Dimanche 24 novembre 2024

Opinions

Opinion-Débat | La « Brarudi » serait au bord du gouffre, que faire ?

Opinion-Débat | La « Brarudi » serait au bord du gouffre, que faire ?

Par Majesté Barenga*

Après une longue tumeur qui ronge de l’intérieur l’unique brasseur d’origine étrangère au Burundi, la Brarudi, (Brasseries et Limonaderies du Burundi, membre du Groupe Heineken), la mi-avril a été déterminante avec l’annonce par les dirigeants de l’entreprise du manque du malt, un intrant important dans la fabrication des boissons, et cela suite au manque de devises. Le pire à craindre.

L’annonce que la Brarudi est en manque de devises a fait un effet pareil « à celui d’un oncologue annonçant à son patient que son cancer est au stade terminal », m’a dit avec un peu d’humour noir un observateur attentif de la situation burundaise.

Avec une pénurie généralisée des produits Brarudi, certains ont même présagé l’arrêt prochain de cette filière de Heineken, présente au Burundi depuis plus de 50 ans. L’État burundais est actionnaire à 40 % dans le capital de la Brarudi. Avec 700 collaborateurs et 50 000 sous-traitants, 68,3 milliards d’impôts et taxes au compte de l’Office Burundais des Recettes, la Brarudi est la première si pas l’unique grosse entreprise du pays.

Au-delà des lamentations

La Brarudi produit exclusivement pour la consommation locale. Elle exporte peu. Par voie de conséquence, le faible volume de produits Brarudi exportés ne fait pas rentrer assez de devises pour couvrir ses besoins d’importation des intrants. Bien plus, il semblerait que la Brarudi n’a aucune entreprise partenaire en commerce pouvant le renflouer en devises.

Le risque est donc grand que le personnel de la Brarudi se retrouve au « chômage économique ». Bientôt, d’après certaines sources, la société ne sera plus en mesure de payer les taxes. En un mot, la Brasserie est au bord du gouffre.

Au-delà de la « sainte mousse », un des derniers plaisirs qui restent au Burundi, la Brarudi fait vivre des dizaines de milliers de gens et fait rentrer des recettes dans les caisses de l’Etat.
Les Burundais se lamentent, à juste titre. Mais au-delà des lamentations, que faire face à cet état de fait ? Le débat est ouvert.

*Les articles de la rubrique opinion n’engagent pas la rédaction

Forum des lecteurs d'Iwacu

12 réactions
  1. Samandari

    Pour la crise systémique de la Brarudi
    En somme , 90% de la matière première se nomme malt: céréale fermentée.
    Dans un délai de12 mois, on peut cultiver assez d’orge et sorghum.
    Le Burundi et la Brarudi ont assez de fbu.
    Le reste est constitué de houblon.
    Qui coûte presque rien

  2. JIGOU MATORE

    Les problèmes que rencontrent la BRARUDI- le manque de devises- ce sont les mêmes que rencontre le secteur pétrolier avec tous les effets dévastateurs sur l’économie nationale. Et vous savez combien est longue cette crise de carburant pour les mêmes raisons de manque de devises.
    Il faut donc s’attendre à ce que l’entreprise ferme pour les mêmes raisons.

    Les solutions classiques sont connus mais prennent du temps. Je ne sais pas si l’Etat est conscient de cela lorsque le Parti de l’Aigle annonce ce que l’Etat va faire: Augmenter la production et l’exportation du café, du thé, etc. On ne peut donc pas y compter à court terme.

    L’autre solution, c’est la reprise de la coopération avec l’Occident, pourvoyeur traditionnel de fonds au Burundi. Et le gel de la coopération est en réalité responsable de cette grande pénurie. Et ces méchants colons nous attendaient au tournant, et on y est déjà on le sent! On est indépendant mais on n’a pas de devises! Ironie du sort.

    Pour dégeler la coopération avec l’Union Européenne, l’Etat doit prendre la grande décision de mettre en exécution les exigences imposées: ouverture de l’espace politique et médiatique , la transparence dans la gestion et le respect des principes démocratiques, le respect des droits humains,…

    La question ici est de savoir si l’Etat peut accepter cela. Qu’est ce que l’Etat, ou plutôt le Parti de l’Aigle a à gagner? Et qu’est ce qu’il a à perdre?

    L’Etat aurait à gagner le renflouement des caisse de l’Etat, en monnaie locale et en devises, et grâce à celles-ci, sauver la Brarudi, importer le carburant, …

    Et qu’est ce qu’il aurait à perdre? Le parti de l’Aigle aurait à risquer de perdre le pouvoir, ou tout au moins à le partager. La pilule est amère. Mais il faut balancer et choisir entre l’Intérêt Général et l’intérêt du Parti de l’Aigle, ou plutôt de certains de ses privilégiés.
    Do you get what I mean ?

    What I mean is this: » S’il y a la liberté d’expression, s’il y a la transparence des élections, s’il y a l’ouverture de l’espace politique incluant le débat contradictoire, si les gens ne craignent rien sur ce qu’ils pensent et expriment, … ce n’est pas certain que le Parti au pouvoir aura un nième mandat.

    • Kadogo

      Très très bonne analyse. En tout cas si perdre le pouvoir est la solution à cette vie misérable des burundais pourquoi ne pas le perdre ? Que va-t-il gagner(l’aigle) si le pays sombre dans le gouffre ? Mon conseil c’est de quitter quand il est encore le temps sinon il risque de quitter quand il sera tard le jour où les burundais se lèveront comme un seul homme pour sauver leur patrie. Les exemples ici et là ne manquent pas.

  3. jereve

    Vous avez sûrement entendu parler de ces grosses entreprises dont on dit « too big to fail ». C’est-à-dire qu’elles sont d’une telle importance pour le pays que leur faillite peut provoquer un risque systémique ou en d’autres mots l’effondrement du système financier ou économique. Leur faillite risque d’entrainer la faillite de l’état.
    Face à cette situation, l’état n’a d’autres choix que recapitaliser ou renflouer les caisses de l’entreprise en difficulté, avec bien sûr l’argent du contribuable.
    J’espère que l’état est en train de réfléchir dans ce sens.

  4. Bite

    Comment une société comme la BRARUDI manque des devises alors qu’elle a des comptes garnis aux banques. En outre, on oublie que c’est la BRARUDI qui fait vivre la REGIDESO avec plus de 50millons de FBU/mois pour l’eau et électricité.
    Au lieu de voir d’autres nouvelles sociétés naître, nous continuons à voir les entreprises fermer . On se souviendra de : SRD, ONAPHA, VERRUNDI, SOGESTAL, ONL, METALUSSA, CVHA, INABU, SIP, ECT.

  5. Marianne

    Si la BRARUDI tombe en faillite, Ca sera la fin de l’economie burundaise.
    Il faut que l »Etat Burundais injecte d’argent pour sauver cette entreprise qui est non seulement une fierté pour le Burundi mais aussi une source de revenus pour la caisse de l’Etat.

  6. kabingo dora

    Je pense que le problème principal de la Brarudi est la carence de devises pour importer la matière première principale , le malt . En un mot la solution est simple : chercher les devises . Les autorités burundaises savent pourquoi il n y a pas de devises : des problèmes économiques mais surtout politiques qui bloquent le financement direct et indirect du pays par les partenaires internationaux. La balle est dans le camp des dirigeants .

    • Yan

      @kabingo dora
      « …politiques qui bloquent le financement direct et indirect du pays par les partenaires internationaux. »

      Il me semble que tu crois encore au Père Noël; normalement à partir de l’âge de 5 ans on découvre le pot aux roses, et on sait que c’est papa et maman qui déposent les cadeaux sous le sapin de Noel.
      Franchement, tu crois que c’est en faisant de doux sourires aux dirigeants des pays riches qu’on se fait financer? Magufuli là où il est doit en pouffer de sourires, lui qui avait tout compris!

      • JIGOU MATORE

        Cher Yan,
        Il faut traiter le vrai problème et ne pas transposer le cas de Magufuli à celui du Burundi: les réalités au Burundi et en Tanzanie ne sont pas les mêmes. La cause des problèmes c’est le manque des devises. Il faut les chercher partout où il est possible de les obtenir, y compris chez « les colons ». Mettons de coté les fiertés nationales hypocrites. Les colons ont ce dont nous avons besoin, il faut donc les approcher, c’est simple et pragmatique.

  7. Salvatore Bosenibamwe

    La médiocrité dans la gouvernance de ce pays, une situation jamais atteinte dans son histoire passée,constitue la cause principale de cette crise économie.
    Des autorités sans aucun projet de société, passant des journées a parler de nourriture.
    N’agahomamunwa .

  8. Desire Barutwanayo

    il faut qu’il ait des pourparlers entre les autorités burundaise et la brarudi pour sauver la société à temps sinon le pays va perdre beaucoup Sans oublier les consommateurs des produits issus de cette noble société.

  9. G

    « 50 000 sous-traitants » ou 50.000 clients (grossistes)?

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