Par Novat Nitunze*
Des images récentes des lycéens qui ont célébré la fin de leurs examens d’une manière inattendue défrayent la chronique ces derniers temps. Des condamnations publiques fusent de partout. On a menacé même de ne pas leur délivrer leurs diplômes, de les faire redoubler une année, ou carrément de les exclure du système éducatif. Le conseil des ministres semble s’en être occupé aussi. Des syndicats d’enseignants ne parlent ni moins ni plus que de la « décadence du système éducatif ». On nous dit que la police est à la recherche des fautifs, que la police des mœurs est à leurs trousses. On interroge un psychosociologue qui parle de délinquants. Un leader d’un syndicat évoque un comportement qui « présage la remise en cause des bonnes habitudes qui ont toujours caractérisé le système éducatif burundais ».
C’est comme si ce sont des ‘Inyakaburundi’ (ennemis de la nation) livrés à la vindicte populaire.
Pour une fois soyons réceptifs des paroles d’un sage, M. Edouard Ndikumusabo qui dit que « cela arrive quand on est jeune. ».
J’ajouterais que nous oublions vite, du moins ceux d’entre nous qui ont eu la chance de fréquenter un lycée. Y a-t-il une école qui a un moment ou un autre n’a pas eu l’expérience d’une situation similaire? Cela est arrivé à mes amis quand nous étions jeunes. C’est arrivé au plus « saint » d’entre nous.
Je vous partage ce souvenir de jeunesse. Je suis passé par le séminaire de Burasira. Dans ce séminaire, où les ‘bonnes habitudes’ ne pouvaient pas être mises en question, il y avait l’histoire d’un groupe de séminaristes qui, souls comme des Polonais, ont volé la chèvre d’un paysan des environs et l’ont rôtie. Une chèvre, c’est un trésor pour un paysan. Pourtant, ces séminaristes n’ont pas été pendus. Ni exclus du système éducatif. Parmi eux, le pays a eu des ambassadeurs, plus d’un ministre, des directeurs généraux, et des chefs d’entreprises privées. Ils se reconnaîtront.
Prodiguons des conseils, mais n’écrasons pas l’esprit de ces jeunes gens. Maintenant ils sont conscients de leur transgression. Ils ont appris leur leçon. Très durement d’ailleurs avec ces réseaux sociaux. Personne ne gagne à les humilier davantage. Je leur souhaite d’embrasser le monde, de commettre des erreurs (pas des crimes) et d’en tirer toujours des leçons. Et laissons leurs parents s’occuper de leurs punitions.
Entretemps je retourne m’occuper de mon teenager, tout en priant que je ne sois pas tenté de lui tordre le cou s’il fait quelques « conneries ».
*Novat Nintunze vit aux Etats-Unis. Il est l’auteur de « Massacre des Tutsis dans le sud aux Editions Iwacu »