Economiste de formation, Teddy. E Muhire s’est reconverti dans l’agriculture depuis bientôt trois ans. Bien que la crise actuelle pénalise son activité, il continue de faire produire son potager.
Pourquoi le choix du secteur agricole ?
J’ai conçu le projet dans le but de vendre ce que j’aurais produit moi-même. Aujourd’hui en effet, beaucoup de personnes font du commerce de produits importés. Or, selon moi, il n’y a pas vraiment de commerce sans production. En démarrant ce projet, je voulais également casser les préjugés. En particulier ceux des gens qui pensent, à tort, que les métiers du secteur primaire comme l’agriculture et l’élevage sont pour les illettrés. J’ai aussi été influencé par mon père. Il était dans l’agri business, j’ai grandi en voyant que ce secteur pouvait offrir des opportunités de réussite.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour commencer ?
Les gens n’y croyaient pas. Beaucoup de personnes ont même essayé de m’en dissuader. Un de mes voisins, notamment, ne voulait pas que j’installe un poulailler près de chez lui, craignant les odeurs. Le choix du poulailler n’était pas anodin : à part que c’est rentable, je me servais de la litière comme fumier pour mon potager. J’ai donc tenu bon !
Et le capital ?
Après la faculté, j’ai travaillé pour un bureau d’étude de marchés, pour les produits de la brasserie. J’ai épargné. J’ai également presté pour un bureau d’études belge œuvrant dans le développement de l’agri business. Outre le salaire que j’en ai tiré, cela a constitué une expérience enrichissante. Avec ces moyens et cet acquis j’ai pu démarrer
Quels produits offre votre potager ?
Principalement, des tomates. Par saison culturale je peux avoir entre 2 et 3 tonnes de tomates. Je cultive aussi des épinards, des choux, des aubergines, et des oignons rouges. Mais pour dire vrai, la crise actuelle affecte fâcheusement mon affaire. A cause des explosions ici et là, les poules ne parvenaient plus à pondre et j’ai dû renoncer au poulailler.
Quels sont vos prix ?
Je fixe les prix en fonction de la disponibilité ou de l’indisponibilité du produit, mais je suis toujours en dessous des prix du marché. Si 1kg de tomates est vendu à 1200Fbu, moi je le vends à 1000Fbu.
Mon potager se situant près du marché de Kinindo, j’avais vraiment des débouchés. La dernière production remonte à février. Je n’avais récolté que 1800 kg.
Et la rentabilité ?
N’eût été les aléas de cette crise, c’est l’un des métiers les plus rentables. Les gens ont toujours besoin de manger (rire). Je pouvais vivre sans dépendre de personne. Aujourd’hui, la situation est délicate. J’ai deux employés avec lesquels je travaille d’arrache-pied pour maintenir la production du potager
A quels défis êtes-vous confronté ?
Comme je l’ai mentionné, j’ai dû arrêter le projet de poulailler. Le taux de ponte avait terriblement baissé : quand les pondeuses sont stressées, la ponte est nulle. Le potager en a souffert, car je n’avais plus de fumier. Je ne me lasse pas pour autant. Je viens de reconstruire une serre. Je m’apprête, à démarrer une nouvelle culture de tomates, les pépinières sont déjà prêtes
Quels sont vos projets d’avenir ?
J’ai trouvé un moyen pour irriguer le potager sans utiliser l’eau de la Regideso J’ai foré près du potager et on a trouvé de l’eau. L’économie réalisée me permettra de réinvestir dans le potager. Pour les engrais chimiques, je me débrouille avec les déchets végétaux. Je les rassemble dans une petite surface en attendant qu’ils se décomposent pour obtenir du fumier.
Pour ce qui est du poulailler, j’attends toujours de voir l’évolution de la situation sécuritaire. J’essaie d’espérer le meilleur pour mon pays. C’est intimement lié à la vie de mon entreprise
Que faudrait-il pour que la jeunesse se lance davantage dans la création d’entreprises ?
On considère à tort les jeunes burundais comme des fainéants. Selon moi, ce sont des clichés erronés. Comment peut-on demander aux jeunes d’entreprendre alors qu’ils n’ont jamais vu leurs parents ou leur entourage le faire eux-mêmes. Ce n’est que récemment que l’on dispense des cours d’entrepreneuriat. Et puis, peu de structures soutiennent des initiatives.
Beaucoup de jeunes arrêtent leurs projets à la première étape, au démarrage, faute de moyens. Pour moi, si ces préalables – enseignement, soutien financier- ne sont pas réunis, entreprendre restera toujours difficile.
Bio express
Né le 27 octobre 1981, Teddy Eloge Muhire, connu sous le sobriquet de Chinois, voit le jour dans la province Ngozi. Après une enfance ponctuée de déménagements dans différentes provinces du pays (Cibitoke, Bujumbura), il fait ses études secondaires au Lycée du Lac Tanganyika et SOS de Bujumbura. En 2010, il décroche une licence en Economie et Commerce International à l’université du Lac Tanganyika. Début 2013, il se lance dans l’agri business en commençant un potager. En dehors du travail, Teddy est membre d’un club de Karaté. Il est ceinture noire
Témoignages
«Grâce à ce travail, j’ai bénéficié d’une formation professionnelle »
Cultivateur dans le potager, Jean de Dieu Nshimirimana apprécie les efforts de son patron pour relancer son activité.
Pour Jean de Dieu, cet emploi est une aubaine : « J’étais chômeur. Avoir une activité rémunératrice n’est pas actuellement donné à tout le monde»
Employé dans le potager depuis trois ans, Jean de Dieu résume son travail en quelques mots : « Je prépare les pépinières de tomates, de choux et de fenouils pour la culture »
L’an dernier, il a bénéficié d’une formation professionnelle au Rwanda. «J’ai choisi le volet de l’agriculture. J’ai notamment appris comment cultiver les champignons d’une manière moderne. La culture de champignons n’est pas courante au Burundi»
Il ne pourra malheureusement pas mettre en pratique cette technique dans l’immédiat : « La crise fait que, pour l’heure, nous nous concentrons sur la sauvegarde des cultures existantes
M. Nshimirimana apprécie l’implication de son patron : «Teddy n’est pas de ceux qui délèguent, qui aiment que le travail soit fait à leur place. Il est souvent dans le potager»
«Quand Teddy a une idée en tête, il la réalise !»
Ami de longue date de Teddy, Désiré Ntakarutimana admire son esprit d’innovation.
Désiré prête volontiers main forte à son ami pour la mise en œuvre de certaines innovations. «Je l’ai notamment aidé à s’équiper en énergie solaire. Et c’est grâce à une pompe alimentée par une batterie solaire que l’on obtient désormais de l’eau pour le potager. ».
Désiré se rappelle que, lorsque Teddy lui avait fait part de son projet, il avait émis des doutes, comme bon nombre de ses amis, « Le projet agricole en soi était bon. Mais tant qu’il n’avait pas encore démarré c’était à prendre avec des pincettes»
Ces réserves n’ont ni découragé ni arrêté Chinois, souligne son ami. «Il est intelligent et courageux. Lorsqu’il a une idée arrêtée, il la réalise souvent. J’en suis témoin»
Pour Désiré, Chinois est « subtil » et c’est cette qualité qui lui permet de continuer. Par exemple, face aux difficultés du moment, il a trouvé un moyen d’irriguer à moindre coût». Une innovation à laquelle Désiré se félicite d’avoir contribué
Selon M. Ntakarutimana, « Chinois » peut servir de mentor à bon nombre de jeunes. « En plus, il est ouvert d’esprit. Il peut partager son expérience pour aider les jeunes à créer leur propre emploi».
Désiré se réjouit de ce que son ami ait pu casser cette mentalité qui consiste à attendre un emploi de l’Etat ou des parentés.
Conseil d’un pro
«Malgré des difficultés conjoncturelles, cet entrepreneur ne doit pas se décourager »
Pour Pierre Claver Nduwumwami, Directeur de la BBIN, Teddy Eloge a su choisir un secteur d’avenir
M. Nduwumwami rappelle que, comme dans tous les pays, les entreprises vivent des difficultés soit financières ou conjoncturelles. «La vie d’une entreprise est faite de temps de croissance et de crise. C’est normal».
Le directeur de la BBIN voit en Teddy Eloge Muhire, un entrepreneur organisé, quoique traversant une mauvaise passe. «Il a trouvé un moyen d’irriguer à moindre coût et il investit dans la technologie. Peu de gens dans notre pays cultivent sous serre, ou font de l’agriculture une entreprise »
De plus, fait-il remarquer, cet entrepreneur a visé un secteur qui a des débouchés. Son problème fait savoir le Directeur de la BBIN, est lié à la conjoncture et non au marché d’écoulement. Selon M. Nduwumwami, Teddy Eloge peut solliciter un petit crédit pour relancer son activité« à condition qu’il analyse tous les paramètres pour être sûr de pouvoir le rembourser»
Enfin, M. Nduwumwami conseille à ce jeune entrepreneur de chercher des engrais organiques pour sa nouvelle culture dans d’autres endroits «Il peut trouver à Buringa des déchets pour litière de porc ou de vache.»
Bravo Jeune Entrepreuneur ! Afin que les pondeuses puissent pondre pour que l’Entreprise realise tout son potentiel, souhaitons vivement que les responsibles leaders Burundais trouvent vite un CONSENSUS POUR LA PAIX = JUSTICE INDEPENDANTE + ELECTIONS= STABILITE permanente pour tous les secteurs de la vie des Burundais. God bless.
Wow, cela ne me fait que me réjouir de voir les jeunes scolarisés que s’adonnent aux affaires. Aho abandi birukira kurondera akazi aho katakiboneka canke bakirukira gushaka gutwara gusa, Umuntu nka Teddy ndamwita incyabwenge imfasha Uburundi n’Abarundi. Erega twese ntituzobaho dutungishijwe n’akazi ka Leta canke ngo twese tube aba politiciens. Politique n’ukuyihebera Vitali Nshimirimana. Urabona nawe araroha imisore mumenyo y’ingwe nawe agakiza amagara yiwe akihungira. Niyompavu twirigwa twicana ntakindi tuzi gukora. L’initiative de Teddy est un modèle au changement de mentalité que le gouvernement actuel devrait encourager en libérant des ressources pour aider les entrepreneurs comme Teddy Éloge Muhire. Bravo Teddy, créer ton emploi et ceux de tes compatriotes est un signe de sagesse.
Merci teddy et courage abongereza baravunga ngo tough times never last but tough people do, as bayau leeds to the river ,rivers to the lakes and the lakes to the ocean, you will go anywhere you want from where you are. So put your dream into action.