Mardi 05 novembre 2024

Opinions

OPINION* – Au-delà du lyrisme musical : « Urantunga perezida » d’Emmanuel Nkeshimana

02/05/2021 19
OPINION* – Au-delà du lyrisme musical : « Urantunga perezida » d’Emmanuel Nkeshimana

Par Gérard Birantamije*

Le chercheur tente de percer le message d’un artiste aux textes parfois hermétiques

 

Au Burundi, le mois d’avril est considéré comme un mois de deuil, pour reprendre le titre d’une conférence organisée par le Mouvement international des Jeunes au Burundi ce 29 avril 2021. Faut-il l’affirmer comme si cela était une évidence alors que pratiquement chaque mois voire chaque année a ses « morts », ses « martyrs » ? Sans doute que ce mois réveille les émotions ou les sentiments les plus divers, les souffrances ensevelies et soulève les grandes inconnues dans la périlleuse quadrature du cercle sur la fameuse « Ikiza » de 1972. Malgré la publication de plusieurs textes sur cette période de notre sombre histoire, il reste encore trop d’inconnus. Et pourtant la roue tourne. Et curieusement nous tournons avec. Des témoins disparaissent, d’autres voient leur mémoire s’effriter. Simplement parce que la mémoire s’use. Rien ne résiste à cette roue, au temps.

Entretemps, du côté de la Commission vérité et réconciliation (Cvr), c’est confirmé à demi-mot : le gouvernement d’alors a commis un « génocide des Hutu ». Et la dernière conférence organisée par le Sénat avec un conférencier de marque, un ancien chef d’Etat, ne lésine pas sur les qualifications. Un génocide des Hutu, pas une répression. Il s’appuie sur le rapport d’étape de la CVR et sur des chercheurs, parfois controversés dans la « mémoire » des chercheurs sur la question. Peut-être que cela va relancer le débat qui s’était presque arrêté. Et les Tutsi éliminés dans tout ça ? Ce ne sont que des victimes collatérales d’une attaque rebelle qu’on cherche toujours à identifier, les Maï Mulele, comme l’a souligné le patron de la Cvr, étant des Hutu et des Tutsi. Une nouvelle version des faits, si ce n’est pas de l’amalgame délirant. Au-delà et sans ambages, selon le Président Ntibantunganya, le mot qui leur convient est celui des crimes contre l’humanité. Il les a qualifiés. C’est son droit et peut-être qu’il n’a pas encore perdu le monopole de la parole autorisée qui n’est pas forcément celui de dire le vrai. Soit.

Cependant, la mémoire collective demeure sélective. Du long crépuscule de ce 29 avril 1972 aux longs jours qui s’en sont suivis, elle garde deux moments : une attaque dans le sud du pays qui emporte des milliers de Tutsi et, une répression qui, telle une chape de plomb, s’est abattue sur les Burundais de l’ethnie Hutu.

Généralement des évolués, des intellectuels ou ceux en passe de le devenir. Depuis plusieurs décennies, l’on évolue vers des mémoires parallèles et superposées : une mémoire Hutu vs une mémoire Tutsi, une mémoire officielle vs une mémoire collective, mémoire réelle vs mémoire manipulée ou politisée. Et pourtant dans cette nuit des faits macabres, des doutes et des tergiversations sur la vérité, une petite lumière pourrait nous éclairer : Nkeshimana Emmanuel, un artiste hors pair, ignoré peut être par la profondeur de ses chansons aux anecdotes parfois croustillantes.

« Urantunga Perezida », un chant sur la crise de 72?

Si personne ne peut dire quand Nkeshimana sort exactement ce « muduri », le contenu est sans appel. Il évoque l’Ikiza sur un ton plutôt de conseil à un président burundais, sans que l’on puisse dire s’il s’adresse à Micombero ou à son successeur Bagaza. Comme Machiavel s’adressant aux princes de l’univers, le nom du président n’y apparait pas. Et cela confère à la chanson, une allure plutôt d’un message intemporel. L’auteur de la chanson parle de son Buyogoma et Kumoso natal. Des monts et vallées, des noms et des hommes, des faits, des appels et des rappels. Cette chanson mérite sans doute d’être revisitée, écoutée, reprise. Elle reste un éclairage évident sur cet épisode de « 72 » qui nous détient en tant que Burundais. Elle reste d’un intérêt évident, a fortiori, pour notre Cvr à la quête de la vérité et de la réconciliation.

Un refrain inquisiteur : « Mukukigabura wamengo babaroze »

Des monts, rivières et vallées. Il en parle en géographe né. Il est évident que l’artiste a bien sillonné la région, de cour en cour. C’est un griot ou presque. NKeshimana nous fait voyager dans cette aire géographique et dans ce moment historique. De Ngarama à Butezi, on traverse Nyakijanda et Ruvubu, on passe par Runyinya, Gitwenge, Murore, Muhweza jusqu’à Mishiha, Gahumo, etc. Bref, il est précis dans les moindres détails. Aux territoires, ceux qui se les ont accaparés ou peut être en voie de le faire. Ce sont des noms connus dans la région. Du moins certains pour ce qui me concerne : BARATUKA, MAREKANI, RUHUBURA, KANANKA, GAKWAKWANYA, NSABIMANA, NYARUZUBA, GASHURI, RUHUMANA, MAKERA, TUNGUHORE, BARATEMBA, MARABIRO, et bien d’autres. S’il n’y a point de détails en amont et en aval de ce partage du pouvoir et du territoire, peut-être qu’en creusant plus, des faits associés à ces noms seraient rapportés. Comme lors de la fameuse conférence africaine de Berlin, Nkeshimana nous révèle un véritable « scramble for Buyogoma ».

Mais il s’agit d’une course aux crochets qui s’inscrit dans une dynamique nationale de la rébellion qui était déjà annoncée dans le sud du Burundi en cette fin du mois d’avril 1972. Ce que les uns appellent l’attaque des rebelles mulelistes. Ici il s’agit plus qu’une attaque. Des noms sont collés aux territoires, ce qui présuppose une organisation minutieuse plus que des attaques sporadiques rapidement contenues ou réprimées. La seule différence, le passage à l’acte dans le double sens des acteurs impliqués n’a pas eu la même ampleur.

Un passage sur la répression : « Ukutabwirwa nikwo kwishe abamenja »

Par cette chanson, Nkeshimana fait un détour sur la répression de ceux qui ont été qualifiés de « Abamenja » par le pouvoir de l’époque. Une nouvelle catégorisation de la population qui a structuré le « Nous et les Autres », un stigmate qui a collé à la peau et qui continue à coller. Un mot plastique qui s’invite maintenant dans beaucoup de narratifs. Un concept qui nourrit encore les rancœurs de génération en génération. Pourquoi pas, une catégorie analytique au regard de l’engagement militant des survivants, des victimes, des victimes-bourreaux ou des bourreaux-victimes. A travers cette chanson qui interpelle sur le péril de la répression, Nkeshimana parle du fait que « certains ont été invités à ne pas agir ». Ça on en parle peu ou pas. Eventuellement, ces noms repris dans la chanson, ont connu le triste sort de la répression. Mais ont-ils été avertis de cette répression ? Cela reste sous-entendu. « Ukutabwirwa kurazirwa », « Ne pas écouter les conseils, ça se paie ». C’est à ce niveau précis qu’il faut questionner ce qui s’est passé dans la région du Buyogoma en lien avec ce qui s’est passé ailleurs dans le pays. La dyade « Attaque-Répression » remise en question par les mémoires concurrentes sur la tragédie mérite une emphase pour qui s’intéresse à la crise politique et aux massacres génocidaires ou aux génocides de 1972 pour paraphraser Chrétien et Dupaquier.

Nkeshimana et la Commission-Vérité et Réconciliation

Comme presque tous les acteurs de son époque, Nkeshimana, de son nom de star « Rupande » s’est éteint. Il nous a laissé une chanson, somme toute intéressante. C’est un mémoire de ce qu’il a vu ou entendu. A sa manière, il a éclairé l’opinion locale et nationale sur cet épisode sombre de notre histoire. Il a donné une part de la vérité, peut-être de sa vérité sur la crise de 72 dans le Buyogoma. A mon avis, cette chanson a un triple mérite.

– D’une part elle montre que la rébellion ou l’idée de rébellion qui de plus en plus est balayée d’un revers de main n’est pas à localiser sur la seule partie sud du pays comme bien d’écrits le montrent. Nkeshimana interpelle à fouiller.

– Ensuite que la rébellion n’est pas un fait à délocaliser, elle était préparée de l’intérieur du pays au grand dam des services secrets. Ces noms égrenés dans la charmante symphonie de son Umuduri ne sont pas des exilés ou des réfugiés à l’époque des faits. Ce sont des gens qui vivent sur ces collines, dans ces vallons annoncés. Ils vivent avec d’autres. Ils ne sont pas en rébellion contre l’autorité. Ils vaquent normalement à leurs activités quotidiennes en attendant le passage à l’acte.

– Enfin la dyade Attaque-Répression pourrait se confirmer à travers cette chanson. Cette chanson rapporte les faits, des faits têtus. Les gens qui vivent la région se rappellent sans doute l’attaque de Gisagara, Gitwenge, Murore jusqu’aux portes de Cankuzo. Il y a eu des morts connus ou anonymes. Comme dans le sud du Burundi, des Tutsi ont été d’abord tués pour ce qu’ils sont. Rien d’autres. Des noms sont connus. Des Rescapés aussi. Puis suivant la même mécanique de la répression, des Hutu ont été arrêtés pour ne jamais revenir. Arrestations et disparitions, comme si un mot d’ordre avait été donné. Dans mon village aussi à Cankuzo, j’ai appris quelques noms. Tous des « évolués » de l’époque.

En somme, contrairement à ce qui s’observe dans le monde de la musique, il ne fait pas cette chanson après une facture dorée, Nkeshimana n’avait pas aucun intérêt à mentir. Qui plus est, il s’adresse au président dont il ne sous-estime pas les pouvoirs et avec qui il ne partage pas l’assignation identitaire. Seulement, les artistes savent comment le dire avec leur art. Il conseille le président, le Prince qui nous gouverne. Celui d’hier, d’aujourd’hui et celui à venir. Mais au-delà, dans les circonstances actuelles, cette chanson interpelle la Cvr à ne pas se contenter des sentiers battus. Le chemin de la vérité et de la réconciliation est long, séquencé et semé d’embûches. Il n’a pas besoin de raccourcis. La vérité se cherche partout. Sur ce chemin se dressent aussi des Burundais. Parmi eux, il y a des extrêmes, des modérés, des inconscients et des sous-informés. La CVR n’est pas là pour satisfaire un groupe mais pour recoller les morceaux épars de la Nation burundaise en accouchant la vérité. Puisse notre CVR écouter cette chanson au moins.

 

 

Quelques « miduri » de Nkeshimana sont disponibles sur youtube

*Les articles de la rubrique opinion n’engagent pas la rédaction

*Gerard Birantamije, Chercheur postdoctoral, REPI, Université Libre de Bruxelles.

L’opinion émise n’engage pas l’Université Libre de Bruxelles.

Forum des lecteurs d'Iwacu

19 réactions
  1. Gacece

    Certains burundais se sont donnés le mot : prendre un élément banal de l’actualité, de l’histoire ou de la culture burundaise comme point de départ et développer des théories alambiquées sur des événements pourtant simples à comptendre. Il y a eu des morts en 1972 : des hutus, des tutsis, des twas, des baganwa, des étrangers sont morts massacrés par… des hutus, des tutsis et – peut-être – des twas, des baganwa et des étrangers.

    Cela ne veut pas dire que seuls les tutsis ont tué des hutus, ni que seuls les hutus ont tué des tutsis. Beaucoup semblent d’ailleurs oublier (ou font semblant d’oublier) ce détail! Ou alors tout le monde le sait et ne veut pas en parler! Il y a eu des hutus qui ont collaboré et qui ont participé, avec les tutsis, dans le massacre d’autres hutus… par choix ou par ignorance. Il y a eu également des tutsis qui n’ont pas hésité à éliminer d’autres tutsis qui essayaient de se mettre en travers de leurs plans. Des hutus ont fait la même chose… Et cela concerne tous les massacres qu’il y a eu à toutes les époques.

    Seules les proportions des victimes dans chaque ethnie pourraient être discutables ici. Et je crois que c’est le point sur lequel nous ne nous comprenons pas, mais chaque burundais est au courant qu’il y a eu des massacres dans toutes les ethnies. Le nier serait futile. La question est alors de savoir à partir de quelle proportion, de combien de morts, pourrait-on commencer à parler de génocide? Y’aurait-il d’autres éléments à prendre en considération?

    Nous n’avons pas besoin de chansons, de photos ou de théories sur ces dernières pour savoir ce qui s’est passé. Les fosses communes sont là : des restes humains, des objets, des balles, des douilles, des vêtements… s’y trouvent. Des témoins et des témoignages existent encore. Le mieux est d’encourager ceux qui savent quelque chose de délier leur langue avant leur mort. Et si le Burundi et les Burundais avaient les moyens et la patience de tout analyser scientifiquement, des trouvailles et histoires authentiques sortiraient de cette analyse.

    La chanson dont il est question ici est à situer dans le contexte de l’époque à laquelle elle a été créée. La plupart des chansons composées à cette époque, que ce soit sous Micombero ou sous Bagaza, étaient des louanges destinées au régime en place. Toute personne (artiste ou pas) qui osait critiquer le régime disparaissait sans laisser de trace… ni vu, ni connu! Je mets au défi n’importe qui ici de nous citer une seule oeuvre artistique qui critiquait l’un des deux régimes précités.

    On ne peut pas demander à la CVR de perdre son temps à interpréter des intentions contenues dans des chansons. Cela, c’est le travail des chroniqueurs et critiques artistiques… Mais nous avons aussi des politiciens décidés à utiliser leur savoir pour créer des théories alambiquées pour démontrer des vérités alternatives. C’est dommageable et malsain!

    Accepter les faits, tels qu’ils ont été, sera une étape essentielle vers la réconciliation. Pourquoi ne pas commencer par cela?

    • Frederic Nzeyimana

      SVP Iwacu, veuillez passez le commentaire suivant:
      _________________________________________________

      JUSTE POUR RAPPELER UNE ETHNIE QUE VOUS AVEZ OUBLIÉE : LES BAHIMA
      Ça existe des Bahima au Burundi. Et ce sont eux qui ont remplace la monarchie au pouvoir depuis 1966. Toutes les exactions que vous attribuez indistinctement aux Bahutu, Batutsi, Batwa et Baganwa, ont été commises sous la dynastie des Bahima. Micombero c;était un Hima. Jean Baptiste Bagaza . Aussi un Hima. Ainsi que Pierre Buyoya. Pour te rafraîchir la mémoire. Je vais t’en donner d’autres noms de Bahima. Simbananiye Arthemoni qui a fait assaissiner le père de Kaburahe Antoine du journal iwacu. Jérôme Sinduhije qui a assassiné le dernier roi Ntare V Charles Ndizeye. Bizimana Septime, Gouverneur de Gitega en 1972. Qui nourrissait ses chiens. Avec de la chaire de Hutus. Damas Nyambere. Administrateur de Rumonge en 1972. Alias Ntambwe y’ikimwenya. Joseph Bizoza a Ngozi. Rukere a Karuzi. Ntahonsigaye a Cibitoke. Rusuku a Mwaro. Qui achevait avec un marteau . Des corps de Hutu encore en vie dans les fosses communes. sans oublier Antoine Nyawakira . qui a enseveli a Vugizo tous les descendants du clan des Baranda.
      Les Bahima exisent bel et bien. Et ils savent très bien tuer . Votre reconciliation des hutus et des tutsis, et des twas, et des ganwa, comment comptez-vous la faire sans les Bahima? Comment ?
      LES BAHIMA SELON LE LILVRE DE BARANYANKA CHARLES
      Le livre de MZEE BARANYANKA Charles – Le Burundi, Face à la Croix et à la Bannière –, s’appuyant sur les récits racontés par son père Feu BARANYANKA Peter nous les présente comme suit.
      « Chez les BARUNDI, les HIMA sont des Communautés du – DESORDRE- en opposition à ceux de l’ORDRE, lié au MWAMI Y’ABANTU (KIRANGA / RYANGOMBE), de qui descende -en TITRE- tous les BAMI BARUNDI, car KIRANGA/RYANGOMBE est le représentant d’IMANA (CHEF DE L’UNIVERS). Descendants de la SOEUR D’IMANA, soit le DESORDRE, l’INJUSTICE, le CHAOS, les HIMAS sont ANTI-MWAMI par essence. La société BARUNDI leur INTERDIT – la GUIDANCE -. Chez les BARUNDI, les HIMAS ne peuvent pas être TUTSI (GESTIONNAIRE JUSTE D’UNE POLITIQUE BARUNDI), ni MWAMI (CHEF COMMUNAUTAIRE CHEZ LES BARUNDI). Outrepasser cet INTERDIT, rompt l’HARMONIE DES COMMUNAUTES BARUNDI ou L’EQUILIBRE SOCIALE DES BARUNDI conduisant à un GRAND MALHEUR (GENOCIDE, MASSACRES A GRAND ECHELLE, SOCIETE INJUSTE, ETAT CHAOTIQUE etc.) »

      Monsieur

      Vous écrivez sciemment des mensonges. Je vous réponds pour celui qui me concerne directement. Vous dites que « Simbananiye Arthemoni a fait assassiner le père de Kaburahe Antoine du journal iwacu. »
      C’est FAUX.
      Mon père, Damien Kaburahe, est mort dans un accident de voiture dans un tournant à la sortie de la ville de Muramvya en juillet 1971.
      Antoine Kaburahe

    • Gacece

      @Frederic Nzeyimana
      Êtes-vous en train d’affirmer que Bahima est une ethnie et non un clan? À moins d’une preuve du contraire, j’ai grandi en entendant que Bahima sont un clan tutsi, comme les Bashubi qui sont des hutus.

      Votre logique voudrait dire que si les Bahima sont une ethnie, il faudrait qu’il y ait des clans qui en font partie. Donnez-nous des exemples au lieu d’affirmer des vérités qui vous arrangent.

      Je ne demande qu’à apprendre et je ne pense pas être le seul. Instruisez-nous s’il vous plaît!

  2. SAKUBU

    Rien ne m’étonne de ne pas avoir publié mon commentaire en premier lieu et envoyé hier à 20H à deux reprises!
    Parfois le système bloque automatiquement certains messages à cause de certains mots clés
    Note du modérateur
    Voulez-vous l’envoyer par mail à
    [email protected]

    merci

    • SAKUBU

      Monsieur le modérateur, je n’enverrai rien au vu de vos messages échappatoires diversifiés (hier quand j’ai réagi à la non publication de mon commentaire,vous affichiez que mon message était en train de subir une sorte d’évaluation) que vous publiez à l’endroit de mes commentaires parce que je ne suis pas en train de chercher une quelconque notoriété auprès de votre médium. Je viens de déduire que le mot « SAKUBU » fait partie de vos « mots clés » pour bloquer « certains messages »

      Le mot « sakubu » n’est pas bloqué. La preuve. Je vous ai dit que votre message n’est pas parvenu au forum. Je vous ai proposé de l’envoyer directement par mail,
      vous ne voulez pas. C’est votre droit
      Le modérateur

  3. Jereve

    J’écoute le muduri de Nkeshimana avec les oreilles d’un littéraire (et non un historien) exactement comme je le fais quand je lis les fables de la Fontaine. Ils nous viennent du passé pour nous donner des leçons sur le présent. Aujourd’hui Nkeshimana nous dit que l’accès au pouvoir est une course effrénée et sans pitié qui laisse beaucoup de cadavres sur son chemin. Celui qui a le pouvoir veut y rester à tout prix, celui qui ne l’a pas veut y accéder à tout prix. A tout prix signifie guerres, meurtres, zizanies, règlements de compte, génocides… Et la leçon que Nkeshimana donne est toujours d’actualité: il est impossible de casser ces cycles de violence si on apprend pas à écouter et dialoguer.

  4. Magara

    Je ne suis pas historien mais je me demande si le chercheur n’effectue pas une confusion chronologique entre les faits et les époques. En effet, la crise de 1972 intervenant 6 ans après le renversement et l’abolition de la monarchie (donc historiquement à une époque ou il n’était plus question de princes et de chefs se partageant un quelconque territoire), je me surprends à me demander simplement si les princes dont Nkeshimana egrene les noms et qui tentent de se partager le Buyogoma et le Kumoso à un moment donné ne le font pas à la faveur de l’affaiblissement du pouvoir monarchque central que l’on peut situer à deux moments clés de l’histoire burundaise au moins: lorsque le vieux roi Mwezi Gisabo fatigué, et acculé, est contraint par les Allemands à signer le traité de Kiganda en 1903 ou alors, lors de la régence des princes Karabona, Nduwumwe, Bishinga et consorts, au cours des années du règne du roi Mutaga 3 Mbikije. Dans ce cas, il est inconcevable que les faits relatés dans la chanson puissent avoir eu lieu au cours de la crise de 1972. Une seule explication est alors envisageable: le griot Rupande compose sa chanson pour caresser le président (beaucoup plus Micombero que Bagaza par ailleurs puisque ce dernier n’est pas notoirement connu comme un acteur-clé de la tragédie de 1972) dans le sens du poil en expliquant que ceux qui se sont rebellés contre l’autorité du président ont amplement mérité leur sort, au même titre que les princes et chefs rébelles qui se sont dressés contre l’autorité monarchique dans le passé (d’où d’ailleurs la phrase célèbre du prince Nduwumwe: Ubwo Burundi mutabagura, umusurusuru wo kubwunga uzobagora: ce pays le Burundi que vous dépecez, le liant pour reconstituer son unité vous sera difficile à trouver). Traduction en un langage clair du propos du griot à l’endroit du dictateur de l’époque, Michel Micombero: en tout temps, la rébellion, le refus de l’autorité conduit à une impasse et ultimément à la mort hier comme aujourd’hui. (kutabarirwa ngo wumve nikwo kwishe abamenja).

  5. Kagayo

    Pauvre « chercheur », j’espère qu’il ne nous sortira pas une thèse sur la chanson dans le sens de l’article. Le chanteur s’adresse avant tout au président, au prince , au conquérant, à l’envahisseur, qui sombre dans la dérive avec des ambitions démesurées, une dérive qui l’amène vers sa propre perdition car il n’écoute ni les dieux ni les devins. La destitution du gouvernement par Micombero afin de commettre l’irréparable, pourrait se comprendre dans le sens d’écarter tous les obstscles á ses ambitions. Cela expliquerait d’ailleurs l’assassinat du prince Ndizeye, devenu, selon ses détracteurs, « umumenja » alors que
    son bourreau serait « umumenja » aussi aux yeux des monarchistes. D’ailleurs, Nkeshimana ne parle pas que des Burundais dans sa chanson. Le chercheur devrait encore cherchet davantage.
    Cordialement

  6. Nkebukiye

    None mwe mwize maremare kugira twogoroke, mubona ibintu bikurubikuru bikwiye gushikwako kugira tuve muri izo ngorane zatwinjiyemwo ari ibihe ?
    Ego turazi akahise, none uno munsi twotegura kazoza gute ? Ivyo ja mu ngiro nibihe kukigira ntitugume dusubira inyuma ?

    • Bavugirije

      Nous n’avons rien compris à la loi d’amour que nous a laissée le Seigneur Jésus-Christ. Les valeurs du Christ sont à l’antipode des valeurs prônées par le monde notamment la soif de pouvoir et des richesses matérielles que nous laisserons ici-bas en mourant, l’égoisme, la cupidité, l’orgueil, la vanité, l’estime de soi, etc. Comme soultion, il me paraît fondamental de réintroduire dès l’école primaire l’apprentissage de la science par excellence à savoir la science du salut. Nous oublions trop souvent que toutes les sciences de ce monde aussi sophistiquées soient-elles ont une fin. Tout passe dans ce bas monde. A quoi bon être un superastronaute par exemple si à la fin de sa vie terrestre (80-100 ans), on ignore le chemin qui conduit à la vie éternelle? L’homme est constitué d’un corps et d’une âme et celle-ci est immortelle que l’on doive finir sa vie au paradis ou en enfer.

      • Yani

        @Bavugirije
        Ne versons pas dans le prosélitisme et ayons à l’esprit qu’il existe plein d’autres personnes qui croient autrement que nous. Rappelez-vous qu’il existe, à côté du christianisme, l’hindouisme, l’islam, le bouddhisme, etc, et qui sont pratiqués par des milliards de personnes.

  7. Nshimirimana

    Cher Gerard,
    D’abord mes salutations .
    J’apprécie, Cher Gérard, tes écrits et/ou opinions que le groupe Iwacu nous partage au quotidien. De mon petit passage à la faculté de Géo-histoire à l’université de Bujumbura, j’ai été marqué par l’enseignement du prof Gaetan Fertz sur la critique historique. Ton opinion m’interpelle et j’y réagis en rapport de ce que je garde de cet enseignement.
    Aux propos de ce brave compositeur Nkeshimana, on peut tout dire et tout interpréter. Par « Ukutabwirwa nikwo kwishe abamenja » qu’avait-il voulu dire ? Umumenja fut ce qualificatif, ce slogan pour nommer les femmes et hommes à abattre. Umumenja, celui qui a commis un régicide, c’est cet homme et cette femme qui a attenté à la vie du roi et le roi , pour ce qui en restait était Ntare, lâchement assassiné par l’armée burundaise. Ce sont ceux-là qu’il faut qualifier d’Abamenja. « Ukutabwirwa nikwo kwishe abamenja » ne peut que s’appliquer à ceux-là.
    Au lendemain de cette fameuse nuit de cristal « à la burundaise » du 29 avril 1972, le vocable umumenja est sortie des tiroirs de certains laboratoires du mal pour qualifier les hommes et femmes à abattre. Nkeshimana, ce paysan du fin fond de Ruyigi, était-il suffisamment éclairé pour porter un regard critique sur le drame en cour au-delà? J’imagine qu’il s’est inscrit dans la reproduction du discours idéologique en cour et de manière naïve, dans le schéma : diabolisation-deshumanisation- tueries de masse des diabolisés : ces abamenja, inyankaburundi, mujeri, mulele au Burundi, inyenzi au Rwanda etc… C’est ça le processus dans la commission du génocide. Et le génocide, cher Gerard, est un crime commis par un état contrairement aux autres crimes dont le qualificatif doit être autre que le crime commis par un état. Le propos du président Ntibantunganya s’inscrit dans cette lecture des faits de notre histoire.
    Ce pauvre Nkeshimana n’avait pas aucun intérêt à mentir. On ne ment pas sur une histoire dont on n’a pas la maitrise ! Son propos ne peut que s’inscrire dans ce que Kaburahe intitule l’inconscience de l’innocent. Cette inconscience a emporté des vies, cette inconscience a légitimé l’illégitime, cette inconscience nous pousse à produire des lectures erronées de notre histoire etc…Dans un Burundi de 1972, comment comprendre qu’une attaque sur des populations tutsi innocentes de Rumonge soit suivi par des arrestations .
    Loin des analyses académiques, cherchons plutôt à nommer le plus simplement du monde les faits : 60 fausses communes est loin de ce propos de Nkeshimana et de l’interprétations que lôn peut en faire.
    Pour conclure mon propos, ne banalisons pas le mal à travers des considérations intellectuelles !
    Porte-toi bien cher Gerad

    • Jules

      Vous avez écrit  » Et le génocide, cher Gerard, est un crime commis par un état contrairement aux autres crimes dont le qualificatif doit être autre que le crime commis par un état »
      D’où tirez-vous cette definition Monsieur Nshimirimana ,en ce qui est de la qualification du génocide,que c’est seulement l’etat qui peut être le seul coupable d’un tel crime.

      Dans ce cas,expliquez nous en quoi les différentes juridictions internationales reconnues par l’ONU se sont trompées en désignant comme des génocides, les massacres des hazzaras par les terroristes talibans et le massacre des Yezidis par le groupe terroriste état islamique,quelques exemples parmi tant d’autres, de génocides commis par des mouvements rebelles et terroristes qui n’ont rien à voir en commun avec les caractéristiques d’un état,si l’on se réfère à votre définition personnelle de ce qu’est un génocide.

      Monsieur Nshimirimana,lorsque ces rebelles hutus ont attaqué le Burundi en Avril 1972 et qu’ils se sont adonnés au massacres de simples et paisibles citoyens tutsis.
      Dis-moi sincèrement Monsieur Nshimirimana pour quelle autre raison valable ces rebelles ont-ils tué et massacrés ces tutsis ;si ce n’est pour le simple fait qu’ils étaient tutsis?

      Arretez de jouer sur le sens des mots dont vous ne semblez pas assez mesurer la portée juridique; Monsieur Nshimirimana,et de développer des définitions et interprétations douteuses et inexistantes de certains mots comme le génocide et crimes contre l’humanité;non reconnues par les juridictions nationales et internationales, si non vous pourriez vous aussi vous retrouvez dans le même rang de ceux que vous accusiez de négationnisme dans le billet d’opinion de Monsieur Antoine Kaburahe.

      • Yani

        @Jules
        « Monsieur Nshimirimana,lorsque ces rebelles hutus ont attaqué le Burundi en Avril 1972 et qu’ils se sont adonnés au massacres de simples et paisibles citoyens tutsis. »

        Ca c’était la propagande du régime de l’époque.
        Donnez-nous un nom d’un seul rebelle de l’organisation.
        Et puis pourquoi ne voit-on des orphelins de 1972 que d’un seul côté?

        • Chris

          Voilà le mal Burundais, on ne voit que ce que l’on veut voir. Il y a bien des orphélins tutsi des 1972 comme il y a d’orphélins hutus de 1972. Le déni des blessures et souffrances des autres, ne voir de victimes que de son côté… voilà certains de maux qui gangrènent le pays de Ntare!

          • Yani

            @Chris
            « Le déni des blessures et souffrances des autres, ne voir de victimes que de son côté… voilà certains de maux qui gangrènent le pays de Ntare! »

            Cela est un fait, et je trouve que ça reste valable pour vous-même en me référant sur les quelques articles que vous avez publiés sur ce site. L’empathie est une vertu rare dans le pays de Ntare, comme vous dites. Si non nous n’en serions pas là où nous en sommes (des centaines de milliers de tués depuis l’indépendance).

        • Jules

          « Ca c’était la propagande du régime de l’époque.
          Donnez-nous un nom d’un seul rebelle de l’organisation.
          Et puis pourquoi ne voit-on des orphelins de 1972 que d’un seul côté? »

          Voilà,c’est ce que j’appelerais du négationnisme, à l’état pur.

          Donc selon vous les différents enquêtes et rapports de la CVR Burundaise,qui attestent du massacre des tutsis en 1972,ne sont que des mensonges et manipulations.
          Alors Monsieur Yani ,si vous avez mieux donnez-nous les résultats de vos contre-enquêtes qui désapprouvent ces rapports de la CVR,en ce qui concerne la confirmation qu’en 1972 il y a eu des massacres de tutsis de tout âge et de tout genre.

          Pource qui est des noms des rebelles ,on pourrait citer le nom Celius Mpasha,comme l’un des dirigeants de ces rebelles hutus responsables de ces massacres.

          • Yani

            @Jules
            Toute opinion contraire à la vôtre est négationnisme? Ne pourrait-on pas considérer cela comme un déficit d’argument?

  8. Jisho

    Merçi monsieur Gérard,
    Vous avez circonscrit le problème

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