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Opposition : l’homme qui siffla la fin de l’exil

05/05/2013 Commentaires fermés sur Opposition : l’homme qui siffla la fin de l’exil

Devant la cascade d'[annonces de retour des opposants->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article4803], une question : pourquoi rentrent-ils tous soudainement ? L’intervention de Parfait Onanga-Anyanga, Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies au Burundi, devant [le puissant International Peace Institute->http://www.ipinst.org/about/board.html] à New York éclaire*. C’était le 25 janvier dernier …

<doc7063|left>« Aujourd’hui, le plus grand danger pour le Cndd-Fdd n’est pas de perdre en 2015 » expliqua le patron du BNUB à la rencontre de l’IPI : « S’il y avait des élections organisées maintenant, le Cndd-Fdd est en position de les gagner clairement. Le plus grand danger pour lui, par contre, c’est de se présenter seul aux scrutins. Et cela serait un grand coup pour la jeune démocratie burundaise.»

C’est pourquoi, enchaina-t-il, « nous avons parlé à l’opposition, et essayé de les convaincre de ne pas quitter, de rester, car au-delà de l’accès et du contrôle du pouvoir, l’opposition, dans beaucoup de pays, spécialement dans beaucoup de jeunes démocraties, a une responsabilité historique d’être sûr qu’elle est présente et que la voix de ceux qui ne sont pas représentés par la majorité est entendue. Et ce serait mieux de les voir au Burundi au moment où [d’] importantes lois sont débattues à l’Assemblée au lieu de crier de l’extérieur du pays. »

Cinq mois après son arrivée au Burundi, le diplomate gabonais prenait donc le sifflet, [en pleine CAN d’ailleurs->http://can2013.rfi.fr/], pour signifier la fin d’un match étrange, de sourds, avec « un dialogue entre le gouvernement et l’opposition presque inexistant.»
Et avant de se rendre notamment à New York, M. Onanga-Anyanga rencontrait le ministre de l’Intérieur pour lui faire part « de l’intention d’organiser, vers la fin de février [2013], une importante rencontre entre ces deux parties. Et j’étais heureux de constater que tout le leadership politique en place à Bujumbura, à commencer par le président de la République, est prêt à supporter cet exercice. C’est une opportunité unique pour les politiques en exil qui n’acceptent pas le Forum des partis politiques par ailleurs. »

Le fameux boycott, toujours et encore …

Auparavant, le représentant spécial de Ban Ki-moon au Burundi avait tenu à brosser le paysage politique burundais actuel : « Quand on en vient à l’analyser, on se rend compte que le Burundi est affecté par le boycott de l’opposition du processus électoral de 2010 où, comme vous le savez, alors que tous les observateurs et acteurs de ces élections avaient dit que les communales s’étaient en gros passées de manière juste et proprement organisées, un nombre de partis de l’opposition décidèrent que cela n’était pas le cas. »
Et ce retrait du jeu politique pacifique a conduit à [l’absence de l’opposition au Parlement->http://iwacu-burundi.org/spip.php?article3762], dont la conséquence est « l’usage, par le gouvernement de sa majorité parlementaire pour présenter des projets de lois qui, adoptés dans l’état actuel de leur présentation, mènerait à plus de rétrécissement de l’espace politique pour l’opposition, la société civile et les médias. »
Car il y a « une confiance grandissante du parti au pouvoir, avec le risque d’être autoritaire, qui gouverne le pays sans presque d’opposition. »

La question centrale de la justice transitionnelle

Parmi ces projets de loi qui ne doivent pas rester aux mains du seul Cndd-Fdd figure notamment la mise en place de la Commission Vérité et Réconciliation : « Le gouvernement a envoyé au Parlement un projet de loi sur la CVR qui, je dois être juste, ne correspond à aucun standard international que je connaisse. » Pour que l’institution, annoncée pour 2013, soit « défendable devant les partenaires internationaux et la société burundaise », le patron du BNUB a rappelé que « [nos commentaires ont été apportés au Président de l’Assemblée nationale du Burundi->http://iwacu-burundi.org/spip.php?article4750] », espérant que « ces points de vue seront pris en considération. »

Et les Nations Unies ne sont pas monolithiques dans leur analyse de la situation sur la question de la justice transitionnelle : « La société burundaise a une grande volonté de revisiter son histoire. Aucune famille dans ce petit pays n’a été épargnée par les horreurs de la guerre. Les Burundais veulent pardonner. Mais ils veulent aussi la justice. C’est un processus inévitable » explique M. Onanga-Anyanga. « Et alors que, en principe, aucun temps ne devrait être perdu sans être sûr que toute la vérité est connue et que les responsables de ces crimes sont devant la loi, il y a aussi ce témoignage d’un leader politique burundais, qui m’a clairement dit : {Parfait, chacun de nous tous qui avons eu à gérer le pays, a une responsabilité dans les horreurs que nous avons vécues et vivons encore.} »
Pour le numéro Un du BNUB, « où mettre la balance entre la paix et la justice ? » Telle est la grave équation du moment.

La question de Rwasa, des exécutions extra-judiciaires

« Les membres du gouvernement m’ont été très clairs : il y a peut-être beaucoup de noms autour du FNL, mais le vrai leader du parti reste Agathon Rwasa.» Les autorités à Bujumbura ont aussi affirmé au diplomate onusien que s’il advenait que Rwasa rentre, « ce serait la personne autour de laquelle le parti se rassemblerait. Et de ce fait, qu’il restait une personnalité politique à prendre en compte dans la gestion du pays. » Voilà ce qui explique notamment [les informations persistantes sur la prochaine rentrée de l’homme au pays.->http://iwacu-burundi.org/spip.php?article4772]

Sur la question des exécutions extra-judiciaires et de meurtres à caractère politique (61 en 2011 et 13 en 2012 selon les décomptes des services onusiens), « il y a des problèmes structurels qui ne justifient pas mais qui expliquent pourquoi nous assistons à ce niveau de violence au Burundi ».
Ainsi, « l’actuelle stabilité du Burundi tient au fait que les anciens rebelles ont été correctement intégrés dans l’armée et reçu une formation professionnelle adéquate. La police n’a pas reçu un même niveau de traitement, ou pas encore. Et c’est là où nous observons un certain nombre de cas de non-respect des droits de l’homme. »

Et « à son crédit, je dois dire que cela n’amuse pas le gouvernement burundais d’entendre le Burundi labellisé comme un pays où de telles pratiques existent » a expliqué M. Onanga-Anyanga, se disant par ailleurs être « très confiant » sur l’avancée positive de ce point.

Une stabilité menacée, pourtant …

Analysant le processus de paix burundais, Parfait Ananga-Onyanga : « Toutes les grandes avancées connues par le Burundi se sont opérées principalement sur les 7 dernières années… une période presque insignifiante à l’échelle de l’histoire. Ce qui a été fait dans ce pays en si peu de temps est extraordinaire. Et c’est vrai que beaucoup de défis restent, dont le premier est le respect de la loi, des droits humains et la lutte contre l’impunité. »

Rappelant que le travail du BNUB est de suivre la mise en applications [des promesses de Genève->http://www.iwacu-burundi.org/?page=geneve], M. Ananga a aussi souligné son appel aux Nations Unies à « soutenir le peuple burundais de manière urgente, notamment à traves l’appui budgétaire. Car si l’État n’a pas les moyens de base pour travailler, nous serons nombreux à parler, bientôt, d’une processus de paix qui a échoué au Burundi. Pour le moment, nous ne pouvons pas imaginer ce que cela peut être mais nous devons garder en tête l’état de l’Est de la RDC qui reste une région extrêmement volatile.»

Et il n’a pas hésité à se présenter « volontiers l’ambassadeur du Burundi sur un point : tout le travail que nous menons sur au plan politique ne peut pas durer dans un pays avec tellement de problèmes sociaux-économiques. » Et de s’interroger, à mots couverts : « Comment, en tant que communauté internationale, allons-nous continuer à appeler au respect des droits humains et de la bonne gouvernance, des principes non-négociables, alors que les gens vont dormir le ventre vide ? »

Mais qu’à cela ne tienne : « De tous les Burundais que j’ai vus et que je rencontre toujours, qui sont là avec un extraordinaire courage, une grande résilience et l’amour de la vie, aucun n’est prêt à vivre de nouveau sous une dictature. Jamais plus. Et cela est vécu notamment à travers la société civile et les médias qui usent d’une liberté d’expression comme nul part ailleurs dans la région. »
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* Retrouvez l’intégralité de la rencontre sur http://www.youtube.com/watch?v=86rexqHH0UE

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