A l’issue de la présentation du rapport de la Commission d’enquête onusienne des droits de l’Homme sur le Burundi ce lundi 09 mars, plusieurs pays membres du Conseil des droits de l’Homme se disent inquiets. Ils parlent d’un climat d’insécurité à l’approche des élections.
La Commission souligne le décalage entre les discours de la haute hiérarchie du pays et la réalité qu’elle observe sur terrain. « Malgré les déclarations officielles des autorités burundaises selon lesquelles la paix et la sécurité règnent au Burundi, plusieurs incidents graves récents attestent du caractère volatile de la situation, ce dont témoignent les nombreux cas d’affrontements armés dans le pays ».
La Commission présidée par Doudou Diène fait ensuite le constat d’une ’’situation économique dégradée’’ et dénonce le rançonnement de la population par les jeunesses du parti Cndd-Fdd et les autorités locales ’’en vue de soutenir le parti au pouvoir’’.
La CVR est également passée à la moulinette de la Commission d’enquête des droits de l’Homme sur le Burundi. « La Commission Vérité et Réconciliation ne semble s’intéresser qu’aux seules victimes de 1972, majoritairement de l’ethnie hutu, ce qui n’est pas anodin à quelques mois d’importantes échéances électorales, toute critique envers le gouvernement du Burundi étant assimilée à un soutien aux auteurs des massacres de 1972 ».
Et de rappeler « la réduction de l’espace accordé à la société et aux médias libres, diversifiés et indépendants au Burundi » et « la censure des médias à qui, il a été imposé sans concertation préalable, un ’’Code de conduite des médias et des journalistes durant la période électorale de 2020’’ ».
Plusieurs membres du Conseil des droits de l’Homme saluent le retrait du président Pierre Nkurunziza mais s’inquiètent d’un « climat « d’insécurité qui entoure la période électorale » et appellent à « la libération des prisonniers politiques et des journalistes » et à l’ouverture d’un espace démocratique.
Gitega contre-attaque
L’ambassadeur du Burundi aux Nations Unies, Rénovat Tabu, accuse la Commission de « produire des rapports mensongers et diffamatoires depuis sa création en 2016 » et condamne « une lecture négative et politicienne de la Commission » sur la situation au Burundi.
Le représentant du gouvernement burundais auprès de l’ONU parle d’un espace politique « libre et apaisé » avec le dépôt de dix dossiers de candidature à la présidentielle et appelle « les pays hôtes à faciliter le retour volontaire des Burundais exilés, au lieu de les prendre en otage sous quelque prétexte que ce soit ».
Enfin, l’ambassadeur Tabu a demandé au Conseil « d’accepter la lecture positive des Nations Unies de la situation plutôt que de se laisser aveugler par une Commission récupérée et instrumentalisée par des lobbies géopolitiques sous le couvert de la protection des droits de l’Homme. »