Par Antoine Kaburahe
Le CNARED se déchaîne sur la journaliste du service politique Agnès Ndirubusa et sur Iwacu après la publication de l’article « CNARED, carnet d’un retour au pays natal CNARED, carnet d’un retour au pays natal ».
L’article n’a pas plu au CNARED, au vu des tweets publiés par la plateforme. Ce n’est pas grave. Avant d’aller plus loin, je voudrais rappeler cette belle phrase du journaliste Albert Londres qui disait que « notre métier n’est pas de faire plaisir , non plus de faire du tort ».
Rien ne permet d’accuser la journaliste d’avoir voulu faire du tort au CNARED en évoquant une rencontre entre la plateforme et des représentants de Gitega à Helsinki. Une première précision : Agnès Ndirubusa a utilisé le conditionnel, une pratique courante dans le métier lorsque le journaliste n’est pas complètement sûr de l’information, mais disposent de raisons, selon lui, suffisantes pour la transmettre.
Parfois, pour des raisons que l’on peut comprendre, les gouvernements et leurs opposants n’aiment pas trop étaler sur la place publique leurs négociations. Pour rappel, dans les années 96-98, Bujumbura a longtemps nié, la main sur le cœur, les moindres pourparlers avec la rébellion armée à San Egidio (Italie). Il a fallu que feu Hitimana Mathias vende la mèche pour que Bujumbura reconnaisse les rencontres jusque-là secrètes. Tout comme l’armée burundaise jurait qu’elle n’avait jamais été en RDC dans les années 1996-1998… Les exemples sont nombreux. Cela fait partie du jeu politique.
Pour revenir sur cet article, la journaliste écrit que pour le CNARED la question du retour « ne semble plus taboue. » En quoi elle a tort ? Dans un communiqué sorti mi-mars, le CNARED dit avoir arrêté plusieurs stratégies pour sortir le Burundi de la crise. L’objectif serait « de répondre aux exigences du moment », réaffirmer son attachement à la démocratie et aux élections comme seul mode légitime d’accès au pouvoir, et de « renforcer sa présence et son action à l’intérieur du Burundi. »N’est-ce pas vraiment clair !
Mieux, Agnès Ndirubusa s’est entretenue avec quelques ténors du CNARED qui lui ont affirmé leur désir « d’être là en 2020 ». Un parmi eux (il se reconnaîtra) lui a dit « qu’il en a marre de cette vie en exil. » D’ailleurs, rentrer c’est leur droit le plus absolu.
A mon avis, ce qu’ils lui reprochent ce n’est pas tant d’avoir écrit cela. Mais le « tort » du journaliste est plutôt d’avoir analysé comment ils risquent de « peser peu sur l’échiquier politique intérieure. » D’avoir rappelé aussi le peu de considération qu’ils ont aujourd’hui de la part de leurs anciens camarades de combat. « le CNARED est devenu un club d’amis et d’individus aux objectifs obscurs et qui a confisqué la lutte », écrit notre consoeur citant le frondeur Léonidas Hatungimana.
Il est très facile de se déchaîner sur une journaliste et un média. Mais prendre des coups fait partie du métier. Agnès est une journaliste solide et Iwacu en a vu d’autres. Pour le reste, laissons le temps au temps. C’est dit-on, le meilleur juge.
La question du retour au pays du CNARED est en réalité un faux débat. En fait, en dehors de cette histoire d’Helsinki (écrit au conditionnel) sur le fond, le CNARED n’a pas démenti la journaliste. C’est l’essentiel.