Vérité en deçà de Mukinya, erreur au-delà. Mercredi 2 mai, deux communes ont eu le privilège d’assister au lancement officiel de la campagne pour le référendum constitutionnel. A Bugendana, c’est le parti au pouvoir qui appelle au vote massif de «Ego», le Oui. A Ngozi, la coalition « Amizero y’Abarundi » mobilise pour le « Oya », le Non. Deux meetings opposés qui transportent et transforment le public. Les reporters d’Iwacu ont vécu l’événement.
Un moment d’effervescence : de la musique ponctuée de «Tora ego», vote pour le oui, des T-shirts et chapeaux estampillés «Ego», des banderoles portant les mêmes inscriptions sont accrochés sur le devant des véhicules, des fanions aux couleurs du parti au pouvoir sont agités, des slogans scandés par la foule, des discours appellent les militants ’’chauds bouillants’’ à dire «Ego», oui, au projet de Constitution. L’ambiance est festive pour les membres et sympathisants du ’’parti de l’aigle’’.
Aux antipodes, à Ngozi, l’atmosphère est similaire, mais pour le «Oya», le non catégorique. Des militants de la coalition «Amizero y’Abarundi» arborant des T-shirts frappés d’un gros «Oya» sur la poitrine et dans le dos, font un jogging et bravent l’axe principal du «Dubaï burundais» pour se rassembler au stade Muremera. Les ténors de ce groupe sont là.
L’enthousiasme exubérant ne se limite pas seulement aux deux communes. Kirundo, Bujumbura, la capitale, des partis «amis» du Cndd-Fdd se mobilisent pour le «Ego».
L’Eglise catholique entre aussi dans la danse. Tout en rappelant que le moment n’était pas opportun pour amender la Constitution, en se référant à l’article 299 de l’actuelle constitution, les évêques appellent dans leur déclaration du 2 mai, à l’unité et la cohésion des Burundais. «La vie continue après le vote».
Le lendemain, le parti du héros de la démocratie appellera les Burundais à voter pour le «Oya», le non. Le décor est donc planté, les Burundais vivront cette ambiance survoltée pendant deux semaines.
Mais au-delà de cette effervescence, il y’a un hic. Pourquoi voter «Ego» ou «Oya» ?
Trois jours après le lancement de cette campagne référendaire et à 14 jours du scrutin, peu de gens ont eu connaissance de ce texte à soumettre aux Burundais. Du moins officiellement.
Ce projet de Constitution auquel il faut dire « Ego » ou « Oya » n’a été publié sur aucun site officiel (présidence, Ceni, gouvernement, parlement). Jusqu’à présent, tous les discours sur le « Ego » ou le « Oya » sont sans objet réel. Le seul texte connu sur lequel se sont amorcées quelques polémiques, a été publié par l’Université d’Anvers, mais nul ne sait si c’est « le bon ».
Il en a toutes les apparences, sauf le label officiel. Question légitime : Pourquoi cette absence d’un document vital et pour le scrutin et pour l’avenir de notre patrie ?
J’ose espérer que c’est par oubli que cette ’’future loi fondamentale’’ n’a pas été publiée…