Avec ses économies, Armel Cimanishatse, jeune universitaire citadin, s’est lancé, il y a trois ans dans l’élevage des vaches. Dans son étable, une dizaine de bovins.Il poursuit parallèlement une activité de traducteur.
Pourquoi avoir choisi l’élevage ?
Je suis un enfant de la ville (Bujumbura) mais J’aime les animaux. Lorsque j’avais six ans, mon père avait une ferme, dans l’actuel quartier Kibenga, et des vaches. Je l’accompagnais souvent quand il allait superviser le travail des employés. J’étais assez à l’aise avec les vaches. Une vingtaine d’années plus tard,cette passion m’est revenue.
Comment a commencé cette aventure?
Après ma formation universitaire, j’étais titulaire d’une licence en Droit et une autre en Service Social et Développement communautaire. Je pensais donc trouver facilement du travail, mais à ma grande surprise, cela n’a pas été le cas.
J’avais heureusement fait quelques économies à partir de petits jobs que j’ai décrochés ici et là, et je me suis acheté une vache de race frisonne avec un petit veau à 1.400.000fbu. C’était prendre un grand risque car j’avais mis tout mon argent dans ce projet.
Et vous avez réussi…
Oui, j’ai démarré en 2013 avec une vache et son veau. Aujourd’hui, j’en suis à une dizaine. Outre les bovins, je me suis récemment lancé dans l’élevage des poules et des canaris.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour démarrer ?
D’abord la réaction de mes proches, de mes amis et de la famille. Tous voulaient me dissuader de me lancer dans ce projet car une question les taraudait : «Comment un jeune de la capitale peut-il faire de l’élevage ?». En plus de ça, je n’avais vraiment pas d’expérience dans ce domaine. J’ai été humble et j’ai demandé conseil à des personnes qui étaient déjà dans le secteur.
Et maintenant ?
Les difficultés actuelles sont un peu liées à la conjoncture économique. J’aurais aimé obtenir des subventions ou des crédits des institutions financières étatiques ou privées afin de développer le secteur. Malheureusement les intérêts demandés sont souvent élevés.
Ce métier est-il rentable ?
Jusque là, il me permet de satisfaire mes besoins élémentaires et je suis indépendant financièrement. Cet élevage présente en outre l’avantage de la souplesse financière : si une dépense urgente se présente, je me permets de vendre une vache. En tout cas, sur le long terme, j’ai confiance. Cet élevage générera des revenus.
Vous employez combien de personnes ?
J’ai trois employés à temps plein, et deux personnes à temps partiel.
A combien vendez -vous le litre de lait ?
1000fbu. Une trentaine de familles s’approvisionnent en lait dans ma ferme. Je fournis aussi du lait à quelques cafeterias. Mais la production du lait peut diminuer en particulier pendant la saison sèche.
Quels sont vos perspectives d’avenir ?
Aujourd’hui l’élevage se limite à la production du lait. Mais prochainement (si j’obtiens un bon financement) j’aimerais créer un centre de collecte de lait pour la transformation du lait en fromage, lait pasteurisé ou yaourt pour la commercialisation.
En dehors de l’élevage vous êtes aussi traducteur …
En août 2014, j’ai lancé Transformation Language Corporation(TLC, Palais des arts bureau 3b) un centre qui propose la traduction de documents français et anglais. J’enseigne également à temps partiel dans la faculté de Développement Communautaire et dans différentes universités. J’anime aussi des conférences sur l’entrepreneuriat.
Que diriez-vous à un jeune qui veut se lancer ?
La jeunesse doit se rende compte que l’Etat n’est plus en mesure de créer de l’emploi. Et la solution n’est pas de se lamenter mais plutôt de prendre conscience de son propre talent ou ses compétences. Oui, il est possible, à partir de rien, de bâtir une entreprise solide sur le long terme.
Bio express
Né le 17 avril 1985 à Ngagara, Armel Cimanishatse est le deuxième d’une famille de cinq enfants. Après ses études primaires à l’Athénée de Bujumbura, il effectue le secondaire au lycée du Saint Esprit. Il obtient ensuite une licence en Droit et Service social, un master en Développement communautaire à l’université Espoir d’Afrique et enfin un master au Christian leadership. Celui-ci suivi sur internet, à l’United Graduate College Seminary (Washington D.C.). Le 1er janvier 2013, il se lance dans l’élevage des vaches. En parallèle, il est aussi interprète et traducteur. Chrétien fervent, il aime partager la parole biblique. En dehors du travail, il aime le basketball, la musculation, la musique et la littérature.
Témoignages
«Armel est persévérant et exploite son potentiel»
Ami d’Armel Cimanishatse depuis 8 ans, Désiré Mugisha ne tarit pas d’éloges sur ce jeune entrepreneur.
«J’ai rencontré Armel à l’Université Espoir D’Afrique au sein du groupe biblique.
Il était président de ce groupe et moi chargé de l’évangélisation». Une amitié solide s’est alors tissée entre eux. «Armel est un ami exceptionnel pour moi », ajoute, M. Mugisha
Il se rappelle que lorsqu’Armel a commencé à parler de son projet d’élevage, tout son groupe d’ami s’est moqué de lui.« Tout le monde lui chantait que ce n’était pas une activité d’un enfant né en ville. Il ne s’est pas découragé pour autant.
Désiré a été agréablement surpris par la persévérance et le courage dont a fait preuveson ami. «J’ai été témoin de l’évolution ascendante de son élevage. Il n’a pas jeté l’éponge, et avec le peu d’argent qu’il gagnait, il est passé d’une seule vache à une dizaine ».
Pour Mugisha, Armel est un exemple à suivre en matière d’entrepreneuriat.
«Le lait que produisent les vaches d’Armel est apprécié»
Adrien Ndikumwenayo est lui aussi éleveur de bovins. Quand il est à court de lait pour ses consommateurs, il s’approvisionne chez Armel.
« J’ai connu Armel Cimanishatse en 2014. Je venais de Gitega, je faisais l’élevage de vaches laitières. Armel avait déjà des vaches qui produisaient une bonne quantité de lait, dont une qui fournissait 12 litres le matin. Les vaches d’Armel étaient bien portantes, et j’ai vendu quelques unes des miennes pour lui en acheter deux. »
M. Ndikumwenayo ajoute que leur travail est complémentaire : « Quand il m’arrive de manquer de lait pour mes clients, ma roue de secours est la ferme d’Armel. Il me procure du lait quand je n’en ai plus».
Adrien Ndikumwanayo certifie enfin la qualité du lait.« On entend parfois, dit-il, des consommateurs se plaindre du fait que le lait soit mélangé avec de l’eau. Ce n’est pas le cas chez Armel où le lait est distribué immédiatement après la traite ».
Conseil d’un pro
«Ce jeune doit se focaliser sur l’élevage»
Pierre-claver Nduwumwami, directeur général de la Burundi Business Incubator encourage Armel Cimanishatse à se concentrer sur un seul domaine
«Avoir une idée et parvenir à en faire une entreprise demande du courage, de la persévérance et surtout de la détermination. Et Armel s’est montré à la hauteur»,constate Pierre-Claver Nduwumwami. Ceci est, selon le D.G de la BBIN,la caractéristique même d’un véritable entrepreneur.
M.Nduwumwami reconnaît que le grand problème auquel est confronté toute personne, surtout les jeunes qui se lancent en affaires est le manque de financement : « Armel a pu commencer avec son épargne. Il pourrait développer son entreprise en contractant de petits crédits ».
Les institutions financières sont certes hésitantes à l’idée de financer les entreprises naissantes, mais rassure le D.G de la BBIN, ce jeune a déjà mis en route une production
«M. Cimanishatse doit cependant être assez disponible pour son activité», conseille M. Nduwumwami. Le fait de mener traductions et élevage en parallèle pourrait être un handicap. «Il y a risque qu’il éparpille son temps et ses maigres revenus entre ses deux activités », explique le DG de la BBIN.
Pour M. Nduwumwami, l’idéal serait qu’Armel étende son activité tout en restant dans le même domaine. «Il pourrait, par exemple, ouvrir une cafétéria pour vendre son lait à un prix plus élevé », suggère le D.G de la BBIN.
J’aime ça
Merci Iwacu pour ce genre d’articles!C’est inspirant!
Que Dieu te fasse prospérer d’avantage mon frère. Iyo Mana usenga irakomeye, continue à travailler fort, tu es un modèle pour beaucoup de jeunes. « The sky is the limit » comme disent les anglais. Que la paix du Seigneur t’accompagne.
L’elevage d’Armel est encore au stade embryonnaire.Il n’y a rien de mauvais ou d’incompatible de continuer a vaquer a d’autres activites professionnelles du moment qu’il delegue la gestion de son entreprise a une personne de confiance.La divesrsification n’est pas mauvaise.Il ne faut pas mettre tous les oeufs dans un meme panier…
C’est un bon exemple qu’ils faut apprendre à tous les jeunes burundais! Au lieu d’apprendre à entreprendre ils apprennent à s’entretuer pour les intérêts des démagogues!
Il ya une explication a « ce parallelisme » de ce jeune entrepreneur: au Burundi, il devient de plus en plus difficile de vivre d’un seul metier a cause de la pauvrete extreme: meme ceux qui ont la chance de travailler ont des revenus insuffisants.Le petit livre « Magorwa » en di long..
Certains secteurs aussi vivent une incertitude continuelle….ce qui fait qu’ une facon de vouloir trouver une forme de securite, on essaie de tenter plusieures choses a la fois!
Bravo a Cimanishatse, aille vers l’avant.
courage courage courage
Courage Armel. Tu es un exemple à suivre pour les jeunes burundais
Merci à Iwacu, voilà des bonnes exemples que les Burundais devront se tarder et intéresser davantage, vous auriez aussi lui interview et lui posez toutes questions pertinentes et lui aider à entrer en contact avec les banquer. que ses rêves seraient endossés. Courages!!!
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Cool!! Courage kabisa!! Imana ikuje imbere
Wonderful