Depuis septembre dernier, la viande de chèvre n’est plus consommée dans la commune de Giharo. Une maladie virale est incriminée : plus de trois cent chèvres ont déjà été abattues. Les responsables sanitaires expliquent que c’est la seule solution.
<doc1714|left>Au chef-lieu de la commune Giharo, les rues grouillent de monde, comme d’habitude, aux heures du soir. Les bureaux administratifs ferment un à un et certains cadres se dirigent vers les bars de la place. Mais ils n’y trouveront la brochette de chèvre dont ils raffolent tant. Ils sont obligés de se rabattre sur la vache. La maladie virale est sur toutes les lèvres. Et pour cause.
La Direction provinciale d’agriculture et de l’élevage(DPAE) à Rutana a interdit la consommation des viandes de chèvre et de mouton pour cause de maladie virale. Selon Hérménegilde Butunagu, chef du service élevage à la DPAE, cette interdiction concerne surtout les habitants des communes frontalières de la Tanzanie. Et c’est de ce dernier pays qu’est venue la maladie. « Cette maladie peut se transmettre à l’homme s’il consomme la viande contaminée », insiste-t-il.
En attendant le traitement
Le même constat s’observe au marché de Giharo. Toutes sortes de marchandises y sont étalées. Mais dans le quartier normalement réservé à de la viande, seules quelques tables sont visibles : les bouchers n’ont que du bœuf. La chèvre et le mouton ont disparu depuis quelque temps. « C’est la situation qui prévaut depuis l’apparition de cette malade », indique un boucher.
Certains habitants affirment que cette maladie est apparue avec des boucs venus de Tanzanie et distribués à la population par l’ONG JRS. Cette version est confirmée par Hérménegilde Butunagu selon qui la malade attaque les caprins et se manifeste par le suintement nasal et d’autres symptômes. Le chef du service élevage de la DPAE Rutana parle d’une infection virale ne se traite pas : « Même cette ONG a essayé de la traiter par des antibiotiques mais ça n’a pas réussi. » Ainsi, ajoute-t-il, la DPAE a recommandé l’élimination systématique de toutes chèvres et moutons contaminés pour protéger ceux qui sont encore sains. En tout, indique-t-il, 325 chèvres ont été brûlées et enterrées.
<doc1715|right>« Nous perdons des clients »
Selon l’administrateur de la commune Giharo, Gilbert Nyandwi, l’ordre a été donné pour que l’abattage des caprins malades soit surveillé. Car si on ne brûlait pas les bêtes abattues, certains habitants pourraient être tentés d’en manger. Nous avons collaboré avec les responsables sanitaires provinciaux pour éradiquer cette maladie. Selon lui, des réunions de sensibilisation sont organisées à l’intention de la population. Il est question de conseiller de ne pas consommer n’importe quelle viande. « Même les éleveurs ont été priés de ne pas ramener de chèvres venues de la Tanzanie tant que cette maladie ne sera pas neutralisée », confie l’administrateur communal de Giharo. Ainsi, il espère que ces mesures seront efficaces et que d’ici quelques semaines, le situation sera redevenue normale.
C’est aussi le souhait de C.N, un cabaretier de Giharo qui ne cache pas sa colère. Il affirme que l’ordre des responsables sanitaires et administratives de ne pas vendre de la viande de chèvre lui fait perdre de l’argent. Car certains clients vont au bistrot en quête de brochette : « La plupart de mes clients consomment la brochette de chèvre mais malheureusement je ne peux plus la leur servir à cause de l’injonction de l’administration.» Pour lui, l’autorité sanitaire doit tout faire pour éradiquer cette maladie rapidement pour que les choses redeviennent comme avant.
Gilbert Nyandwi : « Les éleveurs ont été priés de ne pas ramener de chèvres venues de la Tanzanie tant que cette maladie ne sera pas neutralisée. »