Dimanche 22 décembre 2024

Économie

Osez Entreprendre/ Reynolds Butari: des conseils et des fleurs

Imprimeur, thérapeute, Reynolds Butari ne cesse d’entreprendre. Il vient de lancer Green Express, une société qui offre un service de livraison des fleurs et d’aménagements de jardins.

Préparation d'un bouquet de fleurs avant livraison
Préparation d’un bouquet de fleurs avant livraison

D’où vous vient cet esprit d’entrepreneuriat ?

Petit, j’enviais un voisin, riche, alors qu’il n’avait pas fait d’études. Chaque année, il pouvait s’offrir un voyage pour assister à la finale de la champion’s League. Pour moi, c’était un bon exemple. Je me disais que pour avoir une belle vie, il faut trouver un bon business pour s’offrir une vie de rêve.

Quel a été votre premier business ?

Coudre et vendre des chemises 100% coton, l’affaire n’a duré que le printemps et l’été 1999. Après, j’ai eu l’idée de me procurer des chapeaux sur place pour les revendre à un prix plus élevé. L’affaire n’a pas fait long feu parce qu’elle n’était pas rentable.

Vous êtes connu surtout à travers l’émission radiophonique ’Nomukurahe ?’’ (Où puis-je le/la trouver ?’) Toutes les questions en rapport avec l’amour étaient abordées et vous répondiez en direct aux auditeurs de la défunte RPA…

La motivation est venue après une discussion avec Gilbert Niyonkuru, journaliste à la Radio Publique Africaine (RPA). J’expliquais et conseillais en direct aux auditeurs anonymes. « Nomukura he? » était la 4ème émission la plus écoutée au Burundi, et la 1ère parmi les jeunes.

Mes collaborateurs et moi avons également participé à des émissions de la radio Bonesha FM : « Tube Class » (consacrée à la prévention des comportements à risque chez les jeunes), et « Les Amis » (traitant des questions diverses de la vie courante).

En dehors de la radio, vous faites de la thérapie ?

En 2011, j’ai fondé une ASBL ’’Burundi Counseling Center’’. L’objectif était d’unir les personnes qui partagent une même philosophie : « le bien-être des familles, garant du bon fonctionnement de notre société.

Financièrement ces émissions, ces séances de thérapie vous rapportaient quelque chose ?
Ma participation aux émissions était purement bénévole. Par contre, pour les thérapies je les fais payer : les jeunes et les chômeurs 15 mille Fbu par séance (1h30) et 30 milles par séance pour ceux qui ont un emploi.

Quel est le profil de vos patients ?

Des adultes recherchant des conseils sur leur vie affective (difficultés dans la vie de couple, peur de s’engager, infidélité, etc.) ; des enfants dont les parents sont soucieux de leur avenir (adolescence difficile) ; des jeunes désorientés ayant des problèmes d’intégration, liés le plus souvent à leur orientation sexuelle ; des jeunes amenés à faire des choix de carrières ou de vie opposés aux volontés familiales ou sociétales.

Vous vous êtes lancé dans l’impression…

Le jour de la naissance de mon fils, nous avons reçu comme cadeaux des articles sur lesquels étaient imprimées ses photos. On trouvait sa photo sur des calendriers, des mugs, des toiles, etc. Une idée m’est venue : ouvrir une maison qui offre le même genre de service. Comme je n’avais pas assez de moyens, je me suis associé avec un ami et nous avons créé « Media Print », une maison qui offrait un service d’impression sur des tee-shirts, des casquettes, des tasses, et d’autres supports rigides.

Et « Green Express »?

Green Express vous offre la garantie d’un service de qualité pour envoyer des fleurs ou offrir un cadeau en toute occasion : anniversaire, amour, mariage, naissance, enterrement… ou simplement pour le plaisir ! Pendant les thérapies, je me suis rendu compte que les fleurs faisaient partie intégrante de la vie. Mais malgré cela, personne ne proposait un service de livraison de fleurs. C’est de là que l’idée m’est venue. Maintenant, nous sommes dans l’aventure ! De plus nous entretenons des jardins.

La jeune entreprise compte combien d’employés et qui sont vos clients ?

Nous sommes quatre : le chauffeur, le designer, la directrice commerciale et moi, le responsable. Nos clients sont surtout les jeunes mariés qui veulent faire plaisir à leurs conjoints.

Et ça marche ?

Notre premier atout est que nous sommes les seuls à proposer un service de livraison à domicile, au travail ou dans un lieu public. Secundo, notre catalogue est très riche. Nous proposons un choix très diversifié de bouquets, adapté à tous les budgets et toutes les occasions. Le troisième privilège est que nous ajoutons au bouquet un accompagnement : vins et liqueurs, biscuits, chocolat et ourson en peluche, afin de permettre aux clients de personnaliser leur bouquet et une petite carte avec un message personnel pour chaque bouquet. Enfin, nous avons une diversité des modes de paiement. Les clients ont la possibilité de payer en cash, par téléphone avec Ecocash et KCB Mobile Banking, ou en ligne par virement bancaire.

Green Express rencontre-t-il des difficultés ?

Nous avons des problèmes d’approvisionnement des fleurs, surtout les roses rouges. L’autre problème est que nos clients pour payer n’utilisent pas Ecocash ou KCB Mobile many, ils aiment recourir au paiement en espèce ou a Western Union qui sont plus cher.

Votre entreprise est-elle rentable ?

Nous pouvons avoir 3 à 5 commandes par jour et les prix varient entre 20 et 38 mille francs bu Mais avec la crise, les commandes viennent à compte-gouttes.

Des perspectives d’avenir ?

Pour Green Express, mon but est d’arriver à une commande d’au moins 50 bouquets de fleurs par jour, d’ici 3 ans. Concernant mon association Burundi Counseling Center, j’ai écrit un projet d’encadrement moral des jeunes et je suis à la recherche d’éventuels bailleurs qui pourraient nous financer malgré la crise que nous traversons.


Bio express

Reynolds ButariPère d’un garçon de 3 ans (Noah), Raynolds Butari est né dans la commune de Mukaza dans une famille de trois enfants. Aujourd’hui, il habite dans la zone Kinindo. Il prend le temps nécessaire pour choisir ses amis que ce soit pour discuter, entreprendre, partager un verre,…. « Je préfère travailler avec des personnes proches de Dieu parce qu’ils ne sont pas en général, ils respectent certaines valeurs. » En 2009, il décroche une licence dans la faculté Service social et développement communautaire, option : Counseling à l’Université Espoir d’Afrique de Bujumbura.


Témoignages

« Peu importe les obstacles, c’est un fonceur »

Bigirimana Ngabire : « c’est un grand penseur qui se donne tout pour concrétiser ses idées. »
Bigirimana Ngabire : « c’est un grand penseur qui se donne tout pour concrétiser ses idées. »

Ami d’enfance, Bigirimana Ngabire, ne tarit pas d’éloges pour M. Butari. Il reconnaît en lui un jeune homme téméraire.

Je connais Raynolds Butari depuis mon enfance, nous avons grandi ensemble et c’est un grand frère pour moi, raconte M. Ngabire : je l’ai toujours considéré comme un grand penseur qui se donne tout pour concrétiser ses idées. Peu importe les obstacles, c’est un fonceur, il manifeste une témérité hors normes et il aime les challenges alors que ce n’est pas dans les habitudes des jeunes citadins, reconnaît-il.

Avant il trouvait ses idées impossibles à accomplir mais il a toujours été optimiste. « Moi-même je lui fais part de mes idées de projet pour qu’il les améliore et ça marche à chaque coup. Tu te retrouves avec un projet perfectionné. » Il prévoit, pour soutenir M. Butari, faire une commande d’un bouquet de fleurs pour une personne qui lui est chère pour les fêtes de fin d’année.

Elle est aux anges quand elle reçoit un bouquet de fleurs

Mlle Mugisha : « Green apporte un nouveau service de vente de fleurs. »
Mlle Mugisha : « Green apporte un nouveau service de vente de fleurs. »

Carlène Mugisha a reçu, le 22 décembre, un joli bouquet de fleurs (confectionné par ’’Green express’’) de la part de son époux. La joie et le sourire se remarquaient sur son visage.

« C’est une très bonne surprise de recevoir des fleurs de la part d’une personne qui vous est très chère », raconte Mlle Carlène Mugisha, étudiant et qui a déjà fondé son foyer. Pour elle, ’’Green Express’’ apporte un nouveau service de ventes des fleurs qui est efficace : entre autres la livraison à domicile, des bouquets avec des fleurs diversifiées,… Elle constate que concernant les autres maisons qui font le même commerce, les clients sont obligés d’aller les chercher là où ils les vendent et des fois c’est fait à la hâte. La valeur ajoutée de Green Express, renchérit l’étudiante, c’est que le bouquet est accompagné d’autres choses : « une bouteille de vin, des biscuits, des fruits, des nounours,… C’est une très bonne stratégie pour fidéliser les clients. »


Conseil d’un pro

« C’est un entrepreneur type »

M. Nduwimana : « Il faut qu’il crée une synergie entre ses activités. »
M. Nduwimana : « Il faut qu’il crée une synergie entre ses activités. »

Le DG du BBIN trouve en Reynolds Butari un innovateur, mais il estime que jeune homme doit mettre en place une synergie entre ses activités.

« Dès son jeune âge, parti d’un modèle (son voisin), il a essayé d’entreprendre en vendant des chemises, des chapeaux. Il a échoué, mais il n’a pas abandonné et c’est ce comportement qu’un vrai entrepreneur doit avoir », explique Pierre-Claver Nduwumwami, directeur général du Burundi Business Incubator. Et d’ajouter que c’est un entrepreneur type.

Ce dernier constate qu’il y a de l’innovation dans les activités de M. Butari. Il veut satisfaire les besoins d’affection, d’amour, d’estime de soi, d’être reconnu dans la communauté… Qui plus est, il livre les fleurs à domicile et les gens sont prêts à payer. Le jeune entrepreneur est en train de prendre ses assises.

Pour lui, le marché existe bel et bien comme nous avons l’habitude de le voir, lors des fêtes de Saint Valentin, de fin d’année… pendant lesquels beaucoup de cadeaux sont offerts. Toutefois, poursuit le DG du BBIN, le marché au Burundi n’est pas aussi grand qu’ailleurs. Il faut le développer et Reynolds Butari est bien placé pour le comprendre vu son statut de psychologue et ses nouveaux services de livraison à domicile.

Quant à ce qu’il doit éviter, M. Nduwumwami indique que quoique les deux activités soient complémentaires, il faut qu’il fasse attention au risque de courir deux lièvres à la fois. « Cela peut être difficile par le fait qu’il est le seul gestionnaire. Donc, il faut qu’il crée une synergie entre ses activités et qu’il partage les tâches avec son personnel pour le bon fonctionnement de ses initiatives. »

Le BBIN affirme qu’il a déjà fait profiter d’un encadrement de quelques jours à Reynolds Butari. C’est un jeune qui est très actif, il cherche toujours quelque chose de nouveau. « Dans les formations que nous dispensons nous insistons plus sur la résilience, la persévérance, certaines notions de business… » Ce n’est qu’au bout de beaucoup d’efforts que nous voyons les fruits, conclut-il.

Forum des lecteurs d'Iwacu

3 réactions
  1. eric

    faisons business pas politic frere

    • nduwayo jean boso

      Business pas guerre

      • nunu nado

        Felicitation jeune homme; bonne chance et bons succes dans tes entreprises. Votre travail est tres louable. Vous montrez au gouvernement et aux autres personnes que vous pouvez faire du bien, notamment creer des emplois au lieu de tuer les e
        enfants du Pays.

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