Ce lundi 31 mai 2021, une page a été tournée : le Bureau de l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies pour le Burundi a fermé officiellement ses portes. Le Burundi sera, désormais, couvert par le Bureau de l’Envoyé spécial pour la région des Grands Lacs.
D’après le secrétaire permanent du ministère en charge des Affaires Etrangères et de la Coopération au Développement, Isidore Ntirampeba, le Burundi a demandé la fermeture du Bureau de l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies (NU) car la présence des NU à caractère exclusivement politique n’était plus pertinente. « Seule la présence des Nations Unies à caractère socio-économique à travers l’Equipe pays pour accompagner le Burundi dans ses efforts de développement socio-économique est nécessaire».
En décembre dernier, le Conseil de sécurité a demandé au Secrétaire général des Nations unies de cesser ses rapports périodiques sur le Burundi.
Désormais, le Burundi devrait être couvert par le Bureau de l’Envoyé spécial pour la région des Grands Lacs en collaboration avec le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA).
« Il est important de noter que le gouvernement du Burundi bénéficie déjà du soutien des Nations unies à travers son Equipe – pays avec qui d’excellentes relations de travail ont déjà été établies notamment dans le cadre de leur soutien au Programme National de Développement Burundi 2018-2027. »
Le bureau ferme mais l’ONU reste omniprésente
D’après M. Ntirampeba, les enjeux et orientations stratégiques de cette coopération sont, entre autres, une croissance soutenue et inclusive pour une résilience économique et un développement durable.
En plus, il y a la gouvernance axée sur la sauvegarde de la souveraineté nationale, la sécurité et les mécanismes de mobilisation des ressources et la capitalisation de la coopération, la recherche du financement innovant. « Cette fermeture n’est pas la fin des relations avec les Nations unies ».
Selon l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la région des Grands Lacs, Huang Xia, les défis persistent encore malgré cette fermeture. « Nous savons tous que la consolidation de la paix, le développement et la réconciliation sont des entreprises de longue haleine qui exigent de la patience et de la persévérance. » Le Bureau tire sa révérence, fait savoir Huang Xia, mais la grande famille des Nations unies reste belle et bien présente.
Les cérémonies ont vu l’abaissement du drapeau des Nations unies qui a été remis à la coordinatrice du système des Nations unies. La liquidation totale s’achèvera à la fin du mois de juin 2021.
Rappelons que de par son mandat, le Bureau devrait travailler avec le gouvernement burundais et les autres parties prenantes concernées ainsi qu’avec les autres partenaires sous-régionaux, régionaux et internationaux, pour soutenir un dialogue inter-Burundais inclusif ainsi que les efforts nationaux visant à instaurer une paix durable.
En plus, il devrait collaborer avec toutes les parties prenantes, y compris le gouvernement, l’opposition, les partis politiques, la société civile, les chefs religieux, à la mise en place de mesures de confiance afin d’améliorer la situation des droits de l’Homme et de la sécurité et de créer un environnement propice au dialogue politique. Pour certains observateurs de la politique burundaise, c’est un échec pour plusieurs raisons.
Il est vrai que le climat de paix s’améliore de mieux en mieux, mais est-ce une raison de « demander » de plier bagage aux organisations qui aident en matière de préservation de la paix? Je me pose cette question pour deux raisons: 1) La paix est une notion dynamique (contraire de statique), elle peut être totale aujourd’hui, et être perturbée demain: l’histoire du Burundi nous a bien habitués à ce genre d’aléas. Décider comme si nous avons atteint le nirvana de la paix, me semble précipité. 2) Je peux être critiqué pour cela, mais je considère que ces organisations internationales sont aussi des acteurs économiques intéressants. Ce sont des fonctionnaires nationaux et internationaux qui apportent une plus-value dans leur consommation quotidienne, qui louent des maisons à des tarifs au-dessus de la moyenne, qui engagent un certain nombre de burundais… Bref, l’économie nationale en profite largement. Certains états ont bien compris cela et se battent pour attirer ou garder cette manne sur leur territoire. C’est une raison pour ne pas les pousser vers la sortie; mais si elles décident de partir d’elles-mêmes car se sentant désœuvrées, on ne peut que respecter leur décision. Ces sont là des opinions terre-à-terre, peut-être qu’en matière de diplomatie (je ne maîtrise rien en ce domaine), ces considérations ne sont pas importantes.
Cher Ami,
Juste une précision qui se trouve au premier paragraphe. Ce n’est pas le bureau Spécial qui a décidé de plier bagage. C’est le Burundi qui a demandé la fermeture du Bureau de l’Envoyé Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies.