pas servir de base pour l’octroi du permis environnemental pour le projet proposé», lit-on dans l’étude sortie le 12 décembre 2014.
Dans cette étude, l’équipe de la CNEE dépêchée à Bujumbura, qui assure avoir collaboré avec celle du ministère ayant fait l’EIES, relevait plusieurs défis. Et ce, après notamment des entretiens avec le promoteur du projet, les populations environnantes des stations prévues pour la gestion des ordures, la visite de ces dernières, etc.
«On est à la quête de nouveaux bailleurs»
Parmi les principaux défis, la CNEE déplorait que la durabilité et la pérennité du système de gestion de déchets après projet ne soient pas suffisamment justifiées. En outre, l’EIES ne présente pas les points de vue et opinions des populations avoisinantes des sites pour les stations de transfert et la décharge. Et elle n’évalue pas suffisamment les risques du transport de matériaux dans la phase de construction. La commission néerlandaise recommandait en conséquence de revoir tous les défis relevés.
Depuis, l’exécution du CaWFB se fait toujours attendre. Une source digne de foi, qui a requis l’anonymat, confie que le projet a été suspendu, suite à «de grands enjeux », ajoutant que «tout n’est pas néanmoins perdu».
Interrogé, Ramadhan Nkurikiye, conseiller principal du maire de Bujumbura, soutient qu’il ne sait pas grand-chose sur ce projet. Il assure, toutefois, que suite aux questions politiques, les Hollandais se sont désistés alors que les études sur le projet étaient terminées. Et de conclure que le projet est toujours d’actualité : «On est à la recherche de nouveaux bailleurs qui peuvent l’exécuter. L’objectif est le traitement des déchets.»