L’ACAT enregistre 115 cas, l’APRODH 161 cas dans tout le pays et 42 cas par la Ligue Iteka dans dix provinces. Ces organisations de lutte pour les droits de l’Homme l’annoncent, ce mercredi 20 juin, lors d’un atelier de sensibilisation des commissaires provinciaux de la police, des cadres du Service National de Renseignements (SNR) et des magistrats sur la problématique de la torture au Burundi.
D’après les chiffres de l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la torture (ACAT), quatre provinces viennent en tête de ce triste classement. Il s’agit de Bujumbura-Mairie (16), Bujumbura-Rural (14), Ngozi (14) et Kayanza avec 10 cas.
D’après Ernest Nkurunziza de la Ligue Iteka, ces provinces se classent en avant pour différentes raisons même si les chiffres ne sont pas exhaustifs. Dans ces coins, dit-il, l’activité des associations des droits de l’homme est très intense. D’où, précise-t-il, beaucoup de dénonciations.
Il souligne, par exemple, que Bujumbura-Rural est une zone qui a longtemps connue l’insécurité. Donc des exactions de ce genre étaient monnaie courante.
Les quatre dernières provinces où ces rapports signalent moins de cas de tortures sont Cankuzo avec trois cas, Rutana, Muyinga, Ruyigi et Makamba qui enregistrent toutes quatre cas et enfin Mwaro avec deux personnes torturées.
Cela est peut-être lié, selon Ernest Nkurunziza, à l’éloignement et la faible activité des associations des droits de l’homme, à la peur de la dénonciation ou intimidations,…
Il signale que les tortionnaires sont surtout les agents de l’administration et des policiers. Par exemple, précise-t-il, parmi les 161 cas relevés par l’APRODH, les policiers sont responsables de 125 cas de tortures qui se commettent souvent au moment de l’arrestation. Cependant, M. Nkurunziza reconnait que, par rapport à la période de guerre, les cas de torture ont régressé.
Mais il reste beaucoup à faire
Procédant à l’ouverture de cet atelier, Jean Luc Marx, représentant du Haut Commissaire aux Droits de l’Homme au Burundi et Chef de la Section Droits de l’Homme et Justice du BNUB, a remercié le Burundi d’avoir ratifié les principaux instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’Homme.
Il fait allusion au Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Aussi à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements inhumains ou dégradants.
Sur le plan normatif, Jean Luc Marx signale que le Burundi a franchi un pas important dans la lutte contre l’impunité de crimes graves et odieux. Cela, mentionne-t-il, avec la promulgation le 22 avril 2009, du nouveau code pénal qui a comblé le vide juridique en matière de répression de la torture.
Malgré ces progrès, « le pari est aujourd’hui de les mettre en œuvre », interpelle-t-il. Il déplore ensuite le fait que le Burundi n’ait pas encore ratifié le Protocole facultatif à la Convention contre la torture.
D’après lui, ce Protocole a pour objectif principal, d’établir un système de visites régulières des organismes internationaux et nationaux indépendants, dans des lieux où se trouvent des personnes privées de liberté. Ceci pour prévenir la torture et autres peines ou traitements inhumains ou dégradants.
Selon Jean Luc Marx, la torture se pratique généralement dans des lieux de détention (cachots de police), loin des regards du public. En effet, explique-t-il, elle constitue un acte odieux, abominable, intolérable qui révolte la conscience humaine. « Chacun a une part de responsabilité dans la lutte contre la torture », rappelle-t-il.
Cette activité entre dans le cadre de la préparation de la commémoration de la journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture, célébrée le 26 juin de chaque année.
Aucun commissaire provincial n’a participé dans cet atelier alors qu’ils étaient invités. Ils seraient, selon une source lors de l’atelier, en train de préparer le défilé pour la fête du cinquantenaire de l’Indépendance du Burundi.