Par Chris Harahagazwe
Regardez attentivement cette photo publiée par Iwacu à l’occasion de la Journée internationale pour les droits de la femme. Elle m’a profondément bouleversé. Acha Hashazinka habite dans cette cahute (sic) avec ses 7 enfants ! 7 enfants ! Les animaux dans la nature ont un meilleur abri. L’image illustre parfaitement l’analyse de la situation burundaise que j’exprime depuis quelques années. L’importation du virus rwandais dy génocide né en 1959 et exporté au Burundi en 1965 nous empêche de nous occuper de l’essentiel à savoir : travailler avec acharnement à transformer la société pour donner à la malheureuse population burundaise une vie digne. Au lieu de cela, depuis 60 ans, l’activité principale est de tuer, tuer, tuer, tuer, pas seulement tuer… tuer des innocents, femmes et enfants.
Lorsque feu Nelson Mandela visita la prison de Mpimba à Bujumbura en juin 2000, il en sortit terriblement choqué et demanda au gratin politique, administratif et religieux réuni au Palais de Kigobe « existent-ils au Burundi des gens qui croient en Dieu pour arriver à traiter les autres comme cela ? » La même question se pose 20 ans plus tard au vu de cette photo d’Acha Hashazinka ? Un pays qui proclame dans sa Constitution la primauté de Dieu avant toute chose peut-il laisser sa population vivre pire que des animaux ? Au vu de cette image, pouvons-nous mettre des costumes Armani, avec chaussures italiennes en cuir de luxe, montre Rolex d’un poignet, gourmette en or de l’autre et aller prononcer des discours devant le concert des Nations Unies ou sabrer le champagne avec les diplomates de l’Union européenne? Pouvons-nous moralement être autorisés à étaler nos richesses obscènes devant la nation offrant des cadeaux d’anniversaire ou de fin d’études d’une valeur d’un centre de santé lorsque des compatriotes vivent pire que des animaux?
Je suppose que des milliers de croyants passent la cahute d’Acha Hashazinka et ses compères de malheur pour aller à la messe tous les dimanches. Peut-on être chrétiens et laisser vivre des voisins vivent pire que des animaux ? Le pape François est arrivé au siège de saint Pierre en déclarant qu’il veut « une Eglise pauvre pour les pauvres ». Il a même donné instruction aux gens d’Eglise de sortir de leur confort pour aller auprès des démunis. Chaque fois que j’ai visité les couvents du Burundi, si propres et si manucurés, je me suis toujours demandé si les sœurs catholiques ont entendu l’appel du pape des pauvres pour quitter leurs belles bâtisses et se mettre au service des damnés de la terre qui croupissent dans la misère ou la puanteur des prisons. Comme mes lecteurs se rappellent, je critique l’Eglise catholique avec une profonde affection et éternelle reconnaissance, car c’est bien elle qui a fait de moi et de toute ma famille ce que nous sommes.
Les conditions inhumaines d’Acha Hashazinka ont suscité en moi la même réaction que j’ai eue en découvrant les camps des rescapés du génocide contre les Tutsis de 1993. Je n’en ai pas dormi pendant des jours et des semaines. Je leur apportais des secours que je collectais dans les ONG où ils pourrissaient (je répète « pourrissaient »). Le Ministère de la Solidarité nationale me donnait des camions pour les transporter. C’est là que j’ai découvert que les Hutus et les Tutsis n’existent pas, les seules ethnies qui existent sont les riches et les pauvres. Le petit peuple tutsi massacré et exterminé avec femmes et enfants depuis 1965 meurent pour des raisons qui le dépassent dans une injustice infinie. Pauvres et démunis comme leurs voisins, l’on ne se souvient de leur existence que lorsqu’on vient les tuer. 10 ans après, toujours parqués dans les camps, les rescapés me disaient que « vous les gens de Bujumbura vous ne faites que nous apporter le malheur (kudukwegera). Tout ce que nous voulons, c’est de vivre ». S’ils pouvaient changer d’ethnie ils le feraient, car « tout ce qu’ils veulent c’est de vivre ». Au Rwanda, les gens qui avaient changé d’ethnie en acquérant les cartes d’identités hutues n’ont pas été massacrés.
J’écris ce papier au moment où le mois noir d’avril arrive. Le tragique mois qui marque les génocides du Burundi (1972) et du Rwanda (1994). Depuis 1965, le Burundi compte 1 million de morts suppliciés à l’autel de la haine ethnique et le Rwanda enregistre 2 millions de victimes depuis 1959. Les destins des deux pays jumeaux sont intrinsèquement liés. Les malheurs de l’un se nourrissent de l’autre. Comme je l’ai déjà écrit, j’ai vu venir en 1965 l’idéologie rwandaise du génocide. J’avais 10 ans et mes camarades de classe, François et Marcelin, furent tués à la machette avec leurs pères, car l’on ne tuait alors que les mâles. Avant les massacres des paysans tutsis en octobre 1965 (Zone Busangana, Commune Bukeye), nos camarades de classe, grands comme trois pommes comme nous, nous disaient que nous ne sommes pas des Burundais, que nous venons d’Egypte et que l’on allait nous renvoyer en Egypte (mu Msiri) par la Ruvubu. Mon voisin de banc me disait que l’on allait nous écraser comme on écrase les poux avec deux pouces. Le geste d’illustration à l’appui.
Un million de morts au Burundi et 2 millions au Rwanda plus tard, l’idéologie est toujours vivace. L’historien spécialiste des Grands Lacs, Jean-Pierre Chrétien, a appelé le régime génocidaire grand-lacustre « Nazisme tropical ». Alors que le nazisme européen a été détruit pour toujours par les forces alliées américano-britanniques et surtout par l’impitoyable armée soviétique, avec pour conséquence la proclamation du PLUS JAMAIS CA, le nazisme tropical des Grands Lacs est toujours virulent et mobilisateur. En effet, les redoutables réseaux sociaux continuent à empoisonner l’esprit des jeunes avec leur venin de haine qui va contribuer à perpétuer le cycle infernal de massacres et de génocides. Rien n’est fait pour asseoir le PLUS JAMAIS CA dans les Grands Lacs. C’est plutôt A LA PROCHAINE dans l’indifférence générale des Nations Unies, de la Communauté internationale et de l’Eglise catholique si influente dans notre région. Tout devrait être fait pour empêcher la répétition de l’apocalypse.
Au lieu de nous convaincre que l’important d’abord et avant tout c’est le développement économique (It’s the Economy Stupid ! slogan de Clinton), nous nous focalisons sur la haine ethnique alors que les tribus n’existent plus depuis la Dame de fer Mme Thatcher. « La société n’existe pas, seul l’individu existe » a-t-elle affirmé. Une citation qui est restée dans les annales. Elle ne croyait pas si bien dire, nous vivons individuellement nos vies et essayons de faire vivre nos familles, seuls au monde. Nos compatriotes de la diaspora burundaise et rwandaise confinés dans la solitude et le froid de leurs appartements à travers le monde (Canada, USA, Europe, etc) le savent mieux que quiconque. La haine ethnique est une supercherie et une stupidité qui nous a causé tant de souffrances pour rien. C’est le signe éloquent de notre indigence intellectuelle. Si nous étions intelligents, nous saurions que rien ne vaut la paix et la concorde nationale. Le voisin quel que soit son ethnie, vit sa vie désespérément seul. Personne ne soucie qu’il a nourri ses enfants ou pas. Même en cas de conflits, rien ne peut justifier d’infliger des souffrances indicibles à des femmes et aux enfants. Le combat doit se faire entre adultes armés et non contre les femmes et les enfants. En 53 ans de guerre civile en Colombie, les affrontements ont fait 300 000 morts. Trois cent mille morts au Rwanda et au Burundi c’est le bilan d’un mois de massacres, car la cible principale ce sont les populations vulnérables et non les combattants armés.
Les Nations Unies, l’Union africaine, la fameuse communauté internationale ainsi que l’Eglise catholique si implantée dans les Grands Lacs laissent se remobiliser les génocidaires, les négationnistes et autres suppôts en oubliant que la guerre commence dans l’esprit des personnes et que c’est dans l’esprit des personnes qu’il faut lutter pour la paix. Le génocide contre les Tutsis rwandais de 1994 a été préparé dès les premiers massacres de 1959. L’idéologie s’est implantée ensuite via des pogroms successifs, l’apologie de la haine et l’acceptation de l’exil d’une partie de la population par les Nations Unies et la puissante Eglise catholique rwandaise qui allait participer au génocide de 1994. Une fois que la mise à mort d’innocents pour cause ethnique fut acceptée par les Nations Unies et l’Eglise catholique, personne ne pouvait plus arrêter la machine infernale rwandaise ainsi que l’exportation du nazisme tropical au Burundi en 1965 et en RDC en 1994 dans les bagages des génocidaires qui venaient de massacrer un million de personnes, femmes et enfants compris.
Les images marquent les esprits. Le monde se souvient de l’étudiant chinois qui a arrêté une colonne de chars. Ou la petite fille en fuite brûlée par le napalm américain au Vietnam. Ou la toute récente photo d’une nonne catholique à genoux en Birmanie suppléant les policiers de ne pas tirer sur les manifestants pacifiques. L’image insoutenable du sort des damnés de la terre burundais comme Acha Hashazinka devrait nous interpeller tous. Elle devrait nous ramener à la raison et nous convaincre de nous consacrer à l’essentiel. La transformation urgente de la société pour donner à la population une vie digne. Nous devons cesser d’urgence d’être la honte de l’humanité, le pays le plus pauvre, le plus arriéré et le plus malheureux du monde. Je vais le répéter ad nauseam « les Hutus et les Tutsis n’existent pas, les seules ethnies qui existent sont les pauvres et les riches ». Les pauvres n’ont pas d’autre ethnie que l’ethnie des damnés de la terre comme, Acha Hashazinka.
Chrysostome (Chris) Harahagazwe
Traducteur Freelance Anglais-Français
Membre fondateur de la Ligue Iteka
Auteur de nombreux articles sur la vie politique et sociale du Burundi
*Les articles de la rubrique opinion n’engagent pas la rédaction
J’ai participé à beaucoup de séances entre burundais toutes ethnies confondues et j’ai appris cette leçon: si vous voulez faire déraper un débat, prononcez seulement le mot « génocide ». C’est, comme on dit, jeter un pavé dans la marre: les esprits s’échauffent, la sérénité et la politesse sont mises au rencart. Parce les hutus tiennent à leur « génocide »; les tutsis tiennent à leur « génocide » : des positions irréconciliables, du moins jusque aujourd’hui. Si je reviens à la photo en question, je constate qu’elle a servi une cause qui la dépasse. Mais je reste convaincu que l’image en elle-même nous rappelle que nous avons encore un long chemin à faire pour atteindre les bien-être de tous. J’ai aussi vu ici même sur Iwacu des photos des ponts qui s’écroulent, des routes mal entretenues, des élèves qui s’assoient par terre en classe, des immondices qui jonchent les lieux publiques… Bref, il faut reconnaître que nous avons encore du pain sur la planche, même si les politiciens « tranquillisent ».
»Si je reviens à la photo en question, je constate qu’elle a servi une cause qui la dépasse. Mais je reste convaincu que l’image en elle-même nous rappelle que nous avons encore un long chemin à faire pour atteindre les bien-être de tous ».
Sans doute, mon cher Jereve! Sauf pour les tenants de ce que j’ai déjà appelé l »’histoire ressentiment », dont le regard est ostensiblement tourné vers le passé. L’histoire ressentiment, c’est celle qui s’en prend doublement à l’adversaire: s’il est aujourd’hui la cause de tous les maux, c’est qu’il était déjà, dans le passé, un agresseur, voir pire, une véritable calamité! Oups! Je m’étais juré de ne plus revenir dans ce débat!
Cher Monsieur Chris Harahagazwe,
Si la modestie pouvait s’acheter , je vous en ferais un cadeau !
Là photos de cette pauvre dame n’est qu’une simple illustration des conditions de vie, des conséquences de la discrimination que ce peuple à travers subie et que des hommes et femmes engagés , de toute ethnie, travaillent sans relâche pour remédier !
Hier , cette pauvre Mutwakazi, était une intouchable « à la burundaise », aujourd’hui , une heureuse Mutwakazi siège au conseil des Ministres !
Cherchez l’erreur ! En tout cas pas dans vos théories d’importation et d’exportation de génocide.
Modestie , quand tu nous manques!
Des passions qui se déchaînent à cause de la vue d’une image d’une pauvre femme se trouvant devant une hutte! Qu’est-ce que cela a à voir avec les ethnies et les génocides?
Saviez-vous qu’au Nigéria, de telles huttes existent?… et chose impensable, il arrive qu’on trouve, devant ces huttes au Nigéria, non pas des femmes pauvres, mais des Range Rovers flambant neuves! Allez savoir à qui elles appartiennent!
Pourtant, le Nigéria est un pays indécemment riche par rapport au Burundi et une multitude d’autres pays africains.
Les pauvres et les riches existent partout dans le monde. Et ce n’est nullement à cause des ethnies et des génocides. Dans les pays dits riches, il y a des pauvres qui n’ont même pas accès à une hutte!
Une simple question : « Est-ce que cette histoire pourrait pourrait s’appliquer à chaque image d’une pauvre femme se trouvant devant une telle hutte, dans un autre pays que le Burundi? »
Prendre une telle image comme prétexte pour déverser des théories de génocide est un exercice à la fois mesquin et malhonnête!
Ces histoires d’idéologies génocidaires sont une invention des extrémistes et ceux qui les répandent et ceux qui y répondent ne font que participer dans leur perpétuation!
Ignorez-les et taisez-les s’il vous plaît! Nous sommes rendus à une étape ou nous devons choisir de nous réconcilier et d’avancer.
Je vais regrouper ma réponse à Frédérique Nzeyimana et Hurugavye.
1. Avec vous et moi c’est un dialogue de sourds. Votre brillante argumentation, point par point, est l’illustration même de la propagande Hutu Power, ce nazisme tropical sur lequel j’attire l’attention des Nations unies et de l’Eglise catholique. Les Nations unies : car la communauté internationale a payé cher, des milliards de dollars, pour réparer les effets des génocides burundais et rwandais. C’est la trahison des Tutsis rwandais en 1959 par les Nations unies et l’Eglise catholique qui a conduit aux premiers réfugiés de l’histoire de l’Afrique et au génocide de 1994 en passant par les pogroms successifs de 1960, 1963, 1973 etc. L’Eglise rwandaise a perdu 5 évêques et des centaines de prêtres et de sœurs du fait qu’elle a oublié le message du Christ et participé à l’apologie de la haine ethnique. Si les Nations unies et l’Eglise catholique des Grands Lacs ne combattent pas ici et maintenant le nazisme tropical qu’est le Hutu Power, la région va encore flamber.
2. L’Eglise catholique n’a d’autres armes que la prière et l’autorité morale. Elle doit lutter avec acharnement pour la sacralité de la vie humaine et la règle d’or du Christ : Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu’ils vous fassent. Staline demandait avec ironie : « Le pape c’est combien de divisions ? » mais c’est un pape, Jean-Paul II, qui a contribué à abattre l’empire communiste. L’autorité de l’Eglise catholique est immense. Au Congo, c’est la seule qui tient la société détruite par 30 ans de destruction nationale par Mobutu. C’est elle qui lutte toute seule pour la démocratie. L’Eglise catholique burundaise pourrait elle aussi, uniquement par son autorité morale, changer le cours de l’histoire burundaise. Comme l’Eglise congolaise, elle a essayé de sauver la démocratie sans succès mais la graine a été plantée. Si l’Eglise burundaise s’était impliquée à la mobilisation pour exiger justice pour les petites vieilles sœurs italiennes de Kamenge massacrées dans leur couvent, la cause des droits de l’homme aurait pu avancer et sauver des milliers d’innocents.
3. Hourrah ! Les tutsis sont sauvés ! Sonner hautbois, Résonnez musettes ! Un autre peuple objet de haine et menaces est né : Les Hima. L’apologie de la haine qu’ils subissent a remplacé celle des Tutsis. Les attaques dont fait l’objet ce clan seraient passibles de poursuite en justice, si les assauts parlaient de Tutsis et non de Hima. L’apologie de la haine contre les Hima est acceptée. Tout le clan Hima est coupable des crimes perpetrés par dirigeants classes Hima. Même chose au Congo, les Hema (lisez bien les HEMA du Congo) sont désormais le peuple objet de massacres et d’extermination depuis l’invasion des Interahamwe. Le journaliste de Patrick de Saint-Exupéry vient de publier un livre (La Traversée) sur l’itinéraire parcouru par les Interahamwe en fuite dans le Congo et affirme que les génocidaires ont introduit la cruauté au Congo comme ils l’ont pratiquée au Rwanda et exportée au Burundi.
4. Importation du virus rwandais de génocide. Le crime fondateur de l’extermination des paysans tutsis en 1965 s’est fait sous mes yeux et il n’y avait aucun rwandais à Bukeye contrairement aux dires Hutu Power de Frédéric Nzeyimana. Le virus a été importé par le député de Bukeye Nzobaza, adjoint de Mirerekano. Il avait créé une milice: La Jeunesse Révolutionnaire Mirerekano. (Merci à John qui a cité le nom, je n’osais pas utiliser le nom pour ne pas heurter leurs familles). C’est cette milice qui répandra la propagande génocidaire et Hutu Power pendant des mois dans ma contrée jusque sur les bancs de notre école primaire. Les tutsis ne sont pas des Burundais, ils viennent d’Egypte (Msiri), il faut les renvoyer en Egypte par la Ruvubu. Les massacrés ont commencé à l’usine de thé de Teza puis poursuivi sur toute la Zone Busangana mitoyenne à Bukeye centre. Nous n’avons été sauvés à Bukeye centre que par l’arrivée rapide de l’armée. Les massacres ont commencé à l’aube et l’armée est arrivée à 15 heures au centre de Bukeye.
5. La misère cause première des génocides burundais. La photo d’Acha Hashazinka est l’illustration même de la faillite intellectuelle et économique de la nation depuis 60 ans. Des masses misérables et incultes ne peuvent résister à la manipulation de l’élite génocidaire. Des rats affamés se mangent entre eux. Des millions de jeunes (75 pour cent de la population), sans travail, sans métier, sans aucun avenir ne peuvent être des bombes à retardement génocidaires. Oui Monsieur Horugavye, il y a des pauvres partout notamment ce qui vivent sur des immondices a Manille, New Delhi et Calcutta. Mais personne ne viendra les exterminer avec femmes et enfants sur leur tas d’immondices alors que les petits tutsis vivant dans de cahutes comme Acha Hashazinka le sont dans une indifférence générale. Par ailleurs, ni les Philippines, ni l’Inde n’ont placé constitutionnellement Dieu devant toute chose. Les pauvres peuvent crever dans des régimes capitalistes mais pas dans un régime fondé sur Dieu sauf si c’est un leurre sans aucune signification.
6. Horugavye est agacé par mes jérémiades sur les génocides contre les Tutsis. Je n’écris pas pour convaincre les tenants du Hutu Power. J’ai déjà dit que je ne fais pas de distinction entre les souffrances car je suis habité par les souffrances hutues au même pied d’égalité que les souffrances tutsies. J’écris uniquement pour informer la jeunesse perdue qui ne sait rien de notre histoire macabre. Mon précédent article en réponse au Professeur Cishahayo a un succès monstre dans toute la jeunesse victime de génocide partout dans le monde, depuis les camps des réfugiés jusqu’à la diaspora.
7. Les Hutus et les Tutsis n’existent pas, les seules ethnies qui existent sont les pauvres et les riches. Le petit peuple tutsi est régulièrement massacré et exterminé avec femmes et enfants, uniquement par appartenance à la classe des misérables. Les militaires bêtes et méchants qui ont provoqué le génocide du petit peuple tutsi se fichaient éperdument du sort de ces damnés de la terre. C’est ainsi que ma famille maternelle de Rutegama a été décimée depuis le patriarche de 85 ans jusqu’au bébé de 2 semaines de mon cousin A. C’est ainsi que ma tante paternelle d’Isale a été décapitée et la tête promenée sur une pique aux cris : Venez voir la tête d’une tutsie. Ma tante J. tuée avec son mari était la femme la plus belle que j’ai jamais vue. C’est ainsi que ma tante paternelle de Rango a été exterminée avec enfants, petits enfants et belles filles. Ils ont été massacrés parce qu’ils sont de l’ethnie des damnés de la terre. C’est une loi de l’analyse marxiste. Si les tutsis n’existaient pas il y aurait d’autres catégories à massacrer. Peut-être les FNL, les Hutus de la noblesse royale…etc les nuances de haine sont infinies. Des rats affamés se mangent entre eux. Si les Hutus et les Tutsis n’existaient pas, la guerre se ferait entre Protestants et Catholiques. Si les Protestants et les Catholiques, n’existaient pas la guerre se ferait entre Chrétiens et Musulmans..etc. Les facteurs de divisions sont infinis c’est pour cela qu’il faut lutter par tous les moyens contre la haine.
J’arrête mon dialogue de sourds ici. C’est un dialogue de sourds mais il faut dialoguer quand même pour informer la jeunesse burundaise perdue.
Note du modérateur
Il nous semble qu’aucune issue positive ne semble pouvoir émerger du « dialogue » entre Chris Harahagazwe et Frédéric Nzeyimana. Même si jusqu’ici les échanges restent courtois, c’est vraiment limite avec ce que permet notre charte. Le risque d’un dérapage du discours qui nous obligerait à passer malgré nous à la censure est très élevé. Sans une reconnaissance réciproque de la souffrance de l’autre, les deux camps resteront irrémédiablement irréconciliables . Il y a des moments où il faut reconnaître notre impuissance et tirer les conclusions qui s’imposent. Iwacu propose aux deux personnalités d’en rester là.
Bonjour M. Chris Harahagazwe,
Je retiens de votre opinion que vous êtes un homme d’action vis-à-vis des personnes frappées par la misère. Le secours que vous avez déjà apporté aux victimes des guerres fratricides des années passées vous honore. Pourrais-je me permettre de vous demander d’aller plus loin? Construire une maison en dur capable d’héberger dignement Acha Hashazinka et ses sept enfants. Des burundais de partout sur cette terre vous soutiendront dans ce projet.
Merci M. Bavugirije pour votre appréciation. Hélas je ne suis pas au pays. Si j’étais au pays je m’occuperais des prisonniers politiques qui croupissent dans la puanteur de Mpimba depuis des années. Des jeunes, des pères de famille dont la vie a été à jamais brisée. Plusieurs sont morts de maladie et de misère. Les seules que nous avons pu sauver sont les 5 mamans MSD qui ont été libérées après 3 ans de prison. En cas de malheur on sauve d’abord les femmes et les enfants. Les hommes ont été abandonnés à eux-mêmes. Les mamans m’ont dit que si on ne leur avait pas secouru elles seraient mortes de maladie, de dépression ou seraient devenues folles. Leurs camarades hommes croupissent toujours en prison sans aucun secours. Leurs familles devenues misérables du fait de l’absence des pères ne peuvent pas les soutenir sur le long cours. Ils ont eu le tort de croire en la promesse de la démocratie qui est droit à la vie, droit d’expression et d’association. Je répondrai aux autres contributeurs en temps utile.
En tant qu’umuzungu, il ne m’appartient pas d’émettre un jugement sur le responsabilités à attribuer aux diverses constituantes de la société burundaise quant aux crises à répétition qui ont frappé le pays et la société.
La photo de Madame Acha Hashazinka devant sa hutte provoque des réflexions diverses. Cette digne personne au corps marqué par des rhumatismes ou autres effets d’un travail trop dur, cette digne personne a mis au monde et élevé sept enfants, malgré des conditions d’existence précaires, à en juger par la hutte devant laquelle elle pose. Une personne issue d’un milieu urbain ne peut que s’apitoyer sur la misère que l’on devine ici.
Mais qu’en est-il réellement, dans la vie d’Acha ? Si elle racontait sa vie à IWACU, quels accents mettrait-elle aux faits marquants : enfance, mariage, naissances, deuils, injustices ? Serait-elle plus heureuse à la périphérie d’une agglomération comme Kayanza, Gitega ou Bujumbura – livrée à l’humeur d’un propriétaire intransigeant sur la question du loyer à payer, privée du soutien que peut lui offrir sa communauté de Batwa ?
Cette hutte, qui semble faite de rien, est-elle une habitation permanente, ou cette famille se déplace-t-elle (encore ?) selon les saisons ?
Il manque ici tout un contexte pour apprécier correctement ce que peut raconter cette photo – quant à moi, c’est le respect qui l’emporte. Madame Acha Hashazinka a mené une dure vie, mais je pense qu’elle a triomphé de bien des difficultés et assumé son rôle de mère au mieux de ses forces.
Votre humilité vous honore! Faire de la photo d’Acha Hashazinka la preuve par l’image de la gestion pour le moins médiocre, par nos élites, de la société burundaise postcoloniale -et de l’échec de celles-ci- est un fait sur lequel toutes les personnes de bonnes n’auront aucune peine à se mettre d’accord (pour les autres, il n’y a pas grand chose à faire). Faire de cette image, l’explication nécessaire et suffisante des génocides qui ont endeuillé l’Afrique des Grands lacs depuis les indépendances jusqu’à ce jour, »c’est facile à dire, mais c’est difficile à penser » comme dirait Jean-Paul Sartre
CHRIS: L’importation du virus rwandais de génocide né en 1959 et exporté au Burundi en 1965 nous empêche de nous occuper de l’essentiel à savoir : travailler avec acharnement à transformer la société pour donner à la malheureuse population burundaise une vie digne. Au lieu de cela, depuis 60 ans, l’activité principale est de tuer, tuer, tuer, tuer, pas seulement tuer… tuer des innocents, femmes et enfants.
COMENTAIRE 1
Oui. Vous avez entièrement raison. Importation du virus Rwandais. Par les Tutsis du Rwanda. Refugiés au Burundi en 1959. Nouvelles recherches anthropologiques montrent clairement que ce sont eux les mentors des BaHimas du Burundi leur programme génocidaire contre les Hutus. Ne pouvant se venger sur les Hutus du Rwanda. Ils ont craché leur haine sur les communautés Hutu du Burundi aux cotes des trois gouvernements génocidaires de la dynastie des Bahima. De Michel Micombero à Pierre Buyoya. En passant par Jean bBaptiste Bagaza
CHRIS: Les conditions inhumaines d’Acha Hashazinka ont suscité en moi la même réaction que j’ai eue en découvrant les camps des rescapés du génocide contre les Tutsis de 1993. Je n’en ai pas dormi pendant des jours et des semaines. Je leur apportais des secours que je collectais dans les ONG où ils pourrissaient (je répète « pourrissaient »). Le ministère de la Solidarité nationale me donnait des camions pour les transporter.
COMMENTAIRE :
Il n’y a jamais eu de génocide contre les Tutsis en 1993 au Burundi. Selon la définition de la Convention des Nations Unies sur la Prevention et Répression du crime de génocide, les génocides sont commis par des pouvoirs Etatiques. Je vous laisse le soin de préciser aux lecteurs de votre article qui était au pouvoir au Burundi en 1993.
C’est là que j’ai découvert que les Hutus et les Tutsis n’existent pas,
COMENTAIRE 2:
Faux, Archifaux ! Les Hutus et les Tutsis existent bel et bien ! Maintenant plus jamais ! En font preuves les exhumations de corps de Hutus faites par la CVR. A partir 5000 fosses communes et plus ! Réparties sur tout le territoire Burundais. Dans lesqueles les gouvernements issus de la dynastie des Bahimas les ont enfuis. La plupart d’ailleurs enfuis dans les foses encore vivants. D’ailleurs un rapport de la CVR sur les exhumations dans la province de Bururi vient d’être faite. Exactement 74. Dont certains de 8m de large sur 25m de long. Contenant des corps de Hutus tues à coup de blocs de pierres.
CHRIS:Les destins des deux pays jumeaux sont intrinsèquement liés. Les malheurs de l’un se nourrissent de l’autre.
COMENTAIRE 3
Ne jamais confondre la structure anthropologique du Burundi avec celle du Rwanda Alors que le Rwanda ne connait pas plus que 3 catégories de communautés : les BaTutsi, les BaHutus et les Batwa , le Burundi lui en connaissait jusqu’à cinq.
En plus des trois du Rwanda le Burundi en connait deux de plus : les Baganwa et les BaHima. Alors que le Rwanda a eu des rois Batutsi, les rois au Burundi étaient des Baganwa et non des Batutsi. Bien plus, appeler un Mwami-Muganwa du Burundi du nom de Mututsi était une insulte.
Au demeurant, sachez que le Burundi n’a connu que deux dynasties : la dynastie des Baganwa et celle des Bahima. Jamais un Tutsi n’a été à la tête du pays au Burundi. Vous retiendrez ceci que, pour devenir une dynastie, les Bahima ne pouvaient y parvenir que grâce à une façon et une seule : le GENOCIDE. Celui des Hutu (1962, 1965, 1969, 1972, 1988, 1993, 1995, 2015) et celui des Baganwa (1965-1966). C;est cela qu’ils ont appelé la Révolution du 28 Novembre 1966
LE BURUNDI DEVRAIT RECONAITRE lE GENOCIDE DE 1972 COMMIS CONTRE LES HUTU PAR LA DYNASTIE BAHIMAS
L’article 3 (b) de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide doit s’appliquer au génocide de 1972 au Burundi.
Les violations des droits de l’homme et le génocide sont les questions les plus litigieuses du monde contemporain. Au lendemain de l’horreur, du carnage dévastateur et effroyable de la Seconde Guerre mondiale, les États membres de l’Organisation des Nations Unies (ONU) ont pris des mesures radicales pour transformer l’ordre juridique international, entre autres, «pour préserver les générations futures du fléau de la guerre et réaffirmer la foi dans les droits humains fondamentaux ». Par la suite, la Charte internationale des droits de l’homme a été proclamée et conçue, dans une plus large mesure, pour établir des normes internationales relatives aux droits de l’homme et des règles de conduite et empêcher la répétition de massacres ou de génocides.
Article 3 (b) de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide Convention (la Convention sur le génocide) prévoit que les actes de génocide, entente en vue de commettre le génocide, incitation directe et publique à commettre le génocide, la tentative de commettre le génocide et la complicité dans génocide sera punissable.[1]
Cher Frederic, ce ne sont pas des tutsi du Rwanda qui ont cree Mirerekano et sa milice. Tres reducteur ton raisonnement. Desole
Que monsieur Harahagazwe me pardonne mais je ne vois pas très bien comment on peut établir un lien organique entre l’idéologie du génocide telle que théorisée par l’intéressé et l’image de Acha Hashazinka publiée par le journal Iwacu. Ce qui crève les yeux par contre, c’est la récupération d’une image pour relancer des lamentations anti génocidaires qui sentent le réchauffé.
Pendant des des années et ce depuis le génocide rwandais de 1994, certains Burundais ont vainement tenté d’alerter et de mobiliser l’opinion internationale contre la commission imminente, au Burundi, d’un génocide qui serait encore plus meurtrier que celui rwandais. La démarche a fait long feu mais les adeptes de l’incantation génocidaire n’ont pas désarmé. À défaut de voir se réaliser chez eux au Burundi ce qu’on appelle en théorie du comportement humain le »self fullfilling prophecy » (ou »la prophétie qui se réalise à force d’avoir été annoncée »), à défaut de voir se commettre dans leur pays, le crime des crimes qu’ils appelaient de tous leurs voeux (ce qui leur auraient sans doute permis d’avoir raison contre tous et de pouvoir dire »Si seulement on nous avait écouté!), ils ont décidé de changer leur fusil d’épaule, d’embrayer sur le discours droitdelhommiste et de claironner partout qu’en matière de droits de l’homme, le Burundi c’est l’antichambre de l’enfer. Et qu’il faudrait dorénavant conditionner toute aide au pays à des avancées significatives en matière des droits de la personne. Monsieur Harahagazwe peut être satisfait: la multiplication des obstacles à la reprise de l’aide directe bilatérale ou mutilatérale au Burundi (en ce y compris celle qui était la première pourvoyeuse de l’aide au Burundi à savoir l’Union européenne) peut être raisonnablement perçue par les parangons de la rectitude droidelhommiste comme une reconnaissance de la justesse de leur combat. Que des gens comme monsieur Harahagazwe ne puissent pas (ou se refusent à) établir un lien organique entre la privation des aides au pays et la persistance de situations de misère comme celle illustrée par l’image d’Acha Hashazinka, situations par rapport auxquelles on se permet ensuite d’exprimer des prises de position particulièrement outrées, je trouve cela d’un cynisme sans nom.
Monsieur Harahagazwe, plaider pour l’étouffement économique d’un pays ou d’un système politique en leur privant des aides (autre lubie qui a largement démontré son inefficacité s’agissant du Burundi à tout le moins- combien de fois des gens comme vous n’ont-ils pas annoncé la faillite imminente de l’État au Burundi!) cela affecte très peu ses dirigeants. Par contre, cela génère une logique mortifère qui afflige les plus démunis, Hutu comme Tutsi par ailleurs, condamnés alors effectivement à vivre comme des animaux.
Pour finir, je vous invite à sortir de votre fainéantise et de votre malhonnêteté intellectuelles qui consiste à coller l’histoire post coloniale du Burundi sur celle de son voisin du Rwanda et à nous faire croire en vain que la minorité Tutsi du Burundi est prise aux mêmes pièges que celle du Rwanda voisin (le risque constant d’un génocide rendu inéluctable par les tueries du passé auxquelles tu confères à posteriori un caractère prémonitoire. Je pourrais écrire une autre version de cette histoire burundaise contemporaine au cours de laquelle, des pouvoirs militaires fantoches massacraient périodiquement et allègrement des élites de toute une population (1965, 1969, 1972, 1988, 1991…) pour asseoir de façon durable le pouvoir sans partage d’une minorité sur la majorité. Mais quels bénéfices pourrions-nous tirer de cette »histoire-ressentiment »? Aucun, en ce qui me concerne.
Cher Harahagazwe, la pauvreté n’est pas une exclusivité burundaise. En effet, elle peut trouver à s’exprimer à travers l’image d’une femme mutwakazi devant sa hutte comme Acha ou celle plus stéréotypée de gens vivant sur des montagnes d’immondices dans les plus grandes bidonvilles de la planète (Manille, New Delhi, Calcutta…). L’approche préconisée pour y mettre un terme varie selon des déterminations propres à chaque société ou à chaque culture
Vous avons raison, malheureusement.