Un bon Chef d’Etat peut améliorer la situation dans un pays quand bien même tout le monde la croirait désespérée. Mais dans le cas contraire, un mauvais Chef d’Etat conduit son pays à sa destruction et à sa ruine. Hitler fut élu démocratiquement par le peuple allemand même si certains intellectuels avaient tiré l’alarme sur cet homme narcissique, mégalomane, populiste, surprêmassiste et conservateur venu d’on ne savait où.
Hitler et Trump ont tiré sur la même corde sensible d’une partie de la population de leur pays et profité de l’ignorance et de la naïveté politique de la majorité des électeurs allemands et américains. Par la propagande mensongère, la désinformation, le discours d’intolérance et d’appel à la haine, à la violence, à la suprématie et à la puissance de leurs pays respectifs… ils sont parvenus à se hisser sur la plus haute marche du pouvoir dans leur pays.
En 2016, et à la grande surprise de tout le monde, Donald Trump fut élu à la tête des Etats-Unis. Le peuple américain a ouvert la porte de la Maison Blanche à ce riche homme d’affaires, narcissique, mégalomane, , populiste, conservateur et sans aucun passé politique connu. Tout ce qu’on savait sur cet homme c’est qu’il s’agissait d’un Américain prospère qui avait fait fortune dans l’immobilier. Il était venu à la politique pour assouvir une ambition qui lui manquait : celle d’être Président du pays le plus puissant du monde.
Venu à la politique pour la toute première fois Donald Trump fut, à la plus grande surprise, élu Président contre sa rivale Madame Hilary Clinton. Quelle expérience politique avait-il fait prévaloir pour que la majorité des électeurs américains lui fassent confiance ? En peu de mots, tous les peuples sont finalement les mêmes et tombent facilement sous le charme des aventuriers en politique et des dictateurs qui leur tiennent un discours mielleux et d’une grande éloquence sur la recherche de l’espace vital, la suprématie de leur pays, la restauration de la puissance et de la grandeur passées de leur grande et belle patrie.
En confiant la destinée des Etats-Unis à Donald Trump, les électeurs américains se sont trompés de choix. Le Président Donald Trump a failli démolir les Etats-Unis si ce pays n’avait pas une majorité de la population politiquement mature, des institutions démocratiques fortes et des membres du Parti Républicain qui n’ont pas voulu suivre ou soutenir le Président Donald Trump dans cette aventure destructrice.
Mais les Etats Unis ne sont pas n’importe quel pays pour le confier à n’importe quel nouveau venu en politique. Ils disposent de l’arsénal nucléaire le plus important au monde. Ceci dit, le Président des Etats Unis devrait être un homme psychologiquement stable, équilibré et déjà connu sur la scène politique de son pays.
Le 6 janvier 2021, un assaut violent et mortel organisé par des trumpistes avec les applaudissements du Président Donald Trump en personne a montré aux yeux du monde une image inconnue des Etats Unis. La prise du Capitole, bâtiment historique symbole de la démocratie américaine a fait cinq morts. Cette action a montré aux yeux des Américains à quel point la démocratie était en danger dans leur pays.
Mais plus grave encore, le Président des Etats Unis dispose d’énormes pouvoirs. Un seul homme par sa persistance dans une propagande mensongère, traine les institutions de son pays dans la boue, soulève des foules, divise son pays au risque de le conduire à la ruine et à la destruction
Donald Trump a fait tanguer le navire au risque de faire couler son pays, soutenu par une masse d’aventuriers et d’anarchistes d’une autre époque, dont certains étaient déguisés en Viking. Le Président et ses admirateurs ont montré qu’ils étaient tous politiquement immatures. Mais contre toute attente, Trump résiste à toutes les tempêtes et semble être indéboulonnable et inatteignable. Il drible tout le monde, souffle le chaud et le froid. Il soutient ses partisans et les condamne dans les heures qui suivent. Tantôt on le croit raisonnable que soudain il étonne par son revirement imprévisible.
Comme le nez de Cléopâtre qui aurait changé le monde s’il avait été plus court, Donald Trump aurait tout chambardé si les électeurs lui avaient accordé un second mandat. Il aurait peut-être saisi cette occasion pour changer la constitution dans le but de s’accorder une présidence à vie comme certains Présidents africains.
Toutefois, les Etats Unis ont été pris dans leur propre piège. La rivalité entre les républicains et les démocrates enclenche tous les quatre ans une course à la présidence. Et à trop vouloir miser sur le candidat le mieux placé pour battre à tout prix l’adversaire politique, les républicains ont oublié tout le reste et propulsé un monstre à la Maison Blanche. Commettant ainsi une erreur grave qui pourrait coûter cher à ce pays.
Pour les Etats Unis, Donald Trump a été un président atypique et médiocre. Il était complètement à côté de la plaque. Il s’est comporté comme un homme qui a totalement ignoré les principes et les valeurs qui ont fait des Etats Unis un modèle de la démocratie, du libéralisme et une grande nation respectée pour sa puissance et sa stabilité. Les Etats Unis devraient rapidement se remettre de cette crise pour continuer à être un modèle. Ce qui s’est passé ces derniers temps en termes de violation des droits de l’homme, de disfonctionnement de certains organes…a terni l’image des Etats Unis particulièrement auprès des Africains. Si rien ne change, le mauvais héritage laissé par le passage de Donald Trump à la Maison Blanche fait que les Etats Unis ne pourront plus désormais se permettre de dispenser des leçons de démocratie aux pays africains.
Toutefois, et heureusement, il y’a une autre Amérique qui veille. Des femmes et des hommes politiques dignes parmi les démocrates et les républicains ont volé à la défense des valeurs de l’Amérique. J’espère aussi que les Américains vont tirer une leçon de l’expérience malheureuse qu’ils ont vécue sous la présidence de Donald Trump et surtout à la fin de son mandat et qu’ils feront désormais attention à ne plus confier la direction de leur pays à n’importe quel aventurier.
Mais ce n’est pas fini car le départ de Trump de la présidence ne signifie pas sa fin. Car même s’il part de la Maison Blanche, son passage à la plus haute fonction des Etats Unis aura permis à Donald Trump d’apprécier lui-même ses capacités, d’accroitre ses ambitions et de se rendre compte qu’il a une grande force et de nombreuses astuces qui ont fait de lui un animal politique. Il a pu aussi élargir le cercle de ses soutiens et rêver d’un retour à la présidence des Etats Unis. Même hors de la Maison Blanche, Donald Trump garde une certaine capacité de nuisance à la politique de son successeur le démocrate Joe Biden.
Mais entre la prise du Capitole le 6 janvier 2021 et la prestation de serment prévue le 20 janvier 2021 de Joe Biden, Président élu des Etats Unis et la fin officielle du mandat de la présidence de Donald Trump, les Etats Unis vont vivre une période de très grande turbulence et les jours les plus longs de leur histoire. Une attente longue, des jours et des nuits sans fin au cours desquels tout pourrait arriver avec cet imprévisible Président Donald Trump finissant.
*Aloys Mbonayo a été conseiller des présidents Ndadaye et Ntibantunganya
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