Par Espérance Kana
Un peu plus d’une année après le départ du Prince Henri Kana vers ses honorables ancêtres et son Créateur, revenons sur sa vie et son parcours assez particuliers. Henri Kana est un Muganwa Mwezi née en 1929 sur la Colline Ndava, Commune Buraza dans la Province Gitega au centre du Burundi, alors Royaume du Burundi. Il étudie l’école primaire à Makebuko dans la province de Gitega, puis au Petit Séminaire de Mugera avant de poursuivre ses études secondaires au Grand Séminaire de Nyakibanda (Butare ; Rwanda). Il entame alors l’enseignement supérieur au Groupe Scolaire d’Astrida (Butare ; Rwanda) où il étudia la Philosophie et le Droit.
Vie professionnelle et autres responsabilités
Umuganwa Kana fut Sous-Chef de la Chefferie Runyinya d’Umuganwa Nzorubara (1957-1959). Cette chefferie était constituée des communes actuelles de Buraza, Bukirasazi, Makebuko et Itaba dans la région de Gitega.
En 1960, le Roi le nomme Chef suite au décès d’Umuganwa Nzorubara. Umuganwa H. Kana était le dernier qui était encore vivant parmi tous ceux qui ont administré une Chefferie sous le Royaume.
Il fut Membre du Conseil Supérieur du Pays, l’ancêtre de la première Assemblée Nationale du Burundi.
Umuganwa KANA était membre de la délégation burundaise à l’Exposition Universelle de Bruxelles en 1958. Il faisait partie de la délégation du Burundi à la Conférence d’Ostende en 1961 et sera, la même année membre de la délégation burundaise à la Table Ronde de Bruxelles sur l’indépendance du Congo et du Rwanda- Urundi.
Umuganwa Kana a été Magistrat au Tribunal du Roi de Gitega avant de devenir Commissaire à la Justice du Gouvernement intérimaire du Premier Ministre Joseph Cimpaye (1960 – 1961).
Umuganwa Kana occupa la très haute fonction d’Umuganuza en 1964 lors de la dernière célébration de la toute dernière Cérémonie Nationale d’Umuganuro de l’histoire du Burundi.
Il occupa la responsabilité de Gouverneur de la Province de Gitega (1962- 1966). Il sera démis de ses fonctions pour être jeté en prison à Rumonge avant le coup d’Etat militaire de 1966.
Par compétences et par la force des choses le Prince Kana n’a pas seulement occupé des postes politiques. Ainsi, de 1968 à 1972 il fut Chef du Personnel au Garage Express Motor Car, à l’époque importateur exclusif de la marque allemande Mercedes Benz et actuellement connu sous le nom de SOGERBU. Cette carrière dans le privé se terminera pour être de nouveau emprisonné dans a foulée de l’assassinat du Prince Ntare IV et de ses compagnons.
A la prison suivit l’exil. Umuganwa Kana sera réfugié politique au Royaume de Belgique de 1973 à 1983. Pendant cette période, il travailla pour diverses sociétés privées et voyagea beaucoup en Europe et en Afrique. Il séjourna en Suisse et eut l’occasion de visiter à plusieurs reprises le Roi Mwambutsa qui s’y était alors refugié. En exil, il avait aussi retrouvé le Prince Germain Bimpenda, ancien Grand Maréchal du Roi, qui avait quitté le Burundi plus tôt avec le roi. Umuganwa Kana assista à l’enterrement du Roi Mwambutsa en 1977 à Meyrin en Suisse.
De retour au bercail en 1983, il devint Représentant de la société EVRIM pour laquelle il travaillait en Belgique. Ensuite il mena plusieurs activités à son propre compte. Lors des élections de 1993 dont le Président Ndadaye fut vainqueur, Umuganwa H. Kana était Membre de la Commission électorale Indépendante en Maire de Bujumbura, en qualité de représentant du Parti Royaliste Parlementaire PRP (Abatuhurana) présidé alors par feu Mathias Hitimana.
En 1994, alors qu’il fallait trouver un successeur à feu Président Cyprien Ntaryamira, Umuganwa Henri Kana se présenta aux élections présidentielles comme indépendant.
Par après, Umuganwa Kana devint un des Membres – Fondateurs du Parti Monarchiste Parlementaire (PMP). Il n’a jamais cessé d’śuvrer pour les droits des Baganwa du Burundi mis à l’écart depuis l’instauration de la République. Il était infatigable lorsqu’il s’agissait d’exiger leur reconnaissance dans les textes fondamentaux du Burundi ou lorsqu’il réclamait justice et lumière dans plusieurs dossiers, notamment celui de l’assassinat du Prince Ntare V Ndizeye. Il usait de la même énergie lorsqu’il fallait arpenter couloirs de ministères ou de tribunaux pour demander justice pour un tel, voisin ou autre connaissance incapable de se représenter lui-même.
Depuis son retour d’exil en 1983, le Prince Kana n’a plus occupé de poste politique ou administratif dans son pays. Cependant, grâce à son parcours politique, il était souvent sollicité comme conseiller à titre privé par les responsables tant nationaux qu’étrangers, dont les Ambassades accréditées à Bujumbura ou les Nations Unies. Le 21 juillet 2007, jour de son accident dont il ne se remettra plus, il sortait de la résidence de l’Ambassadeur du Royaume de Belgique au Burundi où il était invité aux cérémonies de la fête nationale belge.
Nous ajouterons un fait qui ne passe pas inaperçu : dès son retour au Burundi, Umuganwa Kana vécu plusieurs années avec sa famille dans la propriété de Gasenyi, lieu appelé communément Kw’Ikariyeri (tiré du Français « Carrières ») à Bujumbura rural. C’est là où il s’était installé avec sa famille avant son emprisonnement de 1973 et son exil. Il était très proche des gens et de leurs soucis quotidiens. Il refusa de quitter son domicile et continua à vivre de 1993 à 1996 dans cet endroit qui était devenu une zone de guerre entre les forces gouvernementales et les mouvements rebelles de l’époque.
Umuganwa Henri Kana a quitté cette terre pour rejoindre ses honorables Ancêtres ainsi que le Créateur, Imana, le 24 Août 2015. Umuganwa Kana était le fils du Prince Mbonabuca et de la Princesse Ntibanyiha, Mbonabuca était fils de Rugema, lui-même vaillant fils du Mwami Mwezi Gisabo. En 1956, Umuganwa « Hari Kana » avait épousé Apollonia Nzeyimana, alors jeune sage-femme à l’hôpital de Gitega. Ils eurent sept enfants et plusieurs petits- enfants. Le Prince Henri Kana demeurera dans la mémoire de sa famille, ses amis ainsi que de plusieurs personnes au Burundi et à l’étranger. Il sera toujours caractérisé par sa droiture, sa persévérance ainsi que par son amour de la patrie burundaise, de la famille ainsi que sa profonde foi. Il était un intellectuel achevé : lecteur infatigable passionné de plusieurs domaines, dont la politique, l’histoire, l’actualité et la science. Certains se demandaient avec admiration qui était cet homme aux cheveux blancs qui avait sa place habituelle au Centre Culturel Français de Bujumbura. Enfin, Umuganwa Kana sera toujours le symbole d’un immense courage, d’une loyauté exemplaire et d’un patriotisme sans faille ; digne héritage de ses ancêtres bâtisseurs du Royaume du Burundi.
J’ai eu la chance de connaitre le Prince H. Kana et je dois dire q’il etait un vrai « Umushingantahe » , il etait simple avec tous les gens qui ont eu l’honneur de le rencontrer. Imana imuhezagire mu kigo cayo
Il prenait seulement deux petites amstels blondes le soir et causait bien.
Le Prince Henri aimait les burundais . Il sera toujours dans la mémoire de beaucoup de gens.
Merci à Espérance pour ces informations sur la vie de ce grand homme.Peut être que dans les Années à venir tu publieras son autobiographie. Ça serait fabuleux!
Pourquoi on parle de » umuganwa tel; umuganwa tel…, est-ce un titre ou une ethnie? ?? Pourquoi on ne parle pas tout le temps de » umututsi tel ou umuhutu tel …..???
Umuganwa veut dire prince et nullement une ethnie
Ntakundi ibintu vyarahindutse
Une petite omission: il a été candidat aux pseudo-présidentielles de novembre 1994 organisées afin de doter légalement le pays d’un Président après l’assassinat de NTARYAMIRA Cyprien alors que NTIBANTUNGANYA Sylvestre (Président de l’Assemblée Nationale) assumait l’intérim.
Il ne faut pas aussi oublier qu’il faisait partie de la délégation qui s’est rendu au siège des Nations Unies pour réclamer la victoire du parti UPRONA dont les élections avaient été truquées par le colonisateur belge. Les élections furent reprises et le Burundi est devenu indépendant.
Je be suis padvun muganwa, Mai’s je compte fairevpkus par la gracevde DIEU VIVANT.
C’est un souhait légitime.