Presqu’impensable en Afrique. Cela vient de se produire au Sénégal. Mais vu son histoire, cela semble plutôt banal : le Conseil constitutionnel a annulé ce jeudi 15 février le report de la présidentielle initialement prévue ce 25 février, report décrété par le président sortant Macky Sall et validé la semaine dernière par le Parlement.
Par Franck Kaze
Le report avait replongé le pays dans une crise, avec des manifestations de pretestation qui ont vu l’arrestation de nombreux opposants et membres de la société civile.
Au Sénégal, pays réputé comme le plus stable en Afrique de l’ouest, si pas sur tout le continent, la décision du report de la présidentielle était plutôt l’acte le plus inhabituel, et passait pour un dédit du chef de l’Etat contre les valeurs de démocratie qu’il avait auparavant de tout temps défendues.
Autre fait inhabituel, cette décision de Macky Sall du 3 février avait aussitôt causé le même jour la démission d’Abdou Latif Coulibaly de son poste de ministre secrétaire général du gouvernement, pour défendre « la République intangible » qui, à ses yeux, était en danger.
Abdou Latif Coulibaly est reconnu comme jouraliste d’investigation dont les travaux ont mis au grand jour de nombreuses affaires d’Etat louches, aussi bien au Sénégal qu’en dehors, à travers le continent.
Grâce à cette décision du Conseil constitutionnel, qui vient de prouver son indépendance, le pays retrouve son lustre qu’il venait de perdre en un laps de quelques jours, un lustre bâti sur des décennies, contrairement à d’autres pays du continent qui ont tout fait pour le démolir et le perdre pendant cette même période.
Un seul contre-exemple : au Burundi, mon pays, en 2015, la Cour constitutionnelle a été pressée d' »en haut » de cautionner un arrêt sur un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza. Certains membres de la Cour, dont le vice-président, ont subi des menaces de mort, jusqu’à être contraints de fuir le pays. Je ne m’attarde pas sur les conséquences dont des centaines de morts, un demi-million de citoyens contraints à l’exil, et j’en passe, et des pas bonnes.
Macky Sall en prend pour son grade, mais l’invalidation de sa mesure de report de la présidentielle le sauve aussi indirectement, parce qu’elle allait le faire passer pour l’assassin de la démocratie la plus respectée de la région et peut-être même de l’Afrique, l’assassin de possibles victimes de son entêtement. Le Conseil lui offre une nouvelle chance de partir « la tête haute », maldré les bobos que celle-ci ne manquera pas de ressentir avec l’atmosphère délétère que connaît le pays, suite à d’autres décisions non moins anti démocratiques et auxquelles le même Macky Sall aurait du mal à prétendre être innocent.
Une leçon, disais-je, le geste de la Cour constitutionnelle vaut bien ce statut, pour le Sénégalais bien sûr, mais surtout pour tout le continent, voire le monde.
Ce n’est pas la région, l’Afrique de l’ouest qui dirait le contraire, avec des pays dont les frustrations des différents peuples se traduisent par des coups d’Etat à n’en pas finir, causant une instabilité qui, aujourd’hui, met à mal des ensembles _ la CEDEAO et, demain, l’UEMOA_ considérés, malgré leurs défauts, comme des modèles sur lesquels l’Union Africaine peut asseoir ses vrais fondements. Mais comment y arriver avec des anti-modèles, comme le Burundi, la RDC, le Cameroun, le Congo Brazaville, les Guinées, l’Ouganda, pour n’en citer que ceux-là, qui, de par leur situation actuelle, et qui date de bien longtemps, ne peut leur permettre de prétendre être membre d’une union continentale, alors que celle interne est en lambeaux?
On ne dirait pas moins de certains pays de l’Europe de l’est, de l’Amérique latine, et même d’une Asie, qui ne manque pourtant pas d’atouts qui feraient sa fierté comme le Japon, la Corée du Sud, la Chine, le Singapour, Hong Kong ou encore Taïwan, mais ces trois parties du globe restent secouées par des soubresauts de conflits sanglants, locaux et entre Etats voisins, qui sont loin de militer pour le plein épanouissement de leurs peuples.
L’exemple du Sénégal, à travers son Conseil constitutionnel et son peuple dont le pacifisme rendrait jaloux plus d’un, mérite donc toute l’admiration et vaut le détour pour en faire un cas d’école, avec l’espoir qu’il y aura davantage d’oreilles pour entendre et comprendre l’impératif du respect de principes qui militent, au-delà de la démocratie, tout simplement pour l’humain.
Mr Franck Kaze,
Le 25 février 2024 est la date des élections longtemps prévue au Sénégal.
Le coup de Macky SALL est de renvoyer les élections à une date ultérieure. N’en déplaise aux constitutionnalistes.
Rendez-vous le 26 février 2024, pour votre nouvelle OPINION sur la situation du pays de la TERANGA.
Vous avez cité ces pays ANTI MODELES de la démocratie sans citer le Rwanda à juste titre. Car le sort du footballeur congolais LUVUMBU pour un simple geste (certes pas innocent) est édifiant. Pareille célébration passerait sans préjudice dans tous les pays ANTIMODELES. De la fumée sans feu ?
C’est possible dans le seul pays africain dont l’économie repose sur la prédation et des rébellion interminables dans le grand Congo.
le geste etait loin d,etre anodin car fait meme par le government RDCongo lors du conseil des ministres. c,etait donc un acte politique. or les regles ( Fifa. Caf)prohibent ce genre de comportement au stade. Donc le joueur a outrepasse les regles et devait etre sanctionne. Normal donc. Et puis selon les informations, il n,a pas ete expulse, son contract a ete plutot annule. Et il a prefere rentrer chez lui, ce qui est aussi normal. Son cas est donc de mon point de vue » un non evenement »!
Oui
Triste Afrique.
Vous pouvez aussi ajouter le Rwanda.
Je ne suis pas dans la tête de l’éditorialiste.
Mais je pense qu’il a omis d’inclure le Rwanda pour la raison suivante: Le Rwanda est l’un des pays les moins corrompus de l’Afrique.
Les routes, la propreté et la bonne gouvernance forcent le respect des gens qui visitent ce pays revenu d’outre tombe il y a 30 ans.
Walah, je ne suis pas un inconditionnel de Paul Kagame🙌🙏
@ Musemakweli, quel rapport y,a t’il entre la democratie et la corruption tu es vraiment hors sujet, parlant de la demacratie je pense que dans la sous region le Rwanda est un mauvais eleve, le pays ou son president recolte 98% aux elections, le pays ou on empeche les gens a se faire elire (ex Diane Rwigara ) le pays ou des exactions arbitraires sont monnnaies courantes, un pays ou on emprisonne des gens pour avoir lu un livre pour ne citer que cela.
» Mais comment y arriver avec des anti-modèles, comme le Burundi, la RDC, le Cameroun, le Congo Brazaville, les Guinées, l’Ouganda,… »
Si dans tes anti-modèles tu ne cites pas le Rwanda c’est que tu es aveuglé par la solidarité négative ethnique. Et que tu es irrécupérable.
Cher W, si je te suis bien, au Congo Brazza, au Cameroun, dans les Guinées et autres pays d’Asie, d’Europe de l’est et d’Amérique latine, il y a « tes » Hutu et Tutsi… Il faut de temps en temps savoir prendre un minimum de hauteur.
Notre frere W est irrecuperable. il voit partout les fameux Hutu vs Tutsi! Une obsession? Construisons un pays/des pays ou chaque composante se sent chez elle. De droit!!!
Merçi de faire le parallèle avec le Burundi.
Bravo aux gens qui se sont levés comme Niyombare et autres.
Je sais que je ferais grincer les dents des uns.
Le vice president de la cour constitutionelle n’umushingantahe.
Je value toutes les personnes qui ont manifesté en 2015.
PS: Nous étions en Australie et avons marché contre le 3ème mandat
@ Kabizi je n’etais pas pour le 3 eme mandat mais non plus je n’etais pas pour le putch , parceque lors du putch le mandat du president etait en cours, quat a Niyombare c’etait un serviteur de Kigali et des colons donc si tu etait pour le putch tu etait pour la recolonisation du Burundi.