M. Chris Harahagazwe nous demande de publier une réponse générale destinée à tous ceux qui ont réagi à son article. Il espère, dit-il, mettre fin à « un débat houleux ». Ce n’est pas sûr…
Mon cher Balame, puisque tu as parmi les seuls qui me comprennent, je vous présente les réponses que j’aurais dû adresser à mes détracteurs. Que répondre à Gacece et Ngirente dans un cas d’étude de dialogue de sourds ? Le dialogue de sourds s’illustre comme cela : Jean ! Est-ce que tu vas à la pêche ? – Non je vais à la pêche.
Vous m’excuserez mon impudeur en me donnant le beau rôle, mais à 66 ans, c’est l’âge d’écrire ses mémoires et de partager avec la jeunesse les leçons de vie. Un ami et éminent universitaire m’a demandé pourquoi je n’écris pas de livre, je lui ai répondu que les articles sont lus par des milliers alors que les livres sont lus par une poignée de personnes.
Gacece me traite de menteur. Comment peut-on débattre dans ces conditions ? Et pourtant, nous devons débattre rageusement mais cessons de nous entretuer pour l’amour de Dieu et de l’humanité. Les Wallons et les Flamands se détestent copieusement mais il ne leur vient jamais l’idée de massacrer les adversaires. On me jette à la figure les termes rageurs : extrémiste, haine, folie, mépris (akagaye), arrogance.
Y-a-t-il un seul Burundais qui n’est pas fou ?
Je commence par « folie »car j’y ai déjà répondu dans un débat déclenché par Iwacu. Je débattais alors sous pseudonyme Jean Habonimana qui fut longtemps mon nom de plume. Y-a-t-il un seul Burundais qui n’est pas fou ? Demandais-je. Qu’on me le montre. Nous sommes fous de traumatismes récurrents, de souffrances accumulées, d’injustices cruelles subies, de misère noire, de chômage des jeunes sans aucune perspective d’avenir, de maladies sans soins, de surpopulation, de destruction de l’environnement, etc.
« Extrémiste et haineux ». Des qualificatifs qui ne sont jetés qu’aux défenseurs du petit peuple tutsi massacrable et exterminable à merci. Jamais aux bourreaux et aux idéologues de la haine qui les massacrent. Moi, compagnon de lutte de Ndadaye à la Ligue Iteka, je suis extrémiste. Je parcourais monts et vallées à mes frais à défendre les prisonniers Frodebu. Moi qui visitais avec Ndadaye et mon ami Ngendahayo les prisonniers FNL, je suis extrémiste.
« Arrogance ». C’est comme Akagaye (mépris), ce sont des arguments imparables. Des goûts et des couleurs cela ne se discute pas. Des sentiments non plus. L’arrogance peut-être une vertu dans le sens de self-confidence qui vous pousse à oser, à être un battant et à foncer comme j’ai foncé en 1993 jouer des pieds et des mains pour organiser les secours aux rescapés du génocide. La réponse de Mgr Bududira m’est restée en mémoire : « Nous n’y avions pas pensé ». Il faut de l’arrogance pour organiser les secours des mamans MSD jetés dans la puanteur de Mpimba auprès des leurs confrères hommes dont la vie a été à jamais brisée. Il faut de l’arrogance incommensurable pour aider à organiser avec mon patron à la Ligue Iteka Eugène Nindorera les funérailles de la petite Flora Habonimana, 13 ans, rescapée de l’holocauste des élèves de Kibimba pour mourir après 2 mois de souffrances atroces. Le chagrin de sa mère m’a marqué pendant longtemps. La maman est morte de chagrin peu après. Il faut de l’arrogance pour mobiliser toutes les bonnes volontés du pays et de la diaspora pour évacuer un enfant grand brûlé de Kibimba et l’installer dans un pays où on ne brûle pas vivant des enfants. Lorsque l’opération a réussi, je me suis dit que « je pouvais mourir car ma vie aura servi à quelque chose ». Qu’il m’excuse de citer son cas c’est pour édifier les autres car ils doivent savoir que si vous n’agissez pas seul, personne d’autre ne le fera. Il faut de l’arrogance pour aider G. rescapée de Kibimba, mutilée d’un bras par les bourreaux et confinée à une chaise roulante car cancéreuse d’une jambe suite aux blessures des machettes. Désormais vieille fille seule au monde, elle ne vit que de la charité de la paroisse.
Encore un mot sur l’arrogance. Entre un Congolais arrogant, sûr de lui-même, éloquent, battant et un Burundais courbé de politesse devant l’autorité, rasant les murs, incapable de s’exprimer clairement sans faux-fuyant, les employeurs engageront le Congolais. L’arrogance (le self-confidence) peut être une vertu.
Toutes les haines sont une création politique
« Les prétentions de création d’emplois ». Comme pour beaucoup d’actions humaines, l’illusion est maitresse. L’illusion d’être utile à la communauté m’a longtemps habité. J’étais fier d’être utile. Mais ce n’est qu’une illusion que je me fais. Pour citer Gacece, il faut considérer « ce propos comme une opinion et non une vérité évangélique ». C’est mon humble illusion.
Débattons rageusement mais cessons de nous entretuer pour l’amour de Dieu et de l’humanité.
Enfin, « Inexistence de hutus et tutsis ». La haine ethnique est une pure invention politique créée par l’importation du virus rwandais. J’ai une analyse marxiste de cette assertion. Les sous-hommes vivants comme des animaux que j’ai vus dans les camps des rescapés du génocide contre les tutsis en 1993, n’étaient pas des tutsis mais des malheureux de l’ethnie des damnés de la terre. L’on ne se souvient de leur existence que lorsqu’on vient les tuer. En 2005, ce peuple opprimé a poussé un soupir de soulagement. « Puisque les DD ne nous tuent plus nous allons voter pour eux », disaient-ils. « Tout ce que nous voulons c’est de vivre ». Et le tribalisme a été déclaré terminé, mort et enterré. La haine des tutsis n’est revenue qu’à la faveur du mandat de trop en 2015. Preuve de ma théorie de création politique. L’on s’est souvenu des tutsis lorsqu’il s’agissait de les tuer. Un haut fonctionnaire DD européo-burundais me dira que le massacre des jeunes tutsis en 2015 est un devoir de vengeance pour les hutus tués en 1972. Preuve éloquente de la création politique de la haine tribale. La noblesse royale des hauts clans dits « hutus » n’étaient pas des « hutus » au sens actuel mais des clans supérieurs royaux. L’inculture et l’histoire tronquée fait que l’on se base sur des manipulations nées du virus rwandais de génocide. Le même haut fonctionnaire européo-burundais croyait que la monarchie burundaise était tutsie alors la royauté burundaise était fondamentalement hutue au sens actuel du terme. Tous les hauts fonctionnaires royaux étaient des hutus. Seuls les clans « tutsis » des Banyakarama ( comme ma mère) et des Benengwe (comme moi) accédaient à la noblesse par leurs fonctions de pourvoyeurs des reines royales.
Toutes les haines sont une création politique. Actuellement le venin de haine est adressé au clan des Hima. Une création politique. Comme la haine entre Abanyabururi et Abanyamuramvya. Comme les Protestants et les Catholiques, comme les Nordistes et les Sudistes du Congo-Brazzaville. Comme les Sudistes et les Nordistes de Côte d’Ivoire. Comme les Dinka et les Nuer du Soudan du Sud. Les combinaisons de haine sont infinies d’où la nécessité de lutter par tous les moyens contre la haine.
Chrysostome (Chris) Harahagazwe
Traducteur Freelance Anglais-Français
Membre fondateur de la Ligue Iteka
Auteur de nombreux articles sur la vie politique et sociale du Burundi
*Les articles de la rubrique opinion n’engagent pas la rédaction
Arrêtez d’encourager des élucubrations comme celles-ci!
L’importation du virus rwandais : Cher monsieur, les Burundais sont capables d’être violents sans l’aide des Rwandais, tout comme les Rwandais sont capables d’être violents sans l’aide des Burundais. Si come vous le dites, les ethnies n’existent pas, cette invention de haine ethnique ne peut pas avoir été inventée par des êtres qui n’existent pas! Je le dis et je le maintiens, vous mentez!
La haine, comme d’autres sentiments, est provoquée par des actes de violences commis contre un individu ou un groupe. Tout comme pour le mot « Imana », les colonisateurs n’ont fait qu’altérer le sens qu’on accordait aux mots « hutu, tutsi et twa ». Ces mots existaient avant et n’avaient pas le sens qu’ils ont aujourd’hui. La destruction des croyances et des coutumes pour déraciner et désorienter un peuple est l’une des premières étapes de ceux qui veulent prendre de l’ascendant sur lui.
« massacrables et exterminables à merci » : Seulement par cette affirmation, je peux d’ors et déjà dire que vous êtes un extrêmiste! Vous rendez-vous compte qu’à force de la répéter, cette expression risque de s’encrer dans la mémoire des gens comme une vérité?… et à la moindre prochaine tention politique, ils seront pris comme « massacrables et exterminables à souhait! Vous ne pouvez pas prétendre vouloir sauver des gens et les qualifier de « massacrables et exterminables à merci »! La haine s’installe dans les gens qui y sont prédisposés. Et vous me donnez l’impression que vous êtes en train de « préparer le terrain »!
Et devinez quelles espèces d’animaux sont vénimeux : les serpents et les scorpions… La haine n’existe pas mais c’est un venin? Drôle de façon de prétendre une chose et son contraire. J’arrête ici mais cher monsieur… du haut de vos 66 ans, vous devriez accepter la réalité : vous avez besoin de consulter un spécialiste… Appelez ce spécialiste un coach, un psychologue, un psychiatre, un prêtre ou un pasteur… mais consultez! Il en va de votre santé mentale… et vous risquez de léguer des paradoxes et vos descendants et à vos proches!
Prenez toujours cela comme une opinion, mais non une vérité!
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Note du modérateur
Pas du tout ! Ce texte n’est pas parvenu au forum. Pourriez-vous le renvoyer?
Merci
Mon devoir de renvoyer mon commentaire a été fait sans aucune garantie qu’il sera publié.
Ne t’en fais pas. Tu n’es pas le seul, si ça peut te rassurer.
Cher Monsieur,
Je pense que vous aimez bien être au centre des débats car si réellement vous souhaitez la fin de ce débat, vous auriez dû vous taire . Chaque mot, chaque phrase n’est que polémique ! Et tout lecteur sensible ne peut que réagir .
Vous avez trop de qualités mais une se met en évidence : le monopole de la compassion , parfois sélective !
Vous avez de la compassion pour tout : pour les adhérents au FNL, au Frodebu, à une cenquantaine de hutu jadis employés dans votre exploitation, compassion pour les blessés, compassion pour une certaine catégorie des victimes de la folie meurtrière qui a endeuillé notre chère patrie depuis 1962. Bref, compassion, compassion et compassion semble être votre raison d’être .
A part ça , je crois que la modestie aurait consister à laisser les hutu dire depuis quand ils sont Hutus et comment un hutu « au sens actuel » diffère du hutu d’hier ! Tout comme les Hutus doivent vous laisser jouir de votre noble descendance d’un « Mwenengwe » et d’une « Munyakarama » sans autre commentaire. J’imagine enfin que chez les hutu il y a aussi des clans et qu’ils ne sont pas une entité comme vous semblez les présenter .
Question pour terminer. Puisque vous semblez tenir mordicus à votre théorie de venin du génocide importée depuis le Rwanda, quels en sont les héritiers au Burundi?
Irambire mwene Burundi
Vous avez écrit:
« A part ça , je crois que la modestie aurait consister à laisser les hutu dire depuis quand ils sont Hutus et comment un hutu « au sens actuel » diffère du hutu d’hier ! Tout comme les Hutus doivent vous laisser jouir de votre noble descendance d’un « Mwenengwe » et d’une « Munyakarama » sans autre commentaire. »
Et pour quelle raison Monsieur Nshimirimana un hutu ne pourrait pas donner son avis sur ce qu’être tutsi et le tutsi ne le ferait pour ce qui est d’être hutu ,tant qu’il amène des preuves matérielles ou historiques soutenant son point de vue?
Jusqu’à preuve du contraire les hutus comme les tutsis ils sont tous burundais,partagent la même histoire,la même culture ,la même langue.
Bref,toutes les caractéristiques définissant une seule et unique ethnie.A moins que certains burundais,comme vous Monsieur Nshimirimana auraient découvert une nouvelle définition scientifique et inédite de ce qu’est une ethnie.
Certains mêmes se retrouvent dans les mêmes clans,et familles.Au mieux,on pourrait les considérer comme des catégories sociales ou des tribus,ceci pour dire,Monsieur Nshimirimana, les catégorisent,les classent en tant que deux ethnies différentes au sens scientifique du terme semble problématique pour ne pas dire erronée.
Merçi Chris
J’écrirais quelques lignes.
Les cas du Burundi et du Rwanda sont extrêmes. Mais ils ne sont fondamentalement pas différents des autres républiques bananières qui pullulent et détruisent l’Afrique.
On crée et on instrumantalise les tribus, régions, religions pour piller et se maintenir au pouvoir.
Ceçi est anecdotique: Lorsque le Rwanda voisin a lancé le programme « Gira Inka » (qui est devenu une retentissante réussite) il y a eu beaucoup de vidéos qui disaient ngo bagarukanye UBUHAKE.
Il est déloyal de traiter Chris de qui que ce soit parce qu’il a crée un projet qui utilisait plus de 50 employés.
Niwabishobora, urasubira pour développer ton pays.
Tout le monde connait la fable de l’hirondelle qui a voulu éteindre la Kibira en transportant de l’eau dans sa bouche.
Ps: La mauvaise gouvernance, la corruption ne profitent qu’à une poignée de mains.
La solution: Avoir un Etat de droit. Twese tukangana . FULL STOP.
IL faut juste être humain , avoir umutima n’ubwenge pour ne pas avoir l’indignation sélective.
Ce qui s’est fait au Burundi depuis l’indépendance est abjecte.
Défendre la clique de responsables kuva kuri Micombero gushika ubu birateye isoni.
Solution: Prions pour les générations futures pour qu’on ait un Etat de droit. Aho twese tuzoba tungana devant la loi.
Des gens comme Nindorera et Harahagazwe n’abagabo.
Mr Harahagazwe ivyo bintazi vy’amoko n’imiryango vy’intara vyigumize muri wewe bidusubiza inyuma, vyarataye igihe les Burundi dukeneye business dukeneye progrès , duhanzwe na pauvreté !!
Mr. Chris, je suis étonné et deçu par ton extremisne déguisé et ton supremacisme ethnique que je n’avais jamais détectés quand tu nous enseignais le cours de » Listening Comprehension » à l’UB. Comment es-tu tombé si bas?
Si tout le bien que tu as fait a été dicté par un sentiment/ressentiment ethnique, il ne va pas effacer le mal fait à ceux que tu méprises si rigoureusement. Arrêtons de nous entretuer en semant le grain de la haine.
Cordialement
Umengo ntiwasomye neza canke ntiwatatuhuhe ivyo yanditse. you need a « Reading Comprehenshion » course.
Mme ou M.Stream je ne sais pas quel âge vous avez mais les manipulations pareilles de l’histoire est un autre mal dont souffre le Burundi. L’auteur est tombé dans la dichotomie malsaine pour ce qui est du Burundi et sa haine contre les « DD » n’est pas figée.
I welcome your « reading comprehension course » bien entendu.
Cordialement.
L’extrémisme que vous collez à tort à M. Harahagazwe doit être votre propre projection. Son opinion sur le mal qui gangrène le Burundi est basée sur des faits et non des interprétations. Il propose une sortie de ce cercle vicieux par l’empathie, la compassion. Et vous, que proposez-vous?
@OK
« Il propose une sortie de ce cercle vicieux par l’empathie, la compassion. »
Je ne trouve aucune trace d’empathie, encore moins de compassion dans son propos.
Peut-être que vous lisez dans ses pensées que les autres ne voient pas.