Gradis publie le 2ème rapport de son premier sondage d’opinion. Il porte sur les conditions économiques, les performances du gouvernement, la sécurité et la bonne gouvernance. D’après le sondage, les signaux sont au rouge, sauf en matière de sécurité.
<doc7904|left>« 54% de la population burundaise sont peu optimistes quant à l’amélioration de leurs conditions économiques, et 53% des Burundais quant à celles du pays », déclare Christophe Sebudandi, directeur du Gradis, le Groupe de Recherches et d’Appui au Développement des Initiatives démocratiques. Il explique que, d’après le sondage mené, 65% des Burundais disent qu’à plusieurs reprises, pendant l’année écoulée, ils n’ont pas eu de nourriture suffisante à mettre sous la dent. Toutefois, le sondage montre des avis nuancés sur l’orientation économique du pays où 48% des enquêtés sont pessimistes, contre 49% qui affirment que le Burundi prend un bon tournant économique.
Selon des personnes interrogées, le gouvernement s’investit moins, ou presque pas, pour rendre stables les prix, créer l’emploi, assurer la sécurité alimentaire pour tous. Bref, elles constatent que les conditions de vie des pauvres ne s’améliorent guère et que le gouvernement lutte de moins en moins contre la corruption. Par contre, ces enquêtés apprécient la façon dont le gouvernement s’implique pour promouvoir l’éducation, la santé de base et la résolution des conflits intercommunautaires.
<quote>Lire aussi : [Christophe Sebudandi : "L’impunité, entorse à la culture démocratique"->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article5069]</quote>
Le devoir de rendre compte
A deux ans des élections, Gradis, en partenariat avec Afrobaromètre, n’est pas passé sous silence. A travers ce sondage d’opinion, les Burundais, dans leur immense majorité, souhaitent que les autorités publiques rendent des comptes à la population et à ses représentants : « Le président devrait à son tour rendre compte à l’Assemblée nationale, respecter les lois et les décisions judiciaires. » Maturité politique oblige, remarque M. Sebudandi. Des Burundais, soit 88% des enquêtés, vont plus loin en démocratie, en exigeant des dirigeants des élections régulières, libres et honnêtes.
Le grand domaine qui bouge
En matière de sécurité, la population donne la mention très bien au gouvernement : « 80% de celle-ci affirme que la sécurité est garantie sur le territoire burundais. » Néanmoins, le reste, soit 20%, craint d’être attaqué à domicile, 19% déclare avoir subi des vols dans leur ménage, contre 5%, victime des agressions physiques à domicile.
Pour Christophe Sebudandi, l’objectif du sondage est de donner la voix au public dans le processus décisionnel, en fournissant des données de haute qualité aux décideurs politiques, aux organisations de plaidoyer, à la société civile, aux universités, etc.
Inquiétude et satisfaction
Frédéric Bamvuginyumvira, au nom du parti Sahwanya Frodebu, a apprécié le travail abattu. Cependant, il reste perplexe quant à sa finalité. Toutefois, le directeur du Gradis rassure et promet d’organiser un cadre consacré aux décideurs politiques.
Emmanuel Nzoyihera, représentant du secrétaire général du gouvernement, s’est dit surpris de ce travail objectif : « Nous étions habitués à des rapports tendancieux. » Et d’exprimer le soutien du gouvernement.
En guise de rappel, le premier rapport a porté sur la perception de la population sur les aspects de la justice transitionnelle, la démocratie, la crédibilité des institutions, les intentions de vote, etc.
<quote>Qu’est-ce qu’est Afrobaromètre ? D’après Christophe Sebudandi, c’est une série comparative d’enquêtes d’opinion qui se rapportent à la démocratie, la gouvernance, le leadership, l’identité, l’économie, etc. C’est un réseau de chercheurs africains indépendants, non partisans. La première série d’enquêtes a eu lieu dans les années 1999-2001 et concernait 12 pays africains. Le réseau s’étendra dans 35 pays, dont le Burundi, à sa 5ème série.</quote>