Le 8 mars de chaque année, nous célébrons la Journée internationale des droits de la femme. Cette journée est censée être l’occasion de célébrer les réalisations des femmes et de rappeler les défis et les obstacles qu’elles continuent de rencontrer dans leur quête pour l’égalité des sexes.
Par Iteriteka Michael
Malheureusement cette journée, autrefois dédiée à la lutte pour les droits des femmes, a perdu de son sens au fil des années et est devenue une fête superficielle qui masque les véritables enjeux de cette journée, reléguant la lutte pour les droits des femmes au second plan. D’autant plus que la situation au Burundi en matière de droits des femmes est particulièrement préoccupante, marquée par une recrudescence inquiétante des violences basées sur le genre (VBG) et des féminicides. Sur une courte période de décembre 2022 à février 2023, 227 cas de victimes de viols ont été répertoriés par le centre Seruka et au moins quatre femmes tuées dans des cas de féminicide. Ces cas de femmes qui succombent sous les coups de leurs maris ou qui subissent des violences sexuelles sont de plus en plus fréquents.
Mais plutôt que de profiter de cette journée pour porter l’attention sur ces problèmes sociétaux et chercher des moyens durables pour les éradiquer, la Journée internationale des droits de la femme est maintenant réduite à une simple fête où la femme burundaise s’habille en kitenge, se maquille et se coiffe pour montrer son épanouissement. Le « peer pressure » de porter ses plus beaux habits en kitenge et montrer que tout va bien est devenu la norme, tandis que la lutte pour les droits des femmes est mise de côté. Il serait plus avisé de remettre les réalités vécues par les femmes burundaises au cœur de la célébration de cette journée et de ne pas tomber dans des formes d’appropriations qui leur desservent, étant donné le contexte sociopolitique actuel où la parité des genres est loin d’être respectée.
Au parlement, seulement 37% de femmes élues
Malgré des avancées notables, la représentation des femmes en politique demeure encore largement inférieure à celle des hommes. Ainsi, le Sénat burundais compte actuellement 16 femmes pour 23 hommes, soit une représentation féminine de 41%. A l’assemblée nationale burundaise, la situation est encore plus préoccupante avec seulement 46 femmes pour 77 hommes, ce qui représente seulement 37% de femmes élues. Et même au niveau du gouvernement, où l’on pourrait s’attendre à une parité plus respectée, seules 5 ministres sont des femmes, contre 10 ministres hommes. Ces chiffres témoignent donc d’une réalité encore loin de la parité des genres en politique au Burundi.
Il est important de souligner que cette journée est avant tout une occasion de se rappeler les défis auxquels sont confrontées les femmes dans le monde entier, et au Burundi en particulier, et de réaffirmer l’engagement de tout un chacun à lutter contre l’injustice et la discrimination.
Il serait temps de redonner à cette journée son véritable sens, en faisant en sorte qu’elle soit une journée centrée sur la mobilisation et sensibilisation de la population burundaise sur les droits des femmes et l’égalité pour toutes et tous pour faire en sorte que les droits des femmes soient protégés et que les femmes soient traitées avec respect et dignité au Burundi.