Peut-on résumer une conférence par un twitt ? Je dois avouer que je ne m’attendais pas à ce que les propos tenus dans une conférence de plus de deux heures soient ramassés dans une phrase aussi lapidaire. Certes, par les temps qui courent, en acceptant de participer à ce débat public, à l’invitation de l’UJPB (l’Union des progressistes juifs de Belgique) sur le thème « Burundi, génocide ou coup d’Etat », je savais que je prenais un risque.
En effet, dans ce genre de rencontre, certains ne sont pas là pour débattre. Ils viennent en embuscade, à l’affût d’un mot ou d’une phrase, à sortir du contexte précis et jeter en pâture sur la toile. Tous ceux qui ont animé des conférences ne me contrediront pas. Et dans une conférence sur un thème aussi complexe que délicat, en isolant un mot, une phrase, on peut tout faire dire à une personne…
Au sujet de ce twitt, des lecteurs m’ont demandé d’écrire, de « m’expliquer »… Un ami du Canada m’a dit que les gens « n’étaient pas contents ». Mais notre métier n’est pas faire plaisir, non plus faire du tort. En ce qui me concerne, j’ai déjà tout entendu. J’ai été accusé de rouler pour l’opposition ou d’être à la solde du pouvoir et, « consécration » suprême, depuis novembre dernier, je suis impliqué dans « une tentative de coup d’Etat »… Je ne vais donc pas me formaliser pour un twitt aussi réducteur soit-il. A la longue, éloges ou insultes glissent, c’est cela peut-être l’avantage de prendre de l’âge…
Que dire de la conférence elle-même ? Elle était animée par trois invités : le président Ntibantunganya, Jean-François Bastin, un journaliste belge à la retraite qui a couvert le Burundi pendant plusieurs années et moi-même.
Chaque conférencier avait 10 minutes pour faire sa présentation. Jean-François Bastin a dressé un topo de la situation actuelle du pays. Il a analysé la spirale de la violence depuis l’annonce de la troisième candidature du Président Nkurunziza.
J’ai évoqué la situation des médias, le risque de black-out, la régression terrible que l’on vit depuis la destruction des médias indépendants, alors que le Burundi avait connu un pluralisme médiatique que l’on nous enviait dans la sous-région et même en Afrique.
Seul politique du panel, M. Ntibantunganya a parlé du CNARED et souligné que, quoi qu’il arrive, le dialogue politique était inéluctable. Il a été très sévère envers la Cour constitutionnelle qui, selon lui, a commis un « péché mortel » en acceptant cette troisième candidature illégale.
Sur la question à l’origine du twitt polémique, en tant que journaliste, je dois rester vigilant dans l’usage des mots. Ainsi, j’ai dit qu’il faut faire attention, que des « gens sont tués pour ce qu’ils sont. Mais pas toujours ». Sur le mot « génocide » lui-même, très chargé comme tout le monde le sait, j’ai dit qu’il faut être extrêmement prudent car l’utiliser, c’est ethniciser un problème qui ne l’est pas (encore et j’espère jamais). En effet, depuis le début de cette crise, des personnes ont été certainement tuées en raison de leur origine ethnique. C’est un fait. D’autres ont été tuées en raison de leur appartenance politique. Ou les deux à la fois. Personne parmi les trois conférenciers n’a nié la réalité des tueries au Burundi.
Les débats ont été animés, mais très courtois. Un participant a même pris la parole pour, disait-il, « défendre le gouvernement ».
Pour ma part, j’ai apprécié la réflexion du président Ntibantunganya qui a souligné que les « putschistes » d’aujourd’hui ne se recrutent plus dans une seule ethnie, mais parmi les Hutu et les Tutsi. « Avant, les coups d’Etat étaient le fait d’un seul groupe ethnique, c’est un signe d’espoir », a dit le sénateur.
Le public était très éclectique. Des Burundais, bien sûr, mais aussi des Belges, dont certains, actualité oblige, voulaient en savoir plus sur les violences rapportées par les médias. Et c’est tout à fait légitime. Ainsi, lors des débats, une dame qui a dit « ne rien savoir du Burundi » a demandé qu’on lui explique la situation. Tout le monde peut imaginer la difficulté de la tâche. Dans ce genre de cas, forcément, on est amené à être le plus simple possible, ce qui peut frustrer les invités, les Burundais par exemple, et ceux qui connaissent un peu plus les arcanes et soubresauts politiques du pays et qui s’attendent à des explications plus pointues.
Beaucoup d’intellectuels ont choisi le silence
C’est peut-être un autre signe qui montre la profondeur de la crise : s’exprimer sur le Burundi devient de plus en plus risqué, délicat. Tout le monde est sur les nerfs. Mais faut-il pour autant se recroqueviller sur soi, refuser le débat ? Ces dernières années, beaucoup d’intellectuels burundais, échaudés par les récupérations et manipulations qui suivent chaque prise de parole publique ont fait le choix du silence. C’est dommage. Pour reprendre les mots du journaliste Edwy Plenel, une démocratie qui préfère « le silence au bruit, le sommeil au dérangement », n’évolue pas.
Pour ma part, quand je suis sollicité et que mon emploi du temps le permet, j’accepte volontiers de participer à des conférences et autres colloques sur le Burundi. Journaliste en activité depuis 1992, quand j’ai débuté à la radio nationale, sans être un « spécialiste », j’estime que je peux apporter ma modeste contribution aux débats. Mais, surtout, j’apprends beaucoup lors de ces rencontres.
Malgré tout, au-delà des interprétations politiciennes, parfois vicieuses, facilitées par les réseaux sociaux, quand des Burundais se rencontrent pour réfléchir et échanger, ces moments restent pour moi toujours agréables et constructifs.
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Rien d’étonnant!
Dans une crise bipolaire, sans la sagesse, le journaliste est utilisé comme un combattant et ses publications deviennent une armée destructrice.
Depuis 2010 jusqu’alors, ma plus grande inquiétude est portée sur le comportement du journalisme burundais qui devient de plus en plus manipulé et manipulateur! Devant tel comportement, quel intellectuel « intelligent » n’opterait-il pas pour le « silence »? Malheureusement, il y aussi un autre danger quand on laisse le terrain médiatique aux voyous qui racontent de n’importe quoi pour désinformer et/ou désorienter l’opinion publique et internationale. Leurs interventions et publications intox déjà dominé sur les réseaux sociaux de telle manière que les gens ne veulent plus écouter les conseils des sages. Courage cher Mr Kaburahe!
antoine peut tu me dire l’ethnie qui a payé un lourd tribu depuis avril dernier? merci
Logo dites la nous?
Merci beaucoup Mr Antoine.
Vous êtes toujours l’homme que j’ai toujours connu sur IWACU.
Je ne suis pas toujours d’accord avec ce que vous dites mais je vous admire.
Cependant, vos journalistes sont devenus de grand censureurs particulièrement sur l’article « http://www.iwacu-burundi.org/cest-la-faute-au-rwanda/ »!
Vous nous parlez de tout mais pas du twitt. Iln ya aucun mal à le citer.
Le twitt est bien repris au début de mon article. Merci. AK
Merci Antoine Kaburahe, vous aviez fait votre metier de journaliste, juste pour informer. Participer dans les conferences sur le Burundi justifie votre metier.
« Un ami du Canada m’a dit que les gens « n’étaient pas contents ». » Cher Antoine, ton ami est un manipulateur. A-t-il fait un recensement sur l’humeur des gens? Moi je suis du Canada et je suis content de ta position. Bravo! Ton ami doit avoir ses « gens à lui » qui sont sûrement parmi ceux qui encouragent la violence contre le pouvoir. Il croyait te compter parmi les siens visiblement sur la simple appartenance ethnique. Tu viens de montrer que tu es au-dessus de la mêlée.
Quant à Ntiba, yibagira ningoga nayo yabonye en 1996. Finalement, il n’a rien de démocrate. C’est un ventriote. Un démocrate ne peut pas faire l’apologie des putshes même s’il n’est pas au pouvoir. Il attend son tour et garde l’Ubuntu en attendant. Ntiba a perdu tout repère et veut coûte que coûte revenir aux affaires; mais il devrait garder un minimum de décence sinon le peuple va le punir politiquement.
Merci à ce clin d’oeil nous rappelant l’obligation morale de faire notre de contribution aux réflexions qui pourraient aider le Burundi.
Je pense qu’il est impératif d’éviter de tomber dans le piège de ceux qui, pour obtenir un espace politique, voudraient ethniser le conflit burundais. Le problème actuel est celui de la reconnaissance du Droit comme référence suprême et de la bonne gouvernance en matière de libertés d’expression et des droits de l’homme.
Sa résolution passe impérativement par un débat ouvert entre les parties prenantes, gestionnaires du pouvoir et opposition, avec la société civile comme observateur-arbitre. Vivement l’ouverture des négociations.
Merci Kaburahe.
Existe t-il un enregistrement de la conférence qui soit accessible en ligne ?
EN
Abarundi turacagowe kuko, no ngaha twanditse ivyiyumviro vyacu, ukuri ntibemera ko gusomwa na bose, baca babizimiza, kuri bujumbura news be no kuri iwacu nyene, vyerekana yuko abarundi tukiri kure, kuko ukuri nta numwe ashaka ko kuvugwa, nico gituma uguhonya abandi kutari mu nzira yo guhera, bisigura ko ata kibanza amahoro arama n,iterambere ry’abarundi bose kiriho, benshi turahengama kandi, nico kibazo nyamukuru cishe igihugu cacu. Turibagira twese ko turiko turaraga abana bacu umuriro udahera. Nico gituma abamaze kumenya ico kibazo, bafuma binumira, kuko uzi yuko uvuze, ataco baza kumvirizamwo, Urinumira nyene, guhendana ni ivy’abantu bafise umwanya mwinshi. Murakoze.
Uvuze neza cane mwana wa Mama, niwirambire. Ico nyene co kudatinyuka kuvugira ukuri nico cishe Uburundi bwacu n’abarundi. Ariko turabona ko vyanka bikunda tugomba gushira vyose kumeza bigatogwa inyishu. Ayo magabura nyama ntaco yadushikanyeko kuva u Burundi buba uburundi. Komera
None ko uwuvugishije ukuri mu ndero y’ikirundi ngo aba yeruye, ibintu vyose baracurika, n’abavyeyi ntibabwira ukuri abana babo, abo bana nabo bagakura bazi ko atawuvuga ukuri .
abantu bavugira hero ngo n’ibijuju, ugasanga abarundi bose bararuhisha, nico gituma izo mentalité zidahindutse tutazotera imbere,
Bihereye kubutungane, none abiswe abashingantahe bo nyene badashobore kuca urubanza wumva tuzokirira he, ubonye ingene abategetsi, barementanya vyose, none abana babo babona ivyo bakora iciza kizova muribo nikihe, ko atakarorero nakamwe bafise, umwana w’umu polisi abona ivyo se ariko aravuga kandi abesha, azomusonera gute? Turetse n’izi ngorane z’ingwano abarundi bishizemwo ko aribo bantu bazi ubwenge mukutavugisha ukuri, usanga iyo bari mu mahanga babaye bloqué mu bintu vyinshi kuko n’inzira yogushikana iyo uja uyigira ibanga, ahandi akavuga ivyo utiyumvira, ariko vyinshi biva ku ma complexe
Mu vya politique rero n’akamaramaza gushika aho wiyumvira ko ico gihugu kikirimwo abashingantahe bikagusiga
Murantunga
On l’aime, on l’aime pas, j’ai toujours considéré A. KABURAHE comme un des meilleurs journalistes Burundais. C’est ainsi, comme il le précise lui même ici, il reçoit tantôt des éloges, tantôt des brimades, selon les sensibilités des lecteurs. Mais, reconnaissons qu’i l a, en plus d’une bonne technique de rédaction, une intelligence d’analyse assez remarquable.
Umuntu wese yanditse, biraboneka ko ahengamye, canke ko ari umushingantahe avuga ukuri, ariko abarundi benshi baraba interets z’umwumwe wese, ariko benshi bakurikira ibidahesha icubahiro, bagahemukira uburundi n’uruvyaro rwabo, uwuvugira amahoro n’iterambere rya bose araboneka, kandi na ba nsumirinda, mpemuke ndamuke, bica biboneka neza usomye ivyo bandika, harya umuntu amenywa n’abandi kurusha uko yiyizi, kandi agashimwa n’abandi kuko kizira kwishima wewe nyene. Barundi ntitwihende lero, twese twovuga ibigirira kazoza keza abarundi bose, twotunga vyinshi birama, ariko ivyo turonse nabi, bihera nabi. Garura ubuntu, ubugabo n’ubushingantahe, niho tuzobaho. Harya n’Imana igira aho Imaniye, uwanka ineza yica imigisha mu guhitamwo inabi. Hitamwo neza lero.